Bozizé et ses compagnons évanouis dans la nature. Wafio en état d'arrestation


Les autorités s'engagent à garantir la sécurité du général Bozizé (AFP, Bangui, 9 nov 01 - 16h58)

Les autorités centrafricaines se sont engagées vendredi à garantir la sécurité du général François Bozizé, l'ancien chef d'état-major des armées qui a pris la fuite avec ses partisans après l'assaut lancé le 7 novembre par les forces loyalistes, a annoncé la radio nationale.

"Le gouvernement et le président de la République s'engagent solennellement (...) à garantir la sécurité du général François Bozizé et de tous ceux qui l'ont suivi et les invite à se mettre à la disposition de la justice de leur pays", selon un communiqué lu à la radio nationale.

"Ils bénéficieront de la protection de l'Etat conformément aux lois et règlements en vigueur", ajoute la même source.

Ce communiqué enjoint également les "unités de la police et de la gendarmerie auprès de qui se rendraient le général Bozizé et ses compagnons de leur assurer protection dans le respect et la dignité de la personne humaine".

L'ancien chef d'Etat-major, limogé le 26 octobre, s'était retranché dans sa résidence de Bangui pendant six jours, affirmant craindre pour sa sécurité et refusant d'obtempérer à un mandat d'amener délivré par la commission judiciaire chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'état du 28 mai.

Il s'est enfui vers le nord du pays, où certains de ses partisans ont été aperçus vers la frontière tchadienne.

Le secrétaire général adjoint de l'OUA, Mahamat Habib N'Doutoum, qui conduit actuellement à Bangui une délégation pour aider la République centrafricaine (RCA), a par ailleurs déclaré que "les autorités se sont engagées à tout faire pour qu'il y ait la stabilité".

"Nous ne sommes pas venus pour imposer une solution à la RCA", a-t-il expliqué, ajoutant que l'OUA prônait "la réconciliation nationale, le dialogue et surtout l'ouverture politique pour pouvoir trouver une solution pacifique à la crise."


Le général Bozizé signalé à la frontière tchadienne (AFP, Bangui, 9 nov 01 - 17h21)

Le général François Bozizé, en fuite depuis l'assaut lancé le 7 novembre à Bangui contre ses partisans armés, a été signalé au nord de la Centrafrique à proximité de la frontière du Tchad, a-t-on appris vendredi de source militaire.

L'ancien chef d'état-major des armées, sous le coup d'un mandat d'amener de la justice centrafricaine, circulerait avec une cinquantaine d'hommes à bord de huit véhicules, selon des brigades de gendarmerie situées le long de leur route.

Ces brigades, en contact radio avec Bangui, ont affirmé avoir été attaquées par les partisans du général Bozizé qui leur auraient confisqué leurs armes, essentiellement des fusils d'assaut kalachnikov.

Ces derniers ont également braqué tout au long de leur parcours des stations-services pour s'approvisionner en essence et voler les recettes, a-t-on appris de même source.

Une délégation du Trésor publique, qui revenait vers la capitale centrafricaine avec une somme dont le montant n'a pas été précisé, a également été braquée par les hommes du général Bozizé à proximité de la localité de Sibut (190 km au nord-est de Bangui).

Certains partisans de l'ex-chef d'état-major auraient fait défection pendant leur fuite, tandis que quelques militaires rencontrés au hasard du parcours des fuyards ont été enrôlés de force.

Des roquettes ont par ailleurs été saisies au domicile du premier vice-président de l'Assemblée nationale, Jean-Serge Wafio, arrêté mardi par l'Unité de sécurité présidentielle et placé en détention dans les locaux de la section d'enquête et de recherche (SERD) de Bangui, a indiqué à l'AFP une source judicaire.

M. Wafio, qui appartient à la même ethnie gbaya que le général Bozizé, est également soupçonné d'avoir distribué des armes à des habitants de Boy Rabé, un quartier au nord de la capitale où des tirs avaient été signalés pendant la récente épreuve de force entre les partisans de M. Bozizé et les militaires loyalistes.

Le général Bozizé, limogé le 26 octobre, était réfugié depuis le 2 novembre dans sa résidence d'où il s'était opposé par les armes à un groupe de militaires venus l'arrêter. Il a quitté Bangui après l'assaut donné le 7 novembre au matin par les forces loyalistes.


