Madame le Maire de Bangui : Madame Cécile GUERET, livre ses impressions
Madame Gueret est Chef de la Délégation Spéciale de la ville de Bangui. Elle a été désignée sur décision gouvernementale et remplit le rôle de Maire de la capitale centrafricaine. En attendant l'organisation annoncée d'une élection démocratique ou populaire des maires de communes sur tout le territoire, Madame le Maire fait part de son expérience à Olivia Marsaud (afrik.com).
Au nom du Maire par Olivia Marsaud
Le maire de Bangui est une femme. Nom : Guéret.
Prénom : Cécile. Age : 48 ans. Militante et combative, Cécile Gueret se bat
sur le front de la propreté comme sur celui du droit des Centrafricaines. Portrait d'une
femme qui fait (presque) l'unanimité.
20/03/02 : " Ici à Bangui,
les maires ne durent qu'un an ! " rapporte avec ironie un journaliste
local. Pas Cécile Guéret. La dynamique maire de la capitale centrafricaine occupe ce
poste depuis deux ans déjà. Nommée par décret en 2000, elle est l'une des rares femmes
africaines à occuper un siège aussi important. " A l'association des maires
francophones, je suis une des seules femmes à exercer dans une capitale. Pourtant, les
femmes ont droit à cette place. Avec de la volonté, on peut réussir mieux que les
hommes ", soutient-elle.
Pourquoi Cécile Guéret a-t-elle été choisie ? " Ce n'est pas à moi de
répondre mais au chef de l'Etat (Ange-Félix Patassé, ndlr) qui m'a fait confiance
", répond-t-elle avec une pointe de coquetterie. Est-ce la mère de famille
courageuse (7 enfants), la syndicaliste chevronnée (23 ans d'activisme, présidente du
conseil d'administration de l'Union générale des Travailleurs de Centrafrique (UGTC) en
2000) ou la spécialiste en gestion d'entreprise qui a séduit le président
centrafricain ? Sûrement tout à la fois.
Madame le Maire
On l'appelle Madame le Maire mais elle se voit plutôt en chef d'entreprise.
" La mairie est comme une société à gérer ", explique-t-elle.
Bien connue pour son militantisme - " j'ai toujours lutté pour faire entendre
la voix des travailleurs " -, les Banguissois n'ont pas été étonnés de la
voir prendre ses fonctions à la mairie. Mais ils l'attendaient au tournant. En deux ans,
elle a déjà imposé sa " marque " et a su donner l'impulsion
nécessaire à des projets d'envergure. Elle s'est attaquée au problème des arriérés
de salaires, de l'insalubrité, des ordures, des routes
" Dès mon arrivée, nous avons pu mener, avec mes collaborateurs, un travail
acharné contre les ordures et la construction anarchique des marchés. " Même
si ses priorités sont la propreté et l'environnement, Cécile reconnaît que tous les
problèmes sont loin d'être réglés. Pour les grincheux, " elle ne fait
qu'appliquer la politique de la municipalité et est arrivée au moment où les projets
décidés depuis longtemps se concrétisent ". Pour d'autres, elle a permis
" d'assainir " la mairie, taxée avant son arrivée, de
" tribalisme ", l'ancien maire étant de la même région que le
président.
On ne peut pas plaire à tout le monde
Pour gérer la ville au mieux, Cécile Guéret croit en la décentralisation.
" Il faut céder une partie des pouvoirs au niveau des arrondissements. Dans
quelques semaines, plusieurs centres secondaires d'Etat civil verront le jour. Les maires
d'arrondissements pourront ainsi déclarer les naissances, les décès et mettre en place
leurs propres programmes. " La maire croit à la proximité avec les élus
locaux. Depuis son arrivée à la tête de la ville, elle a appris qu'on ne pouvait pas
plaire à tout le monde. Certaines voix s'élèvent pour son remplacement à la tête de
la ville, d'autres l'assurent de leur soutien. Tous s'accordent pour avouer qu'il est
très difficile de gérer la mairie de Bangui. Elle, continue d'avancer. " Je
préfère regarder devant, ne pas m'arrêter aux critiques négatives ".
Sur les huit arrondissements de Bangui, on trouve une femme à la tête du sixième.
" D'autres femmes sont maires en RCA : à Bozoum et Paoua (ville natale de
Patassé) notamment. Le président veut s'appuyer sur les femmes pour relever l'économie
du pays. Les Centrafricaines représentent 60% de la population ", explique un
journaliste. De fait, Patassé avait déjà nommé une femme au poste de maire en 1995.
Mais Anne-Marine Ngouyombo n'était restée qu'un an. Il n'empêche, Cécile Guéret est
loin de faire de la figuration dans les rêves paritaires du président.
Elle a obtenu des aides financière du Japon et de la Banque Mondiale pour mener à bien
ses projets. Avec la participation de l'OMS, elle est en train de mettre sur pied un
centre multimédia. Huit ordinateurs vont être installés
dans la résidence du
maire. " J'ai préféré mettre l'endroit au profit de la population, des
expatriés, des jeunes qui n'ont les moyens d'avoir un accès Internet privé ".
Question d'héritage
Cécile se bat aussi pour les droits des femmes. Déjà lorsqu'elle était syndicaliste,
son travail de terrain l'avait amenée à sillonner quatorze des dix-sept préfectures
centrafricaines pour y installer le " bureau des femmes
travailleuses " et informer les Centrafricaines sur leurs droits, leur apprendre
à défendre leurs intérêts et ceux des enfants. A faire entendre leur voix.
" Il faut être déterminée mais j'ai confiance en moi. La femme est
complémentaire à l'homme. l'adage ne dit-il pas que derrière chaque grand homme se
cache une bonne conseillère ? " interroge-t-elle dans un rire.
" Je suis convaincue qu'avec les réseaux existants, il est possible
d'améliorer la condition de la femme africaine en général et centrafricaine en
particulier. "
Des élections municipales ont été annoncées fin 2002. Même si une partie de la
population la sollicite, Cécile Guéret ne sait pas encore si elle se présentera. Forte
du soutien de son mari et de ses enfants (qui ont entre 8 et 22 ans), elle veut se
" battre jusqu'au bout " pour le développement de son pays.
" Même si la Centrafrique est enclavée, elle possède beaucoup de richesses
dont ne profitent pas vraiment ses habitants. Toute la population doit se mettre au
travail. Quant à moi, si je ne travaille pas pour mon pays, qu'est-ce que je laisserai à
mes enfants ? "
Sandra, la fille aînée, étudiante à Paris, décrit sa mère comme une
" femme très forte, battante et courageuse ". Et si c'était ça, la
plus belle victoire de Cécile
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