Sozaboy De Ken Saro-Wiwa (Nigeria) au TILF du 5 au 23 avril 2005
Théâtre du Labrador
Théâtre des Quartiers dIvry
Théâtre international de langue française
présentent
SOZABOY (Pétit Minitaire)
De Ken Saro-Wiwa
Roman écrit en " anglais pourri " (NIGERIA)
Traduit par Samuel Millogo et Amadou Bissiri
Publié aux Editions Actes Sud, collection Afriques
Réédition Babel
Adaptation scénique et mise en scène : Stéphanie Loïk
avec Hassane Kassi Kouyaté
et D de Kabal (slam)
dans le cadre des Brûlots dAfrique programmés par le Théâtre des Quartiers dIvry
Du 21 mars au 26 mars 2005
à Gare au Théâtre (Vitry)
Du 5 avril au 23 avril 2005
au Théâtre international de langue française (TILF)
Générale de presse le lundi 21 mars 2005 à 20h30
Gare au Théâtre de Vitry
COPRODUCTION : Théâtre du Labrador/Théâtre des Quartiers dIvry
Le Théâtre du Labrador est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication
Contact presse
Pascal ZELCER
Tél. : 01 48 02 44 94 Mobile : 06 60 41 24 55 pzelcer@aol.com
Lumières et régie générale : Gilles Bouscarle
Conception musicale : Jacques Labarrière
Assistant mise en scène : Igor Oberg
dans le cadre des Brûlots dAfrique programmés par le Théâtre des Quartiers dIvry
Du 21 mars au 26 mars 2005 à GARE AU THEATRE (Vitry)
13, rue Pierre Sémard 94400 Vitry
RER C Station : Vitry-sur-Seine
Réservations Théâtre des Quartiers dIvry : 01 43 90 11 11
Du lundi au samedi à 20h30
Tarifs : 19 12 - 8
Du 5 avril au 23 avril 2005 au Théâtre international de langue française
(TILF) Parc de La Villette, derrière la grande Halle 75019 Paris
Métro : Porte de Pantin
Réservations : 01 40 03 93 95
Du mardi au samedi à 20h30. Mercredi à 19h30. Dimanche à 16h
Tarifs : 18 13 8
Tarif unique le mercredi : 10
A PROPOS DE SOZABOY
Sozaboy met en scène un adolescent de quatorze-quinze ans, doué dun appétit sans pareil, dune faconde et dun regard naïf impayables. Pour le prestige de luniforme, mais aussi pour son malheur, il va sengager dans larmée. Sans savoir pour qui il va combattre, ni contre quel ennemi, ni pour défendre quelle cause, Méné se retrouve emporté par le courant dune guerre (celle du Biafra, jamais explicitement nommée). Après trois années dépreuves qui vont le broyer, il aura perdu sa mère, son épouse, sa maison, son village, jusquà son image, puisquon le prendra pour un fantôme. Reste la vie et le regard étonnant quil porte sur elle.
Sozaboy est lun des grands chefs-duvre de la littérature africaine. Ce roman tient sa force de la langue choisie par Ken Saro-Wiwa " un anglais pourri ", mélange de pidgin, danglais dégradé ou idiomatique, demprunts aux langues nigérianes et de créations dont la traduction française rend parfaitement compte.
Originale et bouleversante, voici lune des plus efficaces dénonciations de la guerre et de ses folies.
Lauteur, Ken Saro-Wiwa, sabstient de tout commentaire, de toute explication, de tout jugement : comme dans un texte théâtral, dans un long monologue, il délègue totalement à son personnage le regard et la parole sur ce terrible conflit, auquel celui-ci ne comprend pas grand-chose. Aussi Pétit minitaire a la dimension dune figure humaine et particulièrement pathétique : il nest pas en état de prendre distance par rapport aux événements quil vit dans son corps. Il les vit avec son cur de fils aimant, parti contre le gré de sa mère, avec son cur damoureux de sa toute jeune femme Agnès, restée au village.
Enfin, il les vit et il les rapporte à partir de la langue qui est la sienne.
Ce que Ken Saro-Wiwa compose, cest bien la tragédie de la dépossession de soi, de son destin, et surtout des siens. Jamais Sozaboy napparaît comme partie prenante dans ce conflit. Il nest pas concerné par ces enjeux politiques dont il na apparemment aucune conscience.
Jusquau bout il a voulu croire en son avenir auprès dAgnès et de sa mère, jusquau bout, il a rejeté (héroïquement, innocemment) la tentation du désespoir.
