La situation humanitaire, selon la COOPI, se normalise à Bangui
La situation humanitaire se normalise peu à peu dans la capitale centrafricaine Bangui, où trois mois après le putsch avorté du 28 mai dernier, la plupart des 80.000 Banguissois ayant fui les combats ont regagné leurs quartiers.
"On est en train de revenir un peu à la situation de départ", estime Claudio Tarchi, le responsable en République centrafricaine (RCA) de l'ONG italienne Cooperazione Internationale (COOPI), la plus active sur le terrain.
Sur les 80.000 personnes ayant fui dans une extrême précarité les combats qui ont fait rage pendant les 10 jours consécutifs à l'attaque nocturne de la résidence du président centrafricain Ange-Félix Patassé, environ "7 sur 8" sont rentrés.
Dans la région de la Lobaye, au sud de Bangui, il restait environ 21.000 déplacés il y a trois semaines et "leur nombre s'est encore réduit de façon significative", explique M. Tarchi.
"Nous ne disposons pas encore de recensement, mais nous estimons qu'ils sont aujourd'hui entre 10 et 13.000", ajoute-t-il.
Le mouvement de retour s'était amorcé dès la fin des combats. Avec l'appui de l'Unicef et du Programme alimentaire mondial (PAM), Coopi a mis en place tout au long de l'été un programme d'aide alimentaire aux personnes les plus vulnérables.
Au total, ce sont plus de 700.000 rations chaudes qui ont été distribuées aux enfants de Bangui, soit 17.0000 repas quotidiens, grâce à une équipe de 300 volontaires qui remettaient eux-même chaque ration en mains propres, pour éviter qu'elles ne soient revendues en ville.
Plus de 300.000 rations ont également été distribuées aux femmes enceintes de la capitale.
Selon les responsables des ONG humanitaires, le mouvement de retour devrait se poursuivre, bien qu'il soit encore difficile d'en prévoir l'ampleur.
"Il faudra attendre la rentrée scolaire pour se faire une idée plus précise", explique l'un d'eux car "pendant l'été, les gens ont l'habitude de rentrer dans leurs villages pour la saison de récolte des chenilles dans la forêt."
Plusieurs milliers de déplacés ayant de la famille dans cette région ont par ailleurs commencé à s'installer et à cultiver et ne rentreront vraisemblablement pas.
Reste le problème délicat posé par les 10 à 12.000 Centrafricains qui ont fui Bangui par le fleuve Oubangui pour se réfugier sur l'autre rive à Zongo, en République démocratique du Congo (RDC), dans la région contrôlée par les rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba.
Parmi ces réfugiés figurent en effet de nombreux éléments ayant participé activement au putsch manqué. Selon le chiffre les plus couramment cité à Bangui, sans que personne ne puisse en préciser l'origine, ils seraient de l'ordre d'un millier d'hommes en armes.
Le chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba aurait lui-même demandé au Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations Unies de déplacer tous ces réfugiés à 45 kilomètres à l'intérieur des terres.
"Il semble en effet difficile de maintenir sur une frontière aussi chaude et perméable ces réfugiés avec autant d'hommes armés", estime Claudio Tarchi, tout en soulignant les difficultés logistiques énormes pour établir un vaste camp de réfugiés dans cette région.
AFP, Bangui, 6 septembre 2001 - 10h54