Procès du putsch manqué du 28 mai 2001: journée du lundi 25 février avec Jean-Jacques Démafouth à la barre
Procès du putsch manqué: Jean-Jacques Démafouth charge le général Bozizé
La loyauté de Bozizé en doute au procès du putsch manqué
[L'ancien ministre a indiqué avoir tenu informé le président Patassé de ses doutes sur la loyauté de M. Bozizé, lors des combats qui avaient suivi l'attaque menée dans la nuit du 28 mai par des proches de l'ancien président André Kolingba contre la résidence du chef de l'Etat.
M. Démafouth a précisé qu'au matin du 30 mai, il avait obtenu du matériel supplémentaire pour le général Bozizé et ses hommes, afin qu'ils reprennent aux putschistes le camp Kassaï, au sud-est de Bangui, mais que ces hommes et leur équipement avaient été aperçus à l'opposé de la ville, dans les quartiers sud-ouest tenus par les mutins.
Il a ajouté avoir ordonné à M. Bozizé d'envoyer des éléments pour sécuriser le terminal pétrolier de Bangui, mais que le général n'y avait envoyé que 12 hommes, rapidement encerclés par les putschistes.
L'ancien ministre a en outre réaffirmé avoir, avant le 28 mai, débloqué au général Bozizé et au chef de la gendarmerie, le général François N'Djadder, des primes destinées aux soldats composant les patrouilles de nuit et les piquets d'alerte mis en place préventivement au sein de l'armée.
Or ces sommes n'ont jamais été versées aux soldats, rendant ces mesures d'alerte inopérantes, s'est-il étonné.
Vendredi, M. Démafouth avait indiqué avoir informé, dès janvier 2001, le président Patassé, de la préparation de trois complots: le premier par des proches de M. Kolingba, le second par M. Bozizé, le troisième par le général N'Djadder, abattu la nuit du 28 mai dans circonstances mystérieuses.
"A un moment, le commandement militaire a flotté et l'autorité suprême (ndlr: le chef de l'Etat) a été obligée de le confier au ministre de la Défense", a pour sa part révélé le général Bombayake, chef de l'USP.
M. Bombayake et l'ex-adjoint de M. Bozizé, le général Mazi, ont également témoigné du comportement, à leurs yeux, ambigu du général Bozizé, et du fait que les opérations s'étaient mieux déroulées lorsqu'elles avaient été prises en main par M. Démafouth, à partir du 30 mai.
Le ministre jouissait alors visiblement la confiance du chef de l'Etat. C'est à lui, a-t-il affirmé, que le président avait demandé de contacter le chef rebelle congolais, Jean-Pierre Bemba, pour lui demander des renforts en hommes contre les putschistes, qui avaient été envoyés.
Deux mois après, M. Démafouth était arrêté sur la foi d'une écoute téléphonique dont il conteste l'authenticité, mais d'après laquelle il réclamait en vain à M. Bemba un soutien en hommes... pour renverser à son tour le président Patassé.
Cet aspect du dossier devrait être examiné dans les prochains jours.
(1)Précision contenue dans la version diffusée à 13h23