Tragédie dun monde sans dieu car, ici, le sacrifice na pas de sens et donc na rien de sublime.
Il demeure obscur et absurde.
Comme dans la tragédie antique, les dés sont pourtant jetés dès la première phrase :
Quand même, chacun était heureux à Doukana dabord.
Et comme dans une tragédie, le héros est soumis, impuissant à laccomplissement progressif de la prophétie.
KEN SARO-WIWA
" Lécrivain et opposant nigérian Ken Saro-Wiwa, 54 ans, a été pendu vendredi à Port-Harcourt ainsi que ses huit compagnons du MOSOP, Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni ".
Cest par ces mots que la dépêche 101945 de lAgence France Presse annonçait la mort de Ken Saro-Wiwa, le 10 novembre 1995.
Né en 1941, à Bori, dans le delta du Niger, Ken Saro-Wiwa a enseigné dans les universités de Nukka et Lagos, après des études danglais à Ibadan. Écrivain, à la fois romancier mais aussi auteur de feuilletons populaires pour la télévision, il avait créé et dirigeait sa propre maison dédition et présidait lUnion des écrivains nigérians. Il avait exercé des fonctions ministérielles entre 1968 et 1973 et était un homme daffaires avisé et un journaliste reconnu pour sa plume acerbe.
Ken Saro-Wiwa dérangeait car, outre son uvre décrivain, il était également un militant politique écologiste qui défendait avec force la minorité dont il était issu. Appartenant à la communauté ogoni (un demi-million de personnes dans létat enclavé de Rivers au sud-est du Nigeria) qui pour son malheur recèle sur ses terres des réserves pétrolières, la principale richesse du pays, Ken Saro-Wiwa revendiquait de façon pacifiste pour son peuple, "une autonomie politique, une juste part des richesses pétrolières et le droit de contrôler son environnement écologique dévasté par les compagnies pétrolières internationales, notamment la Shell, après plus de trente cinq années dexploitation ". Une attitude inadmissible pour le pouvoir militaire qui, à la suite dun simulacre de procès, condamna à mort et exécuta lécrivain et ses huit compagnons de lutte.
Ken Saro-Wiwa ajoutait son nom à la liste des écrivains qui, sur le continent africain comme dans dautres, ont payé de leur vie leur talent et leurs engagements. Il laisse une uvre qui mêle témoignage et fiction, au sein de laquelle un chef duvre démotion, de subversion et dinventivité, Sozaboy. Un roman qui ressemble à son auteur tant il témoigne des mêmes engagements. Un roman qui plonge dans les entrailles des horreurs de la guerre, celle des humbles, des faibles et des sans-grades, des oubliés de la vie et de la fortune.
Dans le désordre maîtrisé et revendiqué dune langue " pourrie ", Sozaboy inaugurait ainsi lentrée en littérature de la longue colonne blessée des enfants-soldats.
Bernard Magnier
Bibliographie :
Sozaboy (Pétit Minitaire)
Traduit par Samuel Millogo et Amadou Bissiri (Burkina-Faso), Actes Sud, collection Babel, 1998
Les autres titres de KEN SARO-WIWA
Outre Sozaboy, trois autres livres sont également disponibles en français :
Si je suis encore en vie
traduit par François Marchand-Sauvagnargues, Stock, 1997
Lemona
traduit par Kangni Alem, Dapper 2002
Mister B, millionnaire
traduit par Kangni Alem, Dapper jeunesse, 2003
NOTE DINTENTION
Il y a quelques années, je rencontrai Hassane Kouyaté qui jouait " Le lien du sang " dAthol Fugard à l'Espace Kiron et jeus envie de travailler avec lui, dinventer un projet qui parlerait de lAfrique, des enfants et des guerres.
Hassane est un grand acteur, un acteur dexception, non seulement conteur, musicien, diseur, danseur, mais aussi un être humain dont la générosité et le besoin de faire partager son histoire et la nôtre mont séduite.
Nous devions travailler ensemble sur un texte de Lionel Spycher, " 9 mm ", mais ce ne fût pas possible.
Alors le temps passa et Hassane me fit découvrir Sozaboy (Pétit minitaire) et nous avons décidé de faire cette aventure ensemble (je le mettrais en scène), dadapter ce roman extraordinaire mais de ne pas en faire seulement un monologue, dajouter à la voix, au corps, au chant du narrateur Hassane Kouyaté, la voix, le corps, le chant dun slameur, D de Kabal, voix elle aussi extraordinaire, un poète, un musicien qui traduit, à travers lunivers du slam, le monde qui nous entoure.
