Khartoum: Force de maintien de la paix et de la sécurité, un comité politique et fonds d'aide pour la RCA (4 déc. 2001)

En attendant le sommet de Libreville annoncée pour ce mardi 4 décembre 2001, un embryon de "force militaire COMESSA" est décidé pour le maintien de paix en Centrafrique. Le problème qui reste posé est de savoir quelle est la racine du mal qui secoue ce pays qui n'aspire qu'à la paix depuis bien longtemps ? Les moyens politiques, économiques sont-ils à la hauteur pour recoller les morceaux du puzzle, réconcilier les familles éclatées ? Le centrafricain a faim, a besoin de s'éduquer, de se former, de se soigner; pour cela ses intérêts devront-ils être sauvegardés et gérés.


Le sommet de Khartoum crée une "force de maintien de la paix" en Centrafrique (AFP, Khartoum, KHARTOUM, 4 déc. 2001 - 0h22) - I
Les présidents ou représentants de la Centrafrique, du Soudan, du Tchad, de la Libye et de la Zambie ont décidé lundi de créer "une force de maintien de la paix et de la sécurité" en Centrafrique, a-t-on annoncé officiellement à l'issue d'un sommet régional sur la crise en Centrafrique.

Cette force de maintien de la paix, dont les effectifs ne sont pas précisés, pas plus que la date de son envoi sur place, sera constituée par les 16 membres de la Communauté des états sahélo-sahariens (COMESSA ou Sin-Sad), selon une résolution adoptée à l'issue du sommet.

Les présidents Ange Félix Patassé de la Centrafrique, Omar al-Béchir du Soudan, Idriss Deby du Tchad, Frederick Chiluba de la Zambie, et le ministre libyen des Affaires africaines Ali Abdel Salem Triki participaient à ce sommet, réuni sous l'égide de la COMESSA.

Les dirigeants africains ont également décidé de mettre en place un comité politique présidé par le Soudan et qui comprendra les membres de la COMESSA et un représentant du secrétaire général des Nations Unies, et qui sera chargé de mener des contacts pour parvenir à "l'unité nationale" en Centrafrique.

Des troupes libyennes sont présentes à Bangui, pour soutenir le régime de M. Patassé, depuis un putsch avorté le 28 mai dernier.

Une crise diplomatique oppose par ailleurs la Centrafrique au Tchad, qui héberge l'ancien chef d'état-major de l'armée centrafricaine François Bozizé, depuis sa fuite de Bangui il y a trois semaines, au terme d'un bras de fer armé d'une semaine avec les autorités qui voulaient l'arrêter pour préparatifs de coup d'Etat.

La situation s'est envenimée la semaine dernière, lorsque des accrochages armés ont eu lieu au nord de la Centrafrique entre partisans armés de M. Bozizé et forces régulières centrafricaines.

Dans une troisième résolution, les participants au sommet de Khartoum ont décidé de créer un fonds d'aide immédiate à la Centrafrique, qui sera approvisonné par les membres de la COMESSA et des organismes internationaux.

Le sommet a par ailleurs approuvé un appel du gouvernement de Bangui à tous les ressortissants centrafricains les exhortant à rentrer dans leur pays, qu'ils soient ou non opposants au régime.

La COMESSA, une organisation créée à l'initiative du dirigeant libyen Mouamar Khadafi, rassemble, outre la Libye, le Burkina Faso, la Centrafrique, le Tchad, Djibouti, l'Erythrée, la Gambie, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Soudan, l'Egypte, le Nigeria, la Tunisie, le Maroc et la Somalie.


Réaction prudente de l'opposition aux décisions du sommet de Khartoum (AFP, Bangui, 4 déc. 2001 - 16h24) - II

L'opposition centrafricaine a réagi avec prudence mardi aux sommets de Khartoum et de Libreville sur la crise centrafricaine, préférant attendre les conclusions de la rencontre prévue mardi dans la capitale gabonaise avant de s'exprimer.

"Même si le sommet de Khartoum a précédé celui de Libreville, les deux sommets sont étroitement liés et les choses se poursuivent encore à mon avis", a déclaré à l'AFP le député de l'opposition Timothée Malendoma, président du Forum civique.

"Il faudra attendre de connaître l'issue du sommet de Libreville pour se prononcer et il serait hâtif de le faire maintenant au risque de taper à côté", a-t-il ajouté.

Joints au téléphone par l'AFP, deux autres dirigeants de l'opposition ont également souhaité attendre l'issue du sommet de Libreville avant de se prononcer.

L'opposition centrafricaine avait pris position dernièrement contre la présence des troupes libyennes en RCA dont elle réclamait le "retrait immédiat", les qualifiant de "troupes d'occupation". Or, le sommet de Khartoum, réuni dans le cadre de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (COMESSA), a décidé lundi soir la création d'"une force de maintien de la paix et de la sécurité" en Centrafrique.

Une centaine de militaires libyens se trouvent à Bangui depuis la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier en Centrafrique. Ils ont reçu le renfort d'environ 80 de leurs collègues depuis les incidents ayant opposé début novembre dans la capitale l'ancien chef d'état-major des forces centrafricaines, le général François Bozizé, aux forces gouvernementales.

Les chefs d'Etat d'Afrique Centrale, réunis dans le cadre de la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC), devaient entamer leurs travaux mardi en milieu d'après-midi à Libreville. Deux d'entre eux, les présidents Ange-Félix Patassé de Centrafrique, et Idriss Deby du Tchad, étaient arrivés en milieu de journée à Libreville en provenance de Khartoum où ils avaient participé lundi soir au sommet de la COMESSA.