Patassé pour "une solution pacifique", mais le cas Bozizé reste bloqué (AFP, Bangui, 6 novembre 2001 - 18h37)

La présidence centrafricaine a indiqué mardi vouloir "une solution pacifique" au problème Bozizé, mais la médiation du représentant de l'ONU en RCA n'avait toujours pas abouti, tandis que des tirs intenses ont à nouveau retenti l'après-midi au nord de Bangui.

"Le chef de l'Etat joue la retenue de manière à ce qu'on puisse trouver une solution pacifique", a déclaré Prosper Ndouba, le porte-parole du président Ange-Félix Patassé, à la radio nationale.

L'ancien chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, refuse depuis samedi d'obtempérer à un mandat d'amener de la justice de RCA et reste retranché dans sa résidence du nord de Bangui, aux côtés de militaires et d'habitants de son quartier membres de son ethnie.

Le porte-parole de la présidence a par ailleurs souhaité que la médiation engagée samedi par le représentant du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, le général Lamine Cissé, puisse déboucher rapidement.

"J'ose espérer que le général Cissé et le général Bozizé ne vont pas nous programmer des rendez-vous quotidiens pendant toute la semaine, et qu'assez rapidement, une solution pourra nous être proposée pour sortir de cette situation extrêmement désastreuse pour l'image de marque de notre pays et pour la vie économique nationale", a-t-il affirmé.

Une mission du Fonds monétaire international (FMI) est attendue le 11 novembre et les autorités "souhaitent qu'une solution au problème Bozizé soit trouvée d'ici là", a estimé un observateur étranger interrogé par l'AFP.

Rappelant qu'"il s'agit d'une affaire d'abord judiciaire", M. Ndouba a ajouté que, "si à chaque fois que des citoyens sont épinglés et qu'ils doivent s'expliquer devant la justice, cela doit entraîner une rébellion, on n'en sort pas".

"Le général Bozizé a été limogé en tant que chef d'état-major mais il reste général d'active de l'armée nationale, bénéficiant de la confiance du chef de l'Etat", a-t-il par ailleurs assuré.

Lamine Cissé a poursuivi mardi ses négociations et s'est dit "optimiste" sur leur issue, lors d'une réunion dans la matinée avec les ambassadeurs en poste à Bangui, a-t-on indiqué de source diplomatique.

M. Bozizé craint toujours pour sa sécurité, malgré les garanties offertes par les autorités, et "la médiation s'efforce de faire en sorte que chacune des deux parties fasse un pas l'une vers l'autre", selon cette même source.

Après une matinée calme, des tirs intenses d'armes automatiques et d'armes lourdes ont a nouveau retenti à partir de 15H30 locales (14H30 GMT) dans deux quartiers nord de la ville.

Les alentours de la résidence du général Bozizé n'étaient pas concernés et ces tirs, localisés aux quartiers Boy-Rabé et Fouh, baissaient d'intensité à l'approche de la tombée de la nuit.

Des partisans du lieutenant-colonel Georges Touaguendé, l'ancien adjoint de M. Bozizé arrêté lundi après avoir semé la panique avec ses hommes à Boy-Rabé, était à l'origine de ces échanges, a-t-on indiqué de source indépendante.

Ils ont entraîné une riposte de l'Unité de sécurité présidentielle et de militaires libyens, selon cette source.

Peu avant ces échanges, des éléments libyens, qui se contentent normalement d'assurer la sécurité du président centrafricain, se sont déployés sur des lignes plus avancées qu'à l'habitude, ont constaté des témoins.

"Je n'obéis qu'à François" (Bozizé), aurait déclaré le lieutenant-colonel Touaguendé à des habitants de son quartier avant son arrestation, mais le général Bozizé a contesté être en contact avec lui, a indiqué à l'AFP une source officielle centrafricaine.

Les effets des barrages érigés depuis samedi à la sortie nord de Bangui par des partisans de M. Bozizé, commençaient à se faire ressentir durement pour les transporteurs de la capitale et ceux venant du Cameroun, du Tchad et du Soudan voisins.