L'opposition dénonce une "opération" libyenne derrière la "force de paix"
AFP, Bangui, 5 déc. 2001 - 13h46
- L'opposition centrafricaine a dénoncé mercredi une "opération" libyenne dans le projet de "force de maintien de la paix" arrêté lundi lors du sommet de Khartoum sur la Centrafrique."Les partis politiques d'opposition rejettent catégoriquement le projet formulé à Khartoum par deux ou trois pays africains pour l'envoi en Centrafrique d'une prétendue force de maintien de la paix", a affirmé l'opposition, dans un communiqué.
"Il est facile de comprendre qu'il ne s'agit-là, ni plus ni moins, que d'une opération montée de toute pièce par la Libye, d'abord pour légitimer et consolider son occupation militaire de notre pays, et bien entendu, pour maintenir artificiellement M. (le président Ange-Félix) Patassé au pouvoir", poursuit le communiqué.
Depuis la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier, la Libye a dépêché une centaine d'hommes à Bangui qui assurent la sécurité du président Patassé. Ce contingent a été renforcé par environ 80 autres militaires libyens à la suite de l'épreuve de force début novembre avec l'ancien chef d'état-major des forces armées centrafricaines, le général François Bozizé.
Selon l'opposition, "la crise centrafricaine est une crise politique qui ne peut donc trouver de réponse satisfaisante que dans une solution politique (...) la seule qui soit crédible".
Analysant les raisons de la crise selon eux, ces partis affirment: "il y a d'abord le Président Patassé qui pose problème. Il ne respecte ni les règles démocratiques, ni la constitution, ni le peuple et refuse obstinément le dialogue avec les acteurs sociaux et politiques".
"Par ailleurs, estime l'opposition, sa politique n'a engendré que le chaos dans tous les domaines de l'économique, du social, du politique, de l'armée, de la sécurité, etc...".
Rappelant qu'elle préconise cette solution politique "depuis le 28 mai 2OO1", l'opposition définit les mesures à prendre selon elle pour résoudre cette crise. Elle cite notamment la "dissolution de la commission mixte d'enquête judiciaire" chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'état, "le retour des réfugiés, le départ des troupes libyennes".
L'opposition préconise également "l'organisation d'un dialogue national sous l'égide de l'OUA et de l'ONU qui aura pour mission d'exorciser les maux dont souffre notre pays, de penser un nouvel ordre national, enfin, de réconcilier les Centrafricains".
Le sommet convoqué lundi à Khartoum dans le cadre de la COMESSA (Communauté des Etats sahélo-sahariens), a proposé dans ses conclusions l'envoi en Centrafrique d'"une force de maintien de la paix et de sécurité" émanant des 16 pays membres de cet organisme.
Les conclusions de ce sommet - auquel participaient notamment, outre M. Patassé, le président tchadien Idriss Deby, le président soudanais Omar El Béchir et le ministre libyen des Affaires africaines Ali Abdel Salem Triki - invitent également le chef d'Etat centrafricain à "faciliter une amnistie générale" en RCA.