Sommet de la CEMAC sur la situation de la RCA, 2e journée à Libreville : plans et propositions pour résolution de crise

Après Khartoum, Libreville. Aucune décision probante n'est prise pour le moment. Pour sa première journée, les travaux du sommet de Libreville se sont déroulés à huis clos. "Wait and see" , semble être l'attitude observée chez tous. Les représentations centrafricains politiques et syndicales, la société civile, se sentant écartées expriment son inquiétude. Va-t-on nous sortir encore un qui a déjà été partisan que plus personne n'en veut ? Un homme du président ? Une mise sous tutelle des institutions internationales ?

Seul, prudemment, le député de Mala, président du Forum Civique, le général Thimotée Maléndoma déclare : "Même si le sommet de Khartoum a précédé celui de Libreville, les deux sommets sont étroitement liés et les choses se poursuivent encore à mon avis". - "Il faudra attendre de connaître l'issue du sommet de Libreville pour se prononcer et il serait hâtif de le faire maintenant au risque de taper à côté".

Deux points de vue des présidents Bongo du Gabon et Deby du Tchad à lire.


Interruption du sommet de Libreville sur la RCA, reprise mercredi (AFP, Libreville, 5 déc.2001 - 1h17)

Le sommet de Libreville sur la crise centrafricaine a été interrompu mardi peu après minuit et reprendra mercredi à 11H00 locales (10H00 GMT), a-t-on indiqué de source officielle gabonaise.

Ce sommet réunissant à huis clos les chefs d'Etat centrafricain Ange-Félix Patassé, tchadien Idriss Deby, gabonais Omar Bongo et congolais Denis Sassou Nguesso à la présidence gabonaise, avait débuté vers 21HOO (20H00 GMT).

Dans l'après-midi, le président Bongo avait eu des entretiens séparés avec ses homologues.

Les délégations des pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) représentés continuaient de travailler sur un projet de déclaration finale après le départ des chefs d'Etat de la présidence gabonaise, a constaté l'AFP.

Cette réunion intervient au lendemain d'un sommet convoqué à Khartoum dans le cadre d'un autre organisme interafricain, la COMESSA (Communauté des Etats Sahélo-Sahariens), en présence de MM. Deby et Patassé, du président soudanais Oumar El Béchir et du ministre libyen des Affaires africaines, Ali Abdel Salem Triki.

Des conclusions écrites prévoyant l'envoi en Centrafrique d'"une force de maintien de la paix et de sécurité" de la COMESSA et invitant M. Patassé à "faciliter une aministie générale" en RCA, déchirée par plusieurs crises successives, ont été remises aux participants de la réunion de Khartoum.

Ce texte n'a cependant pas été signé par les chefs d'Etat présents dans la capitale soudanaise et était au coeur des discussions de Libreville, ont indiqué des représentants du plusieurs délégations.


Omar Bongo en première ligne dans la crise centrafricaine (AFP, Libreville, 5 déc.2001 - 18h01)

Le président gabonais Omar Bongo s'est impliqué en faveur d'un règlement politique de la crise centrafricaine lors du sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale de Libreville, qui s'est achevé mercredi par un appel au "dialogue" et à "l'apaisement".

Déjà parrain des Accords de Bangui qui avaient mis fin aux mutineries de 1996-97, Omar Bongo a été désigné pour présider une commission "ad hoc" chargée de relancer le dialogue en RCA.

Le sommet s'était ouvert mardi en présence des présidents centrafricain Ange-Félix Patassé, tchadien Idriss Deby et congolais Denis Sassou Nguesso, sous l'égide de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).

Le communiqué final de cette réunion évite toute mention explicite à l'envoi d'une "force de maintien de la paix" comme cela avait été décidé lundi à Khartoum sous l'impulsion de la Libye, déjà présente militairement dans la capitale centrafricaine depuis le coup d'Etat manqué du 28 mai.

L'opposition centrafricaine a dénoncé mercredi "une opération montée de toute pièce par la Libye" destinée à "légitimer et consolider son occupation militaire" et à "maintenir artificiellement M. Patassé au pouvoir".

Les chefs d'Etat réunis à Libreville ont sobrement "pris note" des décisions du "sommet restreint" de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (COMESSA), se félicitant en revanche de l'annonce faite à Khartoum de la création d'un fonds d'appui financier à la RCA.

Ils se sont en revanche dit "convaincus que le dialogue et la négociation demeurent les meilleurs moyens de résoudre durablement tout différend".

