Des basketteurs centrafricains se "volatilisent" à Paris
(AFP, Paris, 22 août 2001 - 15h03)
- La "volatilisation" lundi à Paris de neuf joueurs de l'équipe centrafricaine de basket-ball pour tenter leur chance dans des clubs français illustre un phénomène qui prend de l'ampleur en raison des salaires offerts en Occident à des sportifs qui, chez eux, végètent dans la pauvreté."Ce sont des athlètes comme tous les autres, a expliqué mercredi le président de la Fédération centrafricaine, Gaston Gambort, sur Radio France Internationale (RFI). Ils avaient des contacts sur Paris et dans la région parisienne. Ils sont restés. Je crois que ceux qui auront la chance d'être retenus par des clubs français tenteront leur chance", .
Les basketteurs ont disparu lundi pendant leur transit à Paris. Ils rentraient du Maroc où ils ont terminé neuvièmes des douze équipes ayant participé à la Coupe d'Afrique des nations 2001, leur plus mauvais classement dans une compétition qu'ils ont remportée deux fois, en 1974 et 1987.
Compréhensif, M. Gambort estime même que "ce sera à l'honneur de la République centrafricaine (RCA) d'avoir des joueurs à l'extérieur qui pourront évoluer dans des conditions de haute compétition. Au moment venu, le pays pourra les solliciter".
M. Gambort rejette cependant toute connivence avec les joueurs et explique qu'il se trouve encore à Paris car il doit aller "ensuite aux Etats-Unis pour une autre mission". Selon une source sportive à Bangui, l'entraîneur national et son adjoint ont également fait défection.
"Evasions" :
Aucun responsable de l'ambassade centrafricaine à Paris n'était disponible mercredi matin pour commenter à l'AFP ces défections. Le Quai d'Orsay a indiqué qu'il allait "s'informer".
"Les joueurs engagent leur responsabilité individuelle. Je ne vois aucune complicité en ce qui me concerne", a poursuivi M. Gambort avant de souhaiter que "la hiérarchie, à tous les niveaux", puisse "faire la part des choses".
Car "la hiérarchie", notamment le chef de l'Etat Ange-Félix Patassé, ne semble pas satisfaite des très mauvais résultats d'une équipe nationale habituée à jouer les premiers rôles.
Au lendemain des deux premières défaites, contre l'Angola et le Sénégal, le président Patassé avait adressé un message aux joueurs leur faisant part de la vive déception du peuple centrafricain et du fait qu'il ne voulait pas d'un troisième échec, selon une source proche de la délégation.
Mais l'équipe avait à nouveau perdu contre l'Algérie.
Le président de l'Union des journalistes sportifs africains, Mamadou Koumé, a estimé mercredi sur RFI que les raisons à ces "évasions" après de grandes réunions sportives étaient "essentiellement économiques".
"Les joueurs pensent que l'herbe est plus verte de l'autre côté, et certains font leur place au soleil. Les autres prennent un autre métier", a-t-il ajouté.
"Certaines équipes essaient de prendre des mesures comme retirer les passeports, mais c'est dérisoire, ça n'empêche pas les gens de partir", a-t-il poursuivi.
Pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale, la RCA a été éprouvée par trois longues mutineries militaires en 1996 et 1997 avant d'être à nouveau durement touchée par un coup d'Etat manqué le 28 mai 2001.