S'agit-il de rumeurs, d'intoxications ou de mises scènes dans l'affaire du 28 mai 2001?.Ce qui est certain, les disparus, les personnes assassinées, ne se compte plus; la liste s'accroît de jour en jour. Le temps est venu pour les centrafricaines et les centrafricains pour connaître la vérité. Que fin soit mise à la chasse à l'homme pour son appartenance à un lien supposé ethnique, familial ou régional et que la quiétude revienne. C'est une affaire politique, une course au pouvoir. Elle prend l'allure de révolution de palais ou d'action exogène. Les auteurs ne doivent pas se confondre avec la citoyenne ou le citoyen ordinaire qui s'oblige à se cacher dans la forêt, à fuire son pays, mais qui en toute réalité cherche à vivre en paix.
La première indication sérieuse diffusée
: LETTRE DE NDEIMARA AU Président PATASSE: DEMAFOUTH auteur du COUP D'ETAT (01 juillet 2001Report pour raisons de santé de l'audition de M. Démafouth
AFP, Bangui, 28 août 2001 - 19h01
- L'audition prévue mardi de Jean-Jacques Démafouth, le ministre centrafricain de la Défense démis de ses fonctions dimanche et placé aux arrêts, a été reportée pour raisons de santé, a-t-on indiqué de source judiciaire centrafricaine.Selon cette même source, M. Démafouth, souffrant d'un écoulement de pus à l'oreille, a refusé d'être entendu mardi par la commission nationale mixte d'enquête judiciaire chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier.
Il a été soigné par le médecin du camp de Roux, abritant l'état-major de l'Unité de sécurité présidentielle où il a été transféré lundi, et son audition aura probablement lieu mercredi, a-t-on ajouté.
Proche du président centrafricain Ange-Félix Patassé, M. Démafouth est soupçonné d'avoir préparé son propre coup d'Etat contre le régime de Bangui, en marge du putsch avorté du 28 mai, attribué à l'ancien chef de l'Etat André Kolingba, avait indiqué lundi à l'AFP une source officielle centrafricaine.
Des perquisitions ont été conduites lundi à son domicile et à son bureau, a-t-on appris par ailleurs de source proche de l'enquête.
"Son épouse a été autorisée à lui rendre visite et à lui remettre des médicaments", a indiqué de son côté à l'AFP Me Mireille Doly Gotiloguet, l'avocate chargée, avec Me Nicolas Tyangaye, d'assurer la défense du ministre.
"Elle m'a dit que son époux souffre d'hypertension chronique et qu'il doit être sous surveillance", a ajouté l'avocate, précisant n'avoir pour sa part pas encore obtenu l'autorisation du commissaire du gouvernement pour le rencontrer.
Me Gotiloguet a également souhaité "que la commission d'enquête judiciaire, qui est une commission de circonstance, puisse rapidement passer le relais aux autorités légales constituées, à savoir les juges d'instruction du tribunal militaire permanent ou la Haute cour de justice, car les faits reprochés à M. Démafouth le sont dans sa fonction de ministre".
Composée de magistrats, de gendarmes officiers de police judiciaire et de militaires, la commission mixte a été mise en place le 8 juin dernier. Elle dispose de trois mois pour mener son enquête et déférer éventuellement devant la justice les personnes entendues.
Depuis le début de ses travaux, plus d'une centaine de personnes, civils et militaires, ont été placées en détention préventive.
Le putsch manqué du 28 mai et les dix jours de combats qui ont suivi ont fait 59 morts, selon un bilan officiel, davantage selon des témoignages.
NDLR
: l'ancien ministre J.J. Démafouth pourrait être entendu mercredi 29 août 2001Le ministre de la Défense, suspect surprise de la crise centrafricaine
[AFP, Libreville, 27 août 2001 - 19h47]
- La mise en cause inattendue du ministre de la Défense centrafricain, Jean-Jacques Démafouth, soupçonné d'avoir fomenté un coup d'Etat en marge de la tentative de putsch du 28 mai dernier, jette une lumière trouble sur le climat d'instabilité qui prévaut en RCA.Démis dimanche de ses fonctions et placé à la disposition de la justice, M. Démafouth, un des principaux hommes de confiance du président Ange-Félix Patassé, est officiellement soupçonné d'avoir ourdi une conspiration contre le régime de Bangui.
"On s'achemine vers son implication dans un projet de coup d'Etat qui lui était propre, mais il s'est fait doubler par (l'ancien président centrafricain André) Kolingba", a déclaré lundi à l'AFP un responsable centrafricain de haut rang ayant requis l'anonymat.
Selon cette source, M. Démafouth devait être entendu mardi par la commission nationale mixte d'enquête judiciaire, chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'état du 28 mai, et être "rapidement inculpé".
Les investigations de cette commission ont permis de réunir "un faisceau d'éléments à charge" à son encontre, a ajouté, sans en révéler la nature précise, ce responsable centrafricain.
Les soupçons dirigés contre M. Démafouth rendent encore plus opaque la lecture des circonstances du coup d'Etat avorté du 28 mai dernier, attribué par les autorités de Bangui à André Kolingba, même si certains observateurs étrangers n'excluaient pas que ce dernier ait pu prendre le train en marche.
Pour le pouvoir centrafricain, M. Kolingba avait revendiqué la paternité du putsch le 31 mai en déclarant sur Radio France Internationale (RFI) avoir "accepté de faire cesser les hostilités" qualifiées d'"opération salutaire".
André Kolingba avait en outre écrit un courrier à l'ambassadeur de France à Bangui, lui demandant de s'adresser au président Patassé pour qu'il lui remette le pouvoir, ont confirmé depuis des sources centrafricaines et diplomatiques.
Alors que la tentative de putsch semblait déjà vouée à l'échec, M. Kolingba avait proposé de négocier avec les autorités, en proposant la personne de M. Démafouth comme interlocuteur.
Même si le choix avancé par M. Kolingba du ministre de la Défense pouvait alors paraître logique dans un contexte d'affrontements armés, il apparaît aujourd'hui, aux yeux du régime, comme un indice de plus.
"Aux premières heures du coup d'Etat du 28 mai, il y a eu une passivité incompréhensible de l'armée, et d'autres éléments accréditent la thèse qu'il y a eu des accointances entre MM. Démafouth et Kolingba, sinon avant le coup, du moins pendant", a notamment estimé le responsable centrafricain interrogé par l'AFP.
En juin, le président de l'Assemblée nationale, Luc Apollinaire Dondon-Konamabaye, avait pour sa part fustigé l'incapacité des services de renseignements à prévenir une action armée d'une telle envergure.
La mise en cause de M. Démafouth n'en constitue par moins une surprise de taille, compte tenu de ses liens anciens avec le chef de l'Etat, qu'il avait suivi en exil après la tentative de coup d'état de 1982 contre le président Kolingba, imputée à M. Patassé.
Né dans une famille modeste banda, une des deux ethnies majoritaires de RCA, diplômé de Droit, il avait regagné la RCA dans le sillage de M. Patassé pour devenir son conseiller juridique jusqu'en 1996-97.
Il avait été appelé en 1999 au poste sensible de ministre de la Défense, pour restructurer une armée divisée depuis les trois mutineries de 1996-97.
Une tâche dont il avait commencé à s'acquitter avec succès, avec l'appui de la coopération militaire française, et qui lui valait une popularité certaine dans les rangs des forces armées, et les louanges du président.