Faits du jour (13 juin 01): Radio Bangui, Dondon et la question RDC, ATT à Bangui, Ziguélé et les exactions
La radio nationale centrafricaine recommence à émettre à Bangui
La radio nationale centrafricaine a repris mercredi ses émissions après 16 jours d'une interruption due au sabotage de ses installations par les auteurs du coup d'Etat manqué du 28 mai, a constaté le correspondant de l'AFP à Bangui.
"Radio Centrafrique" n'a cependant pas encore repris sa grille de programmes normale, se contentant de diffuser sur 106.9 FM de la musique de variétés entrecoupée d'émissions d'animations.
La réception en ondes courtes et en ondes moyennes n'a cependant pas repris, note-t-on.
La diffusion avait été brutalement interrompue juste après l'attaque, dans la nuit du 27 au 28 mai, de la résidence du président Ange-Félix Patassé par un commando d'hommes lourdement armés.
Les putschistes, qui s'étaient rapidement emparés de l'émetteur central de Bimbo (sud-ouest de Bangui), n'en ont été délogés par les forces loyalistes que le 6 juin.
En attendant la réparation des installations par des techniciens centrafricains aidés de spécialistes chinois, les autorités avaient mis en place dès le 2 juin une station "Radio paix et liberté", diffusant depuis la résidence du chef de l'Etat sur 88.00 FM
Le président de l'Assemblée réclame la dissolution du parti de Kolingba, le RDC
Le président de l'assemblée nationale centrafricaine, Luc Apollinaire Dondon-Konamabaye, a préconisé mercredi à Bangui la dissolution du parti politique de l'ancien président André Kolingba, auteur présumé du putsch avorté du 28 mai.
"Le président fondateur du Rassemblement démocratique centrafricainayant réclamé la paternité du coup d'Etat manqué, il convient d'envisager les procédures administratives de dissolution du parti conformément aux dispositions de la Constitution et de la loi organique sur les partis", a-t-il déclaré.
M. Dondon-Konamabaye s'exprimait devant une cinquantaine de députés, pour la plupart de la majorité, à l'occasion de la cérémonie de clôture de la première session ordinaire du parlement, prévue à l'origine le 29 mai.
Le RDC de M. Kolingba constitue, avec 20 députés, la principale formation parlementaire d'opposition.
Selon la législation centrafricaine, la dissolution d'un parti politique peut être prononcée par l'autorité judiciaire, saisie par le ministère de l'Administration territoriale (Intérieur).
Le président de l'Assemblée a par ailleurs dénoncé "l'amalgame tendancieux visant à présenter à tort les bourreaux du peuple centrafricain comme les victimes supposées des forces loyalistes".
Sans nommer l'ethnie Yakoma de M. Kolingba, il a estimé que l'effort de réconciliation mené depuis les mutineries de 1996-97 venait de "s'écrouler comme un château de cartes par l'action d'une minorité pourtant exogène, assimilée et intégrée, imbue de suprématie et assoiffée de pouvoir".
"Pas de guerre tribale" en Centrafrique, selon le Premier ministre (2e version du papier)
Le Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé a tenu mercredi à rassurer la communauté internationale en affirmant qu'il n'y avait "pas de guerre tribale" dans son pays.
De son côté, le président de l'Assemblée nationale, Luc Apollinaire Dondon-Konamabaye réclamait la dissolution du parti de l'ancien président de la République, le général André Kolingba, toujours en fuite.
Le Premier ministre, qui faisait sa première apparition publique depuis le putsch manqué du 28 mai, a par ailleurs souligné l'urgence d'une aide internationale en faveur des victimes des combats et des quelque 88.000 personnes déplacées.
"C'est la pire catastrophe qu'on pouvait imaginer pour ce pays en ce moment", a-t-il déclaré devant les ambassadeurs accrédités à Bangui et les représentants des agences onusiennes, évoquant la très mauvaise situation financière et sociale qui prévaut en Centrafrique depuis de nombreux mois.
"La RCA vient de traverser une crise majeure due à une tentative de prise de pouvoir par la force. Je tiens à réaffirmer qu'il ne s'agit pas d'une guerre tribale mais bien d'un coup d'Etat" organisé "par le soldat Kolingba", a-t-il assuré.