Hassane Kouyaté est africain, D de Kabal est français.
Tous deux, avec leur culture, leur langue, sont des guerriers.
Ils se battent pour un monde meilleur, un monde où la guerre ne pourrait plus exister, où lêtre humain pourrait être unique, vivant, joyeux, heureux, EN VIE.
Ces deux voix se mêleront à la musique, musique de là-bas, musique dici. Hassane est un griot, il conte, il chante, danse, joue des instruments de musique. D est un slameur-poète, il joue, chante et sa voix est son instrument.
Ce ne sera donc pas un spectacle sur la mort, mais une ode à la vie, car lamour peut faire " rester vivant ".
Méné, le pétit minitaire, aime sa femme, sa maman, et cela le fera survivre, passer les épreuves, même les plus terribles (croit-il ?).
Les mots, la musique, lespace et la lumière raconteront, je lespère, ce voyage " indicible ".
Le voyage se fera entre les rires et les larmes, même si, malheureusement, il faudra nous rappeler que les barbaries sont encore possibles partout et que lignorance et la bêtise peuvent mener à toutes les inepties, " les saloperies " où lHumain est souvent broyé, noyé. Mais quaussi, sil porte dans son cur lamour, dans sa tête lintelligence, il peut survivre, vivre et lutter, que rien nest inéluctable.
Voilà ce que nous allons essayer de raconter à partir de ce texte magnifique et le faire partager à des publics.
Ce que nous allons tenter de dire, cest que lhomme est multiple, plein de ressources, vivant, jour après jour.
ETRE ENFANT EN AFRIQUE
Aujourdhui lenfance change de façon très rapide et très radicale partout dans le monde, même dans les pays les plus riches et qui se disent les plus développés.
Mais cest dans les régions les plus pauvres et les plus politiquement instables, comme beaucoup de pays dAfrique, que ces changements prennent les formes les plus spectaculaires et semblent les symptômes dune véritable mutation sociale.
Bouleversées et décalées, les représentations de lenfance, instables et fortement ambivalentes, deviennent les signes brouillés dun monde inquiétant.
Dans le même temps, aux enfants-victimes des grandes catastrophes contemporaines déplacements de populations, famines, guerres, sida, etc sopposent les enfants-bourreaux, sauf que ce sont parfois les mêmes. Aux enfants gâtés sopposent les enfants des rues.
Des enfants sont vendus comme esclaves, dautres recrutés comme soldats et ceux-ci peuvent prendre le pouvoir ou aider à le prendre, comme le peuvent aussi ces enfants-sorciers que leurs parents redoutent.
Lenfance est devenue un état indéfinissable, sans frontières fixes, où tous les stéréotypes sont ébranlés, toutes les valeurs remises en question. Il est devenu difficile de chanter, comme pouvait le faire encore Senghor, la magie du royaume de lenfance.
Mais il est permis despérer que de ces bouillonnements naisse un monde nouveau.
" Nous sommes les victimes des exploitations et des abus de tous genres. Nous sommes les enfants de la rue. Nous sommes les enfants de la guerre. Nous sommes les orphelins du sida. Nous sommes les victimes et nos voix nont pas été entendues. "
" Il faut que cela cesse. Nous allons écrire pour témoigner ".
Quand la littérature africaine des dernières décennies prend lenfance pour objet et lenfant pour héros, ou même pour narrateur, elle dresse plutôt un sombre tableau de lenfance.
Entre Sozaboy de Ken Saro-Wiwa et Allah nest pas obligé dAhmadou Kourouma, deux romans dont les héros-narrateurs sont des enfants ou de très jeunes gens engagés comme soldats dans des conflits qui ne les concernent pas, la comparaison est intéressante.
Ce sont deux romans aux prises avec lhistoire, mais de façon très différente.
Sozaboy peut être lu comme un roman dapprentissage dans lequel le personnage cherche à tirer des leçons de son expérience, même s'il débouche finalement sur le désespoir.
Stéphanie LOÏK
En 1982, elle crée sa propre compagnie, le Théâtre du Labrador.
En 1992, elle est nommée directrice du Théâtre Populaire de Lorraine, Centre dramatique régional de Thionville.
En 2004, elle retrouve le Théâtre du Labrador, met en scène et joue NEIGE, de Maxence Fermine.
A mis en scène notamment :
A joué notamment avec :
Au cinéma, elle tourne, entre autres, avec Federico Fellini (La cité des femmes).
A la télévision, avec Jaime Jaimes (Les bâtisseurs dEmpire de Boris Vian, Les Mystères de New-York).
