Reprise du procès des auteurs présumés du putsch raté du 28 mai 2001: audience du 22 février

AFP, Bangui, 22 fév 2002 - 12h16 - Le procès des auteurs présumés de la tentative de coup d'Etat du 28 mai 2001 en Centrafrique, dont l'audience avait été levée la veille, a repris vendredi en fin de matinée à Bangui, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'audience de vendredi est consacrée à l'examen du cas d'un premier groupe d'accusés, composé de l'ex-ministre de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, et d'une vingtaine de militaires.

A l'ouverture des débats, le président de la Cour criminelle de Bangui, Zacharie Ndouba, a demandé à M. Démafouth, accusé d'"atteinte à la sûreté de l'Etat", s'il reconnaissait les faits qui lui sont reprochés.

"Je ne reconnais rien et je plaide non coupable", a répondu M. Démafouth.

Jeudi, peu après le rejet par la Cour de plusieurs requêtes déposées la veille par les avocats de la défense, contestant la régularité de la procédure ou la compétence de la Cour, l'audience avait été levée en raison de l'absence des témoins appelés à déposer dans le cas Démafouth.

Ces témoins, parmi lesquels l'ex-ministre de l'Intérieur, Théodore Biko, le directeur général de la police, Joël Moïdamse Sinfeï, et le directeur général de l'Unité de Sécurité présidentielle, Ferdinand Bombayéké, étaient présents vendredi, a constaté l'AFP.

Ce procès, au cours duquel seront jugées 680 personnes, dans leur immense majorité par contumace, s'était ouvert le 15 février avant d'être ajourné au mercredi 20.


Jean-Jacques Démafouth nie être mêlé au putsch manqué du 28 mai 2001

AFP, Bangui, 22 fév 2002 - 18h27 - L'ancien ministre centrafricain de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, a nié vendredi, au cours du procès des auteurs présumés du putsch avorté du 28 mai 2001, avoir voulu renverser le président Ange-Félix Patassé, tout en mettant en cause la haute hiérarchie militaire.

"Je ne reconnais rien et je plaide non coupable", a déclaré M. Démafouth devant la Cour criminelle de Bangui, devant laquelle il comparaît pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".

Limogé et détenu depuis le 26 août, l'ex-ministre de la Défense est accusé d'avoir fomenté un complot parallèle au coup d'Etat manqué du 28 mai, notamment en ayant demandé ultérieurement au chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba un appui en hommes, lors d'une conversation téléphonique dont il conteste l'authenticité.

Cette partie du dossier Démafouth n'a pas encore été abordée lors de ce procès qui s'est ouvert le 15 février et au cours duquel seront jugées 680 personnes, dans leur immense majorité par contumace.

Lors de l'audience de vendredi, ce dernier a révélé avoir averti le président Patassé, dès janvier 2001, de l'existence de trois projets visant à le renverser.

Ces projets avaient été préparés, selon lui, par l'ancien chef d'état-major des Forces armées centrafricaines (FACA), le général François Bozizé, l'ancien directeur général de la gendarmerie, le général François N'Djadder Bedaya, et par des membres de l'ethnie yakoma considérés comme des proches de l'ancien chef d'Etat André Kolingba.

Les généraux Bozizé et N'Djadder n'avaient jamais été mis en cause jusqu'à présent dans l'attaque du 28 mai 2001 qui a vu un commando d'une centaine d'hommes attaquer sans succès la résidence du président Patassé. Cette attaque est toujours imputée par Bangui à l'ancien président Kolingba.

Le général N'Djadder avait été assassiné lors des combats en voulant défendre, selon la version officielle, la résidence du président Patassé, tandis que l'ancien chef des FACA n'a été accusé de tentative de coup d'Etat que plusieurs mois après ces événements, ce qui a provoqué sa fuite au Tchad en novembre dernier.

L'accusé Démafouth a ensuite fait état de "rapprochements entre les trois groupes" dès le mois d'avril 2001, sans toutefois apporter de détails ou de preuves à la Cour criminelle.

Plusieurs témoins seront en revanche entendus à sa demande le 25 février afin de confirmer les fréquents déplacements du général Bozizé dans un quartier de la capitale connu pour être un fief de Kolingba.

"Les rumeurs de coup d'Etat se faisant de plus en plus persistantes, c'est ainsi que le chef de l'Etat a tenu une réunion le 23 mai 2001 avec les ministres en charge de la Défense et de la Sécurité", a poursuivi M. Démafouth, évoquant les consignes du président Patassé pour une mobilisation des forces armées.

"J'ai été surpris de constater que les militaires n'étaient pas consignés dans les casernes", a-t-il souligné devant la Cour, mettant implicitement en cause les généraux Bozizé et N'Djadder.

L'ancien ministre a été soutenu sur ce point par les témoins cités à comparaître vendredi, deux officiers supérieurs qui ont confirmé ne pas avoir reçu de consignes.

Ces témoins ont en revanche été incapables de confirmer que M. Démafouth avait effectivement versé l'argent prévu pour des primes versées aux soldats en cas de mobilisation.

"Démafouth est en train de nous mentir", s'est contenté de déclarer le procureur général de la Cour criminelle, Joseph Bindoumi, promettant la présentation d'éléments à charge ultérieurement.

La Cour criminelle a finalement suspendu l'audience jusqu'au lundi 25 février. Elle se poursuivra alors par l'audition de nouveaux témoins et l'interrogatoire de l'ancien ministre de la Défense, accusé vedette et seul responsable de haut niveau présent à ce procès.


Actualité Centrafrique - Dossier 9