Un appel a notamment été lancé au président Patassé "afin qu'il prenne des mesures d'apaisement compatibles avec ses prérogatives constitutionnelles, y compris facilitant l'adoption d'une loi d'amnistie".

Concernant le comité "ad hoc", qui réunira autour de M. Bongo les présidents Deby et Sassou Nguesso, le communiqué final indique qu'il aura "pour mission principale de réunir les acteurs politiques ainsi que les éléments civils et militaires impliqués dans les événements du 2 novembre".

Ce paragraphe fait référence au bras de fer armé qui a opposé début novembre à Bangui l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé aux autorités venues l'interpeller pour atteinte à la sûreté de l'Etat.

François Bozizé avait ensuite fui la capitale centrafricaine et gagné le sud du Tchad, qui le considère comme un réfugié politique, tandis que Bangui souhaite le juger.

Le litige s'était envenimé il y a une dizaine de jours lorsque des combats au nord de la RCA avaient contraint plusieurs dizaines de partisans de M. Bozizé à se réfugier également au sud du Tchad.

"Il n'est pas question de froid" entre MM. Deby et Patassé, a assuré Omar Bongo, qui a indiqué que "beaucoup d'eau a coulé sous les ponts" à Libreville après avoir invité les deux intéressés à s'embrasser publiquement.

"Le Tchad a fait valoir à Khartoum comme à Libreville qu'il n'avait aucune intention de participer à une déstabilisation de la RCA", a indiqué à l'AFP un membre de la délégation tchadienne.

En incitant le président Patassé à une amnistie, le sommet de Libreville a d'ailleurs semblé épouser la position de N'Djamena qui prône depuis le début de la crise une solution négociée entre Centrafricains.

Mais selon des membres de plusieurs délégations, M. Patassé a réaffirmé qu'il n'envisageait d'amnistie qu'à l'issue des processus judiciaires en cours.

Mettant sa stature de doyen de la sous-région dans la balance, le président Bongo s'est adressé dans son allocution finale aux protagonistes de la crise centrafricaine.

"Dieu merci, Ange-Félix Patassé, que les Centrafricains le sachent, aime le dialogue", a-t-il dit, soulignant qu'on doit cependant savoir aborder un chef d'Etat "dans la dignité qui est la sienne et le respect qu'on lui doit".

"Il n'y a pas de chef qui refuse le dialogue et si on veut être chef, on doit toujours dialoguer pour déceler les erreurs qu'on a peut-être été amené à commettre", a ajouté le président gabonais.


Idriss Deby: le sommet de Libreville a été "concret" (AFP, N'Djamena, 5 déc. 2001 - 21h33)

Le sommet de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) sur la crise en Centrafrique a été "concret", a déclaré mercredi le président tchadien Idriss Deby à son arrivée à N'Djamena en provenance de Libreville.

"Le sommet de la CEMAC (à Libreville), à la différence de celui de Khartoum, a été beaucoup plus concret dans la mesure ou nous sommes convenus de la mise en place d'un comité ad hoc regroupant tous les chefs d'Etat de la sous-région", a indiqué le président Deby à la radio nationale.

Ce comité ad hoc a pour mission de "réunir l'ensemble de l'opposition politique interne, y compris aussi ceux des éléments armés et non armés issus des évènements du 2 novembre dernier", a-t-il ajouté, en référence à "l'affaire Bozizé".

L'ancien chef d'état-major des forces armées centrafricaines François Bozizé s'est réfugié au Tchad début novembre à l'issue d'un bras de fer avec les autorités centrafricaines.

Selon le président Deby, les chefs d'Etat vont se réunir une seconde fois à Libreville à une date non précisée "pour étudier les voies et moyens afin d'organiser un dialogue national permettant de ramener la paix une fois pour toute" en Centrafrique.

Lors d'un prochain sommet à Yaoundé (Cameroun), les chefs d'Etat de la CEMAC verront "dans quelle mesure les pays membres (...) apporteront leur concours financier à la République centrafricaine", a ajouté le président Deby.

La rencontre de Libreville intervenait au lendemain d'un sommet convoqué à Khartoum sur la République centrafricaine dans le cadre d'un autre organisme interafricain, la COMESSA (Communauté des Etats sahélo-sahariens).

En présence notamment du ministre libyen des Affaires africaines, Ali Abdel Salem Triki, ce sommet avait décidé l'envoi en Centrafrique d'"une force de maintien de la paix et de sécurité".