Des partisans du général Bozizé arrivent à la frontière tchadienne (AFP, Libreville, 8 nov (AFP) - 18h33)

Des partisans du général François Bozizé, qui ont fui Bangui à la suite de l'assaut donné contre leurs positions par les forces loyalistes mercredi, ont été signalés à la frontière tchadienne, a-t-on appris jeudi de source proche des autorités.

Selon cette source, contactée par téléphone depuis Libreville, "on a déjà signalé l'arrivée de certains de ces éléments à proximité de la frontière entre la Centrafrique et le Tchad".

Après l'assaut, l'ancien chef d'Etat-major des forces armées centrafricaines (FACA) et ses quelques dizaines de fidèles "se sont scindés en deux groupes, tous deux convergeant vers le nord et on ne sait pas dans lequel se trouve Bozizé", a-t-on indiqué de même source.

Dans leur fuite, "ils ont déjà commis beaucoup d'exactions et ont notamment braqué sur leur passage des brigades de gendarmerie", a-t-on ajouté de même source avant d'ajouter: "Il n'est pas évident qu'il (le général Bozizé) puisse aller très loin".

L'ancien chef d'Etat-major, limogé le 26 octobre, s'était retranché dans sa résidence vendredi soir en affirmant craindre pour sa sécurité et refusant d'obtempérer à un mandat d'amener délivré par la commission judiciaire chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'état du 28 mai.

Des négociations menées depuis lors sous l'égide du représentant onusien Lamine Cissé semblaient en bonne voie jusqu'à l'assaut donné mercredi matin, suivi de la fuite du général.


En Centrafrique, M. Patassé opère son rétablissement avec l'aide des Libyens
LE MONDE du 08 nov 01 - 15h54 (daté 09 nov 2001)

L'épreuve de force à Bangui a tourné à l'avantage du président Ange-Félix Patassé et de ses protecteurs libyens. Mercredi 7 novembre, au cinquième jour d'un face-à-face entre les partisans de l'ancien chef d'état-major général de l'armée, le général François Bozizé, limogé fin octobre, et la garde présidentielle, renforcée quelque deux cents soldats libyens, l'assaut a été lancé sur la caserne des insurgés. A la suite de l'intervention de deux avions ULR (ultra-léger rapide), reliquats de la coopération militaire française, les forces présidentielles n'ont pratiquement rencontré aucune résistance. Le général Bozizé et le dernier carré de ses fidèles ont fui la capitale par la route du nord.

La victoire du président Patassé est le fruit, outre d'un rapport de force inégal, d'un double jeu qui porte préjudice à la crédibilité des Nations unies en Centrafrique. Leur représentant spécial à Bangui, Lamine Cissé, était engagé dans une mission de bons offices depuis que le général Bozizé avait refusé, vendredi soir, d'obtempérer à un mandat d'amener. Il s'agissait de le faire comparaître devant une commission d'enquête chargée d'élucider les dessous de la tentative de coup d'Etat du 28 mai, imputé à l'ex-président André Kolingba, exilé depuis en Ouganda. Or, cette instance extra-judiciaire, dénoncée par des organisations de droits de l'homme pour ses "mesures arbitraires", s'est transformée en machine répressive. Parmi d'autres, l'ex-ministre de la défense, Jean-Jacques Demafouth, l'ancienne "âme damnée" du président, a ainsi été arrêté, en août, accusé d'avoir préparé "un coup dans le coup".

Evincé de la tête de l'armée, le général Bozizé, fondateur d'une église - "christianisme céleste nouvelle Jérusalem" - qui venait d'être interdite pour "existence illégale", a fait de la résistance. Entouré d'une petite centaine de militaires de l'ethnie Gbaya, la sienne, il s'était retranché dans la caserne du Bataillon d'infanterie territoriale (BIT), attenante à sa résidence à Gabongo, un quartier septentrional de Bangui. De là, ses fidèles avaient essaimé vers le centre-ville, dressant des barrages sur l'axe principal, l'avenue de l'Indépendance. Cependant, mardi soir, à la demande du représentant de l'ONU, ils s'étaient engagés à abandonner ces positions.

De son côté, la présidence affichait sa volonté de "retenue de manière à ce qu'on puisse trouver une solution pacifique". Le porte-parole de M. Patassé, Prosper Ndouba, surnommé "le Raspoutine de la propagande", allait même jusqu'à déclarer, à la radio nationale, que le général Bozizé bénéficiait toujours "de la confiance du chef de l'Etat". Le représentant de l'ONU fit alors état de "bons progrès" dans sa médiation.

