"Où est passé le pouvoir central ? Où est passé le pouvoir judiciaire ?" Des milices et des bandes armées sans être inquiétées règlent sommairement des comptes selon des critères on ne peut plus ethnicides - Yakoma en particulier, pourtant composante de la population et de la culture de la nation centrafricaine - quand bien même des éléments acceptent la collaboration, ils sont vite rattrapés et disparaissent corps et biens. La République Centrafricaine se retrouve maintenant face à elle-même. La gâchette facile et la mise à l'écart d'une partie des couches de la population des affaires de la République ne règlent rien.
Il faudra repanser les blessures, calmer les pleurs, les âmes meurtries, retrouver la dignité, la cohésion nationale, la citoyenneté perdues. Les conséquences des ambitions mal placées imposent la recherche des solutions viables, l'assurance de sécurité de chaque individu sur toute l'étendue du territoire.
Les cortèges macabres qui traversent les quartiers toucheront sans aucun doute tout le monde, même caché dans une tour apparemment inviolable en Centrafrique ou à l'étranger. La haine n'a pas de limite. Alors, il est temps d'arrêter de l'attiser continuellement. Il est temps de dissoudre toutes milices chargées des opérations dignes d'un western. Chacun maillon qui dérape provoque irrémédiablement l'arrêt fatal de la chaîne. La nation centrafricaine est une. Boganda, Dacko et Bokassa (à ses débuts) l'avaient compris : "Zo Kwe Zo", disaient-ils.
Les Centrafricains n'acceptent plus vivre sous mandat des Nations Unies. Il revient aux Centrafricains de régler leurs problèmes, dans la transparence et avec respects de ses propres lois et du droit international établi.
(9 juin 2001)
La situation en Centrafrique au menu des journaux congolais
Les journaux congolais parus cette semaine à Brazzaville se sont penchés encore de la situation en République Centrafricaine (RCA), marquée par l'échec d'un coup d'Etat sanglant dont la paternité a été revendiquée par l'ancien président, André Kolingba.
L'hebdomadaire catholique La Semaine Africaine écrit que ""le ratissage est toujours la porte ouverte aux exactions, aux pillages, aux viols, aux tueries et autres destructions des habitations"".
""C'est tout comme si par pillage, on donne une carte blanche aux hommes en armes d'agir selon leurs humeurs et instincts"", ajoute l'hebdomadaire catholique, affirmant que ""le ratissage n'atteint pas ses objectifs malgré ses lourdes conséquences, et avec les pertes en vie humaine qui le caractérisent, on finit par se trouver dans une situation qui s'enlise"".
Et journal catholique de souligner qu'""après le Congo- Brazzaville, qui tente aujourd'hui de gagner la paix, la RCA est sur le point de s'ajouter sur la liste des pays en guerre, si ce n'est déjà fait"".
Selon La Nouvelle République, hebdomadaire gouvernemental, la population civile subit les affres de ces soubresauts sanglants sur fond d'affrontements ethniques entre les deux camps.
L'Observateur, proche de l'opposition, renchérit en écrivant qu'""un crime de génocide connaissant déjà des dérapages se dessine à Bangui"". Le journal ajoute que ""les cadavres sont les victimes d'une opération de règlement de comptes qui risque d'emporter indirectement même les partisans de Patassé"".
Pour L'Observateur, ""la RCA ressemble, à quelques exceptions près, à la République démocratique du Congo (RDC), devenue le centre de divergences d'intérêts des grandes puissances sous-régionales et internationales"".
Les Echos, hebdomadaire proche du pouvoir, souligne de son côté, que ""le général André Kolingba, en prenant la paternité du coup d'Etat manqué, porte la responsabilité du malheur d'une ethnie dont il est issu, les Yakoma"".
""Avec quatre mutineries à son actif, Kolingba est en passe de devenir un putschiste professionnel, mais il se révèle un piètre officier général"", écrit encore l'hebdomadaire.
S'agissant de la mise à prix de la tête de Kolingba 25 millions de F CFA, Les Echos affirme qu'""un général même, devenu soldat de deuxième classe, ne s'attrape pas aussi facilement qu'un poulet"".
""Incapable d'assurer la régularité des salaires de ses fonctionnaires, il (le président Patassé) a mis à prix pour 25 millions de F CFA la tête de son ennemi juré"", fait remarquer La Semaine Africaine
Après le putsch avorté, le chaos
Les coalitions entre pays africains, la haine interethnique et les armées de mercenaires, ingrédients essentiels de la guerre qui ronge la République démocratique du Congo, frappent maintenant son voisin centrafricain.