MISE AU POINT DES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION :
En dépit du chaos créé par le pouvoir du Président Ange Félix Patassé, celui-ci continue éperdument sa fuite en avant et n'a pas l'air de réaliser que l'autorité qu'il est sensé incarner apparaît chaque jour de plus en plus ridicule à l'intérieur comme à l'extérieur de notre pays.
En effet, c'est l'impression que l'on peut retenir suite aux élucubrations et aux contre-vérités chargées de menaces proférées publiquement contre les leaders des partis politiques d'opposition, le mercredi 14 novembre 2001 à la Radio et à la télévision nationales par le Porte-parole de la Présidence de la République. Aussi, pour les partis politiques d'opposition, la mise au point suivante s'impose.
Il convient de rappeler, pour être exact, que les partis politiques avaient de la même manière condamné les agressions, assassinats et autres exactions perpétrées sur les populations civiles innocentes.
N'étant pas une juridiction, son rôle est seulement de faire la lumière sur les circonstances du coup d'Etat en consignant son enquête dans un rapport destiné à la justice.
Ses méthodes sont en outre contestables parce que sans être une juridiction comme nous venons de le démontrer, ses activités principales ont consisté à arrêté et à jeter en prison les citoyens, à entraver la liberté d'aller et venir, à supprimer la liberté d'expression. Elle considère en outre tous les Centrafricains comme des putschistes. Elle substitue à la présomption d'innocence la notion de présomption de culpabilité.
C'est bien elle qui a compliqué la gestion de l'après coup d'Etat manqué du 28 mai 2001 et qui a exacerbé les tensions politiques et tribales actuelles.
Puisqu'elle est illégale et représente en outre une menace réelle pour la cohésion dans notre pays, ce n'est que justice que de demander et détenir sa dissolution, afin de préserver l'ordre public et la paix.
Concernant ledit Traité, il s'agit, semble-t-il, d'un Traité à caractère purement économique qui ne saurait justifier la présence des troupes étrangères sur notre sol. Même si un tel Traité avait existé avec la Libye, il ne pourrait pas s'appliquer aux conflits intérieurs mais uniquement en cas d'agression extérieure.
Au sujet de la souveraineté, il est à craindre que le Porte-parole fasse l'amalgame, une fois de plus entre Souverain ou Monarque et Souveraineté. Car l'article 18 de notre Constitution, alinéa 2 est clair, qui dispose que : " La souveraineté nationale appartient au Peuple qui l'exerce directement par voie de référendum ou indirectement par ses représentants. Aucune fraction du Peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice ".
Or, l'Assemblée Nationale n'a jamais été consultée ni pour donner son autorisation pour la ratification d'un accord militaire avec la Libye, ni pour le stationnement des troupes libyennes sur notre sol.
Cette présence est donc illégale, une raison suffisante pour qu'elles quittent immédiatement notre pays.
Pour conclure, nous nous permettrons de rappeler très amicalement au Porte-parole de la Présidence de la République que la raison d'être d'une opposition politique n'est pas seulement, comme il a tendance à le croire, la conquête du pouvoir. L'opposition faisant partie intégrante du peuple, c'est-à-dire ceux que le pouvoir opprime, elle a la mission de défendre le Peuple, en exigeant, comme elle ne cesse de le faire, le strict respect,, par ceux qui gouvernent, des libertés et des droits du citoyen. Il conviendrait de rendre justice aux leaders des partis politiques d'opposition, car ils sont des patriotes, conscients de la responsabilité qui leur échoit en cette période précise de notre histoire, et non des putschistes et des terroristes. Les menaces, d'où quelles viennent, ne peuvent pas les décourager, parce qu'ils combattent pour une cause juste et sont déterminés, plus que jamais, à œuvrer pour notre peuple.
Fait à Bangui, le 15 novembre 2001
Pour les Partis Politiques d'Opposition,
Le Porte-parole
Paul Bellet