Centrafrique : accrochage des troupes loyalistes avec les soldats ralliées au général Bozizé dans le nord
Selon des témoignages oculaires, de nombreux blessés sont à déplorer. Il est difficile de chiffrer le nombre des tués de l'affrontement de Kabo; toutefois, de sources concordantes, 15 corps du rang du Régiment de soutien - des Codos (Commandos) - ont été relevés et transportés jusqu'à Bangui.
Le général Bozizé confirme des accrochages armés au nord de la Centrafrique
(AFP, Libreville, 26 nov 2001 - 15h48)Le général centrafricain François Bozizé a confirmé lundi l'existence d'accrochages, la semaine dernière au nord-ouest de la Centrafrique, entre le camp gouvernemental et ses partisans armés, dans un entretien à Radio France Internationale (RFI).
L'ancien chef d'état-major de l'armée centrafricaine, réfugié à Sahr (sud du Tchad), a affirmé que ses hommes, basés au nord de la Centrafrique, avaient riposté à une attaque qui s'est soldée selon lui par "un bilan très lourd de leur côté".
Les autorités centrafricaines n'ont pu être jointes lundi matin à propos de ces allégations.
Une source militaire tchadienne ayant requis l'anonymat avait fait état samedi d'informations allant dans le sens des déclarations de M. Bozizé.
"Le premier accrochage a eu lieu à Dago, entre Kaga Bandoro et Kabo", alors que "nous étions convenus des limites à ne pas traverser de part et d'autre", a-t-il dit.
"C'était respecté jusqu'au 22 novembre où la partie gouvernementale s'est permis de nous attaquer et nous nous sommes repliés de dix kilomètres. Le lendemain, ils nous ont encore poursuivis et cette fois-ci, on a réagi et le bilan est très lourd de leur côté", a ajouté le général Bozizé.
"Il y a eu des morts, des blessés; nous n'avons pas pu (les) compter dans la mesure où on n'a pas eu le temps de voir ce qui s'est passé", a-t-il indiqué, affirmant que ses hommes avaient fait "une quinzaine de prisonniers et récupéré des armes et des véhicules".
Selon l'ancien chef d'état-major, les éléments adverses étaient des Tchadiens "composés d'ex-soldats de Moïse Ketté et de l'ancien chef d'Etat Hissène Habré que le pouvoir en place (NDLR: à Bangui) a recrutés pour s'opposer à nous".
Moïse Ketté Nodji a été abattu l'année dernière par l'armée tchadienne alors qu'il animait un mouvement rebelle dans le sud du Tchad, frontalier avec le nord de la RCA.
Interrogé sur son éventuelle intention d'ouvrir un front rebelle au nord de la Centrafrique, le général Bozizé a répondu: "Nous nous défendons tout simplement, mais nous n'ouvrons pas encore un front proprement dit".
"Nous nous défendons puisqu'ils nous poursuivent toujours alors qu'il est question de négociations et de dialogue", a-t-il ajouté. Il y a huit jours, le gouvernement centrafricain avait lancé un appel aux partisans de Bozizé pour qu'ils regagnent leurs unités "dans les meilleurs délais", leur garantissant sa "protection".
Le général Bozizé a également indiqué ne pas savoir s'il participera au sommet sur la crise centrafricaine qui se tiendra le 3 décembre à Khartoum au Soudan, en présence des chefs d'état centrafricain, soudanais, gabonais et tchadien et de représentants libyens, de l'ONU et de l'OUA.
"Pour le moment je n'ai pas été invité et je laisse le soin aux autorités tchadiennes d'entreprendre des démarches et je leur fais confiance", a-t-il dit.
Les soldats rebelles auraient pris le contrôle de deux villes
(AP, dimanche 25 novembre 2001, 23h51)Les soldats centrafricains fidèles à l'ancien chef d'état-major limogé en octobre se sont emparés du contrôle de deux villes à la frontière nord du pays avec le Tchad et avancent sur une troisième localité, a-t-on appris dimanche de sources militaires.
Les hommes bien armés et fidèles à François Bozizé ont pris les villes frontalières de Kabo et de Batangafo sans combattre lundi dernier, avant de progresser vers les faubourgs de la ville de Kaga-Bandoro (centre), située à quelque 350km au nord de la capitale, Bangui, a-t-on précisé de mêmes sources.
Les rebelles, dont le nombre est estimé à quelque 300 hommes, ont fui avec Bozizé au Tchad après plusieurs jours de combats à Bangui début novembre lorsque la garde présidentielle a tenté d'arrêter l'ancien chef d'état-major.
Le président Ange-Felix Patassé a accusé Bozizé d'avoir participé à une tentative de coup d'Etat en mai. Démentant tout rôle dans le complot, le général Bozizé a alors fait valoir qu'il avait déjà lui-même aidé le président à déjouer des mutineries en 1996, 1997, ainsi qu'en mai. Il a toutefois été limogé en octobre et s'est vu retirer le grade de général le 14 novembre.
Selon des responsables de l'armée, les rebelles enregistrent des progrès rapides, en raison de la défection de troupes gouvernementales qui viennent gonfler leurs rangs.
Des soldats envoyés pour déloger les rebelles près de Kaga-Bandoro sont tombés dans une embuscade jeudi et ont été victimes de lourdes pertes dans les combats qui se sont ensuivis, a-t-on expliqué de sources miliraires. Aucune autre précision n'a été fournie et les informations n'ont pu être confirmées de source indépendante.
Le président Patassé est au pouvoir depuis sa victoire aux élections de 1993 qui ont mis fin à 12 ans de dictature militaire du général André Kolingba.