De plus, Stéphanie Loïk sest attachée à ce que certains spectacles puissent exister, bien avant que sa compagnie ne soit créée.
Jean-Paul Farré (Bons baisers du Lavandou de Christian Giudicelli, Feydeau-Farré-Loïk d'après Georges Feydeau)
Hassane Kassi KOUYATE
Né au Burkina-Faso dune famille de griots, Hassane Kassi Kouyaté est conteur, comédien, musicien, danseur et metteur en scène ; son apprentissage est traditionnel. Il joue dabord dans plusieurs compagnies africaines puis aborde le théâtre européen.
Il a fait la mise en scène de plusieurs spectacles :
Il donne des stages de formation dacteurs dans différents pays (Europe, Afrique, Asie et Amérique Latine).
En tant que comédien, il a participé à différentes créations en France, Italie, Suisse, Allemagne, Ile de la Réunion, Sénégal :
Il a joué dans plusieurs courts et longs-métrages :
² Le pari de Bintou² de Kristen Riberholdt, ² Sans Souci² de Jean-Michel Isabel, ² Macadam tribu² de José Laplaine, ² Saraka bô² de Denis Amar.
Il a également composé la musique de différents films.
Il a créé une association nommée Tama Evènements qui produit et organise des événements culturels et artistiques en collaboration avec des municipalités, des festivals, des collectivités, des entreprises, des associations et des artistes.
- Création de La Maison de la Parole (Centre régional des Arts du récits et des traditions orales) à Bobo-Dioulasso.
- Création du Festival africain de Ris-Orangis en collaboration avec le Funansonbule.
- Création du Festival international de conte, musique et danse (YÉLEEN) de Bobo-Dioulasso.
- Création du Carnaval des enfants à Bobo-Dioulasso.
- Conceptions de plusieurs événements culturels et artistiques.
- Maîtrise duvre de la programmation "conte" dans le cadre d'Afrique en Création, manifestation inscrite au programme officiel de la célébration de lan 2000 en France.
- Concepteur dramaturgique pour la mise en scène de "Larbre à Palabres" dans le cadre de lExposition universelle 2000 à Hanovre, présentation commune du CILSS.
Le travail dHassane, basé sur la tradition africaine, sest enrichi de son expérience en Europe.
D' de Kabal
D' a fondé le groupe KABAL en 1992 avec Djamel.
Il découvre le slam en 2002, et crée le label Asphaltiq avec Yed, Rital et Check Da. Il participe à la fondation du collectif Slam S.M.5.8. avec Nada, slameur emblématique de la scène parisienne, et Felix Jousserand, slameur et fondateur des éditions SPOKE.
Il a enregistré plusieurs albums :
Il a également participé à de nombreux albums, dont notamment :
D' a effectué de nombreuses tournées, nationales et européennes.
Au théâtre, il a joué dans plusieurs pièces :
Il participe aussi a l'élaboration de projets artistiques, comme "Perturbation/Chaos" dans le cadre du festival Son d'hiver, en compagnie du collectif Perturbation et de la troupe Génération Chaos.
A coté de la scène, D' mène un peu partout en France des ateliers d'écriture dans de nombreuses structures encadrant des jeunes, ainsi qu'avec des mineurs en détention.
Son premier livre, La bulle (contes ineffables volume II) est sorti en 2003 aux éditions Spoke.
RENDEZ-VOUS AUTOUR DU SPECTACLE
En écho, rencontres
littéraires proposées et animées par Bernard Magnier :
mercredi 13 avril à lissue de la
représentation :
Autour de Ken Saro-Wiwa
avec Kangni Alem écrivain togolais et traducteur
de Ken Saro-Wiwa
mercredi 20 avril à lissue de la
représentation :
Traduire lAfrique
avec Jean-Pierre Richard, traducteur de nombreux
auteurs dAfrique australe et
Elise Argaudnigérian Helon Habila.
traductrice dEn attendant un ange du
Entrée libre
Réservation indispensable au 01 40 03 93 95
Soirées " carte
blanche " :
dimanche 10 avril à 20h : Carte blanche à Dde
Kabal
dimanche 17 avril à 20h : Carte blanche à Hassane
Kassi Kouyaté
Tarif unique pour chaque soirée carte blanche :
10
Contact
: Maud Resmond
Théâtre international de langue française
Parc de la Villette
211 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Tél : 01 40 03 93 94 mail : relationspubliques.tilf@wanadoo.fr
Des photos de répétition sont visibles sur www.tilf
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