Affrontements et poursuite de Bozizé avec appui des forces libyennes (7 nov 2001)

Où en est-on avec les négociations ? On apprend que Bozizé tient bon et que Toinguendé serait sur le front - Par contre, contradictoirement, d'une autre source par agence notoirement connue, Bozizé serait en "fuite".


Poursuite des affrontements à Bangui (AP, mercredi 7 novembre 2001, 14h43)

Les affrontements se poursuivaient mercredi à Bangui, les forces gouvernementales soutenues par la Libye tentant de déloger à coups d'obus de mortier les soldats fidèles au général François Bozizé, chef des armées limogé il y a deux semaines.

Des tirs sporadiques avaient résonné dans la nuit, suivis par un barrage d'obus de mortier mercredi matin sur les quartiers nord-ouest de la capitale centrafricaine, toujours tenue par les fidèles de Bozizé.

Le reste de la ville, où les banques, écoles et services gouvernementaux restaient fermés, était calme. Les bus et taxis circulaient, et les magasins étaient ouverts.

Les combats ont commencé samedi, lorsque la garde présidentielle a tenté d'arrêter chez lui le général Bozizé, accusé d'avoir participé à une tentative de coup d'Etat en mai. Les partisans du général s'y sont opposés. Démentant tout rôle dans le complot, le général Bozizé a fait valoir qu'il avait déjà lui-même aidé le président à déjouer des mutineries en 1996, 1997, ainsi qu'en mai.

Depuis samedi, des centaines de personnes ont fui les affrontements dans les quartiers nord de la ville. Selon des témoins, un avion libyen a bombardé la zone mardi pour la première fois.

Les forces libyennes étaient arrivées lundi à l'aéroport de Bangui. Les hommes de Tripoli étaient déjà venus soutenir le président Ange-Félix Patassé lors de la mutinerie de mai, qui a duré une semaine.


Le général Bozizé "en fuite" après un assaut des forces loyalistes (source : présidence) [AFP, Libreville, 7 nov 01 - 14h32]

Le général François Bozizé a pris la "fuite" mercredi matin après un assaut, à Bangui, des forces loyalistes contre une caserne abritant des militaires fidèles à l'ancien chef d'état-major centrafricain, a indiqué à l'AFP la présidence centrafricaine jointe depuis Libreville.

La caserne du BIT (bataillon d'infanterie territoriale) jouxte la résidence où était retranché le général Bozizé depuis vendredi soir pour échapper à un mandat d'amener délivré par la Commission mixte d'enquête judicaire sur la tentative de putsch du 28 mai.

"Des éléments des forces armées centrafricaines (FACA) appuyées par l'unité de sécurité présidentielle (USP) ont lancé un assaut contre la caserne du BIT dont ils ont repris le contrôle sans rencontrer de résistance", a annoncé la présidence.

L'ancien chef d'état-major "est en fuite avec une poignée d'hommes; ils ont fui. Il n'y a pratiquement pas eu de combats", a ajouté la présidence centrafricaine

Dans la matinée, la présidence centrafricaine avait accusé le général Bozizé, de préparer un coup d'Etat en Centrafrique "avec des appuis extérieurs", dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville.

Peu avant l'assaut, "le général Bozizé a tenté de parler au talky-walky avec le chef de l'unité de sécurité présidentielle, le général Ferdinand Bombayake mais celui-ci a refusé de lui répondre", a-t-on encore indiqué de même source.

Selon des témoins interrogés par l'AFP, le général Bozizé et ses partisans ont fui Bangui par la route du nord.

Selon la présidence, l'axe routier de la sortie nord de Bangui où les partisans du général Bozizé avaient érigé des barrages depuis samedi "a été rouvert à la circulation".

Le président centrafricain Angé-Félix Patassé demande au général Bozizé de "se livrer à la justice et s'engage à garantir sa sécurité", a réaffirmé la présidence.

Le général Bozizé, limogé le 26 octobre, était réfugié depuis vendredi soir dans sa résidence d'où il s'était opposé par les armes à un groupe de militaires venus l'arrêter. Le représentant de l'ONU en Centrafrique, Lamine Cissé, menait une médiation pour obtenir une issue pacifique à cette situation.


A Bangui, le prix du pétrole lampant flambe et l'essence se fait rare (AFP, Bangui, 7 nov 01 - 13h23)

La situation qui prévaut dans le nord de Bangui depuis la tentative d'arrestation dans la nuit de vendredi à samedi du général François Bozizé entraine une flambée du prix du pétrole lampant, tandis que le super se fait rare dans la capitale centrafricaine, a constaté l'AFP mercredi.

A la pompe dans les stations-services, le prix du pétrole lampant utilisé pour l'éclairage dans les trois quarts des familles banguissoises, est passé de 35O à 5OOF CFA (3,50 à 5FF) le litre alors que, chez les revendeurs, le prix des petites bouteilles est passé de 75 à 1OOF CFA (0,75 à 1FF).

Cette surenchère, liée aux difficultés d'approvisionnement de la ville à partir du Cameroun, en raison des barrages érigés par les hommes du général Bozizé à la sortie nord de la capitale, vient s'ajouter aux coupures d'électricité dans les quartiers nord, nord-ouest et sud de la capitale, à la tombée de la nuit.

L'essence super tend à devenir rare dans la ville où, depuis mardi, on peut voir de longues files de voitures en attente dans les stations-services encore ouvertes.

En effet, les stations du PK 12 (nord de Bangui) et du 4ème arrondissement, situées dans la zone où sont retranchés le général Bozizé et ses partisans, ne fonctionnent pas.

A cela s'ajoute le fait que TotalFinaElf, qui gère le secteur des hydrocarbures en Centrafrique, a entrepris début septembre de moderniser un certain nombre de stations-services dans la capitale pour les rendre plus attrayantes, réduisant ainsi l'offre pendant la durée de ces travaux de réfection.