BANGUI, 8 février (AFP) - 14h35 - Une quarantaine de ressortissants tchadiens sont en garde à vue depuis quelques jours dans les locaux de la gendarmerie et dans d'autres centres de détention à Bangui, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Ils sont placés en garde à vue pour nécessité d'enquête", a déclaré à l'AFP un gendarme sous couvert de l'anonymat. "Seule l'enquête déterminera leur implication. Certains ont été arrêtés à Bangui, tandis que d'autres ont été appréhendés dans l'arrière-pays", a ajouté le gendarme.
"Nous sommes une vingtaine à la gendarmerie, mais il y en a également d'autres (dans des locaux de la gendarmerie) au bord du fleuve, et à la SERD (section d'enquête, de recherche et de documentation - considérée comme une police politique)", a confié à l'AFP un des Tchadiens retenus.
"Cela fait cinq jours que je suis là, a-t-il ajouté, mais certains sont déjà là depuis plus d'une semaine".
Selon une autre source indépendante à Bangui, contactée depuis Libreville, le nombre de Tchadiens interpellés, des civils installés pour la plupart de longue date en Centrafrique, atteint la centaine. Parmi ceux-ci, une vingtaine auraient été remis en liberté après versement d'une caution allant de 100.000 à 200.000 FCA (de 150 à 300 euros).
Après le putsch manqué du 25 octobre, quelques ressortissants tchadiens avaient été arrêtés. Par ailleurs, N'djamena avait accusé Bangui du massacre d'environ 150 ressortissants tchadiens, perpétré notamment, selon le Tchad, par les services de sécurité et les rebelles congolais appelés à son secours par le président Ange-Félix Patassé.
Bangui avait réfuté ces accusations et annoncé la mise en place d'une commission d'enquête pour établir les faits et déterminer les responsabilités.
Mais les autorités centrafricaines n'ont cessé d'accuser le Tchad d'être derrière la rébellion du général François Bozizé qui s'est emplantée dans le nord et le nord-ouest du pays après l'échec de la tentative de coup d'Etat.
Selon le président Patassé, 85% (bien 85%) des assaillants sont des Tchadiens.
Courant décembre, une trentaine de femmes tchadiennes s'étaient réfugiées à l'ambassade du Tchad à Bangui, demandant à être rapatriées parce que leurs époux n'étaient plus réapparus depuis leur arrestation par les rebelles congolais.
Par ailleurs, de nombreux témoignages ont également fait état d'arrestations de ressortissants tchadiens dans les zones occupées par la rébellion et reprises ensuite par les forces fidèles au président Patassé.