Paris soupçonnée d'avoir participé à l'évasion de Mme Kolingba
PANA, Paris, 27 août 2001 - Les autorités centrafricaines seraient convaincues de l'implication des autorités françaises dans la disparition de l'épouse de l'ex-président André Kolingba, qui a quitté vendredi soir l'ambassade de France à Bangui pour une destination inconnue, apprend-on à Paris de sources concordantes.
On rappelle qu'une tentative de putsch menée le 28 mai dernier par l'ancien président Kolingba contre le gouvernement de M. Ange Félix Patassé avait tourné court, provoquant une recrudescence de la tension politique en Centrafrique. L'épouse de M. Kolingba et ses enfants s'étaient alors réfugiés à l'ambassade de France à Bangui.
Citant un communiqué du Front armé pour la refondation de l'unité nationale de Centrafrique, Radio France internationale (RFI) a indiqué qu'un commando de cette entité jusque-là inconnue avait pénétré dans les locaux de l'ambassade de France à Bangui durant la nuit de vendredi à samedi et avait réussi à faire partir "vers un lieu sûr" Mme Kolingba et ses trois enfants, ainsi qu'un Centrafricain dont l'identité n'a pas été précisée.
D'autres sources indiquent que les cinq personnes ont probablement traversé la rivière Bangui proche de l'ambassade de France pour se rendre à Kinshasa, en République démocratique du Congo voisine.
Le mystère entoure encore la façon dont le commando a eu accès à l'ambassade de France, mais un porte-parole de la présidence à Bangui a déclaré que "la responsabilité française dans l'affaire ne pouvait être exclue".
Bien que le ministère français des Affaires étrangères ait confirmé la disparition de Mme Kolingba des locaux de l'ambassade de France à Bangui, Paris n'a toujours pas fait de commentaire quant à la manière dont le commando a pu s'introduire dans le bâtiment pourtant très bien gardé.
Des ressortissants centrafricains en France, qui se sont exprimés sous couvert de l'anonymat, ont déclaré à la PANA, dimanche à Paris, que cette affaire confirme que la France ne respecte toujours pas sa nouvelle politique de "non-ingérence dans les affaires internes africaines".
Ces ressortissants centrafricains se sont dit convaincus que la saga de vendredi à l'ambassade n'a pu se jouer à l'insu de la France.
Entre-temps, le ministre de la défense de Centrafrique, M. Jean-Jacques Démafouth, a été démis de ses fonctions, a-t-on appris de source officielle dans la capitale centrafricaine.