M. Ziguélé, nommé le 1er avril dernier à la tête du gouvernement, répondait ainsi aux rumeurs d'exactions visant depuis l'échec du putsch des membres de l'ethnie minoritaire Yakoma de l'ancien président Kolingba.
"Le gouvernement ne veut pas et n'a jamais pensé identifier Kolingba à une tribu", a-t-il souligné en marge de cette réunion.
"Lui et ses acolytes sont seuls responsables, et dans ces cas là, la responsabilité est toujours individuelle", a-t-il ajouté, promettant "un procès équitable" pour les responsables du coup d'Etat manqué et leurs complices.
Campant sur une ligne beaucoup plus virulente, le président de l'Assemblée nationale, M. Dondon-Konamabaye, a dénoncé un peu plus tard dans la matinée "l'amalgame tendancieux visant à présenter à tort les bourreaux du peuple centrafricain comme les victimes supposées des forces loyalistes".
Devant une cinquantaine de députés, pour la plupart de la majorité, présents à la cérémonie de clôture de la première session ordinaire du parlement, prévue à l'origine le 29 mai, il a préconisé la dissolution du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) de M. Kolingba.
"Le président fondateur du RDC ayant réclamé la paternité du coup d'Etat manqué, il convient d'envisager les procédures administratives de dissolution du parti", a lancé à la tribune M. Dondon-Konamabaye, membre du Mouvement pour la libération du peuple centrafricain (MLPC, au pouvoir).
Fort de 20 députés sur un total de 109, le RDC constitue le première formation parlementaire de l'opposition.
Selon la législation nationale, la dissolution d'un parti politique peut être prononcée par l'autorité judiciaire, saisie par le ministère de l'Administration territoriale (Intérieur).
Sans nommer l'ethnie Yakoma, le président de l'Assemblée a estimé que l'effort de réconciliation mené depuis les mutineries de 1996-97 venait de "s'écrouler comme un château de cartes par l'action d'une minorité pourtant exogène, assimilée et intégrée, imbue de suprématie et assoiffée de pouvoir".
Parallèlement à cette timide reprise de la vie politique, Bangui continuait mercredi de retrouver un visage presque normal, en dépit de nombreux contrôles et patrouilles militaires. Sur les grandes avenues, on croisait des familles regagnant leurs quartiers avec des carrioles chargées de sacs et de meubles.
La radio nationale a repris mercredi ses émissions après 16 jours d'une interruption due au sabotage de ses installations par les putschistes. "Radio Centrafrique" n'a cependant pas encore repris sa grille de programmes normale, se contentant de diffuser sur modulation de fréquence (FM) de la musique de variétés entrecoupée d'émissions d'animation.
Arrivée à Bangui de l'ex-président malien Amadou Toumani Touré
L'ex-président malien Amadou Toumani Touré, chargé par l'ONU d'atténuer les tensions en République centrafricaine (RCA) après le coup d'Etat manqué du 28 mai, est arrivé mardi en fin de matinée à Bangui, a-t-on appris de source officielle.
L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan devrait rester une dizaine de jours dans la capitale centrafricaine, selon cette même source.
Il est porteur d'un message de M. Annan au président centrafricain Ange-Félix Patassé et il devrait prendre contact avec toutes les parties en conflit, avait indiqué son entourage à son départ de Bamako. Son programme n'a cependant pas été précisé.
Le général Toumani Touré arrive en terrain connu puisqu'il a présidé le Comité international de suivi (CIS) des accords de Bangui, qui a supervisé le retour à la normale après la dernière mutinerie de 1997.
Il se trouvait depuis dimanche au Gabon, où il a rencontré le président Omar Bongo à propos de la situation à Bangui. M. Bongo avait dirigé la Médiation africaine sur la crise en RCA après les trois mutineries de 1996-97.
Cinquante-neuf personnes ont été tuées et 80.000 déplacées à la suite de la tentative de putsch du 28 mai menée, selon Bangui, par l'ancien président André Kolingba, qui a réussi à prendre la fuite.
L'armée centrafricaine a repris le 7 juin le contrôle total de Bangui avec l'aide des rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba et le soutien logistique de la Libye.