PARIS LÉGITIME KADHAFI

Or, mercredi matin, les forces acquises à Ange-Félix Patassé, encadrées par les "coopérants" libyens, dépêchés sur place par le colonel Kadhafi, ont bousculé les insurgés au moment de la levée des barrages. Bozizé et les siens ont alors pris la fuite pour gagner le Cameroun, le Tchad ou leur province d'origine, l'Ouham, dans le nord-ouest. La Centrafrique, déjà fragilisée par une déconnexion inquiétante entre la capitale et le reste du pays, pourrait ainsi voir naître un fief rebelle. D'autant que, pour justifier l'assaut, la présidence a imputé à Bozizé "la préparation d'un coup d'Etat avec des appuis et complicités extérieurs".

Au lendemain du putsch du 28 mai, le rôle du conspirateur dans l'ombre avait été attribué à la France. La réalité est différente. Faute de pouvoir se réjouir ouvertement du retrait de ses troupes "prépositionnées" à Bangui, en avril 1998, Paris a légitimé le colonel Kadhafi comme nouveau "gendarme" en Centrafrique. "Le droit international permet à un pays de faire appel à l'aide d'un autre", a relevé le porte-parole du Quai d'Orsay, mercredi, commentant la victoire militaire d'Ange-Félix Patassé...

Stephen Smith

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.11.01


Arrestation du 1er vice-président de l'Assemblée nationale (AFP, Bangui, 8 nov 01 - 13h44)

Le premier vice-président de l'Assemblée nationale Jean-Serge Wafio est détenu depuis 48 heures dans les locaux de la SERD (section d'enquête et de recherches) à Bangui, a annoncé à l'AFP son épouse, Mme Marie Wafio, également député à l'Assemblée.

"Il avait été délégué par le comité des sages de l'Ouham (NDLR: prefecture dont est originaire l'ancien chef d'Etat-major des FACA) chargé de rencontrer le général François Bozizé et devait remettre à ce dernier un document dont le Président de la république connaissait le contenu", a déclaré Mme Wafio dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

"Il a été arrêté en cours de route par l'unité de sécurité présidentielle et il est détenu depuis deux jours à la SERD où on lui interdit toute visite, même celle de son avocat", a précisé l'épouse du premier vice-président.

M. Wafio est également originaire de la préfecture de l'Ouham et appartient à la même ethnie gbaya que le général Bozizé.


Bozizé a accepté le compromis puis radicalisé sa position, déclare le Premier ministre (AFP, Bangui, 8 nov 01 - 13h10)

Le premier ministre centrafricain Martin Ziguélé a déclaré jeudi que le général François Bozizé avait accepté le compromis que lui proposaient les autorités pour dénouer la situation mais avait ensuite radicalisé sa position "sous l'influence de certaines personnes".

"Je ne me suis jamais autant investi dans une affaire que cette affaire-là pour amener le général Bozizé à une solution de compromis", a affirmé M. Ziguélé lors d'un entretien à la radio nationale.

"Au début, il semblait accepter. Puis, je crois que sous l'influence de certaines personnes que je ne connais pas, il a radicalisé sa position et il faisait traîner les choses indéfiniment", a-t-il regretté. "Et là, nous avons dit qu'il fallait qu'on s'en sorte (...) il faut qu'on arrête définitivement ce cycle perpétuel de crise" dans le pays, a-t-il dit.

M. Ziguélé a revélé au cours de cet entretien que "le chef de l'Etat (Ange-Félix Patassé) a adressé des messages personnels" à l'ancien chef d'Etat-major des forces armées au cours de ces tractations.

Le premier ministre a expliqué son état d'esprit durant ces négociations, menée sous l'égide du médiateur onusien Lamine Cissé: "Je lui (NDLR: le général Bozizé) ai fait parvenir des messages par divers canaux. Je suivais heure par heure, pour ne pas dire, minute par minute, l'évolution des choses. Je l'ai exhorté à se présenter devant la commission (mixte d'enquête judiciaire), nous avons échaffaudé tout ce qu'il voulait comme système de sécurité".

Enfin, M. Ziguélé a appelé ses compatriotes au calme et demandé aux étrangers de continuer à faire confiance aux autorités du pays.

Les forces loyalistes centrafricaines ont donné mercredi l'assaut au site où se retranchait depuis le 2 novembre au soir l'ancien chef d'état-major des forces armées, sous le coup d'un mandat d'amener délivré par la commission judiciaire chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'état du 28 mais dernier.


Actualité Centrafrique - Dossier 7