LOME, 5 nov (AFP) - 20h51 - Le colonel centrafricain Abdoulaye Miskine, considéré par N'Djamena comme un ex-rebelle tchadien, est arrivé mardi soir à Lomé en provenance de Bangui, a appris l'AFP de source gouvernementale togolaise.
Le départ de Centrafrique du colonel Miskine constituait l'un des éléments-clés de l'accord de Libreville conclu le 2 octobre par les chefs d'Etat d'Afrique centrale en vue de désamorcer la crise persistante entre Bangui et N'Djamena.
Mardi en fin de matinée, un Tupolev libyen était stationné sur l'aéroport de Bangui. C'est à bord de cet avion, piloté par un équipage civil libyen, que Miskine devait quitter la Centrafrique pour le Togo.
Un contingent libyen assure la sécurité du président Patassé depuis la tentative de coup d'Etat de mai 2001.
Le gouvernement tchadien, que Bangui accuse d'être impliqué dans la dernière tentative de coup d'Etat, reprochait à Miskine d'avoir commis depuis un an des exactions contre des ressortissants tchadiens au nord de la Centrafrique.
N'Djamena lui impute également la responsabilité des "massacres" de 150 civils tchadiens, le 31 octobre dernier à Bangui, au lendemain de l'échec de l'offensive des hommes de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé.
Les autorités centrafricaines ont démenti l'existence de tels massacres.
Avant ces événements, Miskine avait été chargé par les autorités centrafricaines de sécuriser sa frontière nord, limitrophe du Tchad.
Le président Patassé rend hommage à Abdoulaye Miskine
BANGUI, 5 nov (AFP) - 15h42 - Le président centrafricain, Ange-Félix Patassé, a rendu mardi hommage à Abdoulaye Miskine, un colonel centrafricain considéré par le Tchad comme un ancien rebelle tchadien, avant son départ en exil pour le Togo, annoncé plut tôt par le gouvernement de Bangui.
M. Patassé, qui s'exprimait pour la première fois depuis le coup de force repoussé des partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, a qualifié d'"injustice" le départ forcé de l'homme qu'il avait chargé depuis un an de sécuriser la frontière de la RCA avec le Tchad.
L'éloignement d'Abdoulaye Miskine de la RCA a été accepté par M. Patassé le 2 octobre à Libreville lors d'un sommet de chefs d'Etats d'Afrique centrale destiné à apaiser les tensions entre le Tchad et la Centrafrique.
"Il m'a été demandé par mes pairs de faire un effort pour sauver la face du président (tchadien Idriss) Deby, j'ai accepté ce sacrifice mais c'est de l'injustice", a martelé le président centrafricain lors d'une cérémonie à sa résidence privée.
Bangui annonce le départ des rebelles congolais du MLC, Miskine éloigné
BANGUI, 5 nov (AFP) - 17h15 - Les autorités centrafricaines ont annoncé mardi le départ imminent de Bangui de leurs alliés rebelles de République démocratique du Congo (RDC) et l'éloignement au Togo du controversé Abdoulaye Miskine, pomme de discorde entre la Centrafrique et le Tchad depuis un an.
Les rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba "vont repartir chez eux dans deux ou trois jours", a annoncé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Jean-Edouard Koyambounou.
Ces combattants, estimés à 400, sont venus prêter main forte au régime du président centrafricain, Ange-Félix Patassé, lors du coup de force déclenché le 25 octobre par les partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain, François Bozizé.
Les Congolais ont joué un rôle déterminant dans l'attaque loyaliste qui a chassé mercredi dernier hors de Bangui les rebelles centrafricains.
Mais ils ont été accusés de s'être livrés par la suite à des pillages et des viols dans les quartiers nord de Bangui, créant un fort sentiment de peur parmi les Banguissois.
L'annonce de leur départ à d'ailleurs été faite à la suite d'un mouvement de panique bref mais généralisé à Bangui, sans raison apparente.
Vers 11H00 locales (10H00 GMT), les habitants se sont mis à courir en tous sens, quittant bureaux et commerces dans la précipitation, alors que des véhicules circulaient à vive allure en faisant des appels de phares, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le porte-parole du gouvernement centrafricain a dû intervenir à la radio en langue nationale sango pour calmer les esprits.
"La présence (...) de nos frères venus nous prêter main forte a été interprétée autrement et suscité la panique dans la ville", a-t-il dit.
"Nous attendons les troupes de la CEMAC (Communauté économique de l'Afrique centrale) pour les remplacer", a-t-il ajouté.
Un contingent précurseur de cette force prévue par l'accord conclu début octobre à Libreville entre chefs d'Etat d'Afrique centrale, en vue d'apaiser la tension entre Tchad et RCA, est attendu les jours prochains à Bangui. Il doit être composé d'environ 180 militaires gabonais.
C'est également en application d'un point de cet accord que les autorités de RCA ont annoncé que le colonel centrafricain Abdoulaye Miskine, considéré par N'Djamena comme un ancien rebelle tchadien, quittait mardi la capitale centrafricaine pour le Togo.
M. Miskine, qui avait été chargé par le président Patassé de sécuriser la frontière de la RCA avec le Tchad, devait embarquer pour Lomé à bord d'un avion Libyen.
Ce personnage, dont même l'identité est controversée, a été accusé par le Tchad ces 11 derniers mois d'exactions contre des civils tchadiens au nord de la RCA.
N'Djamena l'a en outre désigné comme responsable du "massacre" de 150 civils tchadiens, jeudi dernier, au nord de Bangui, dont le gouvernement de Bangui a démenti l'existence. Le Tchad réclame la constitution d'une commission d'enquête internationale indépendante sur ces faits.
Le président Patassé, s'exprimant pour la première fois depuis les derniers troubles de Bangui, a rendu hommage à Miskine avant son départ, lors d'une cérémonie à sa résidence privée.
Il a réaffirmé qu'il n'était pas l'homme recherché par N'Djamena mais un Centrafricain répondant au nom de Koumtan Madji Martin
"Il m'a été demandé par mes pairs de faire un effort pour sauver la face du président (tchadien Idriss) Deby, j'ai accepté ce sacrifice mais c'est de l'injustice", a-t-il commenté.
Un ancien ministre centrafricain, Charles-Armel Doubane, exilé à Paris, a appelé à l'organisation d'un dialogue inter-centrafricain sans exclusive et dénoncé la présence à Bangui des rebelles du MLC.
M. Doubane a estimé que le président Patassé, qui a fait appel "à cette horde de brigands", portait "l'entière responsabilité" de leurs exactions.