Conflit en RDC, l'accord de Lusaka et le facilitateur Ketumile Masire
Entretien entre Ketumile Masire et le président Patassé à Bangui
Le médiateur officiel du processus de paix en République démocratique du Congo (RDC), Ketumile Masire, s'est longuement entretenu mardi avec le président centrafricain Ange-Félix Patassé pour débattre de sa médiation, a-t-on appris mercredi de source officielle.
L'ancien président du Botswana a pu évoquer au cours de cet entretien "des avancées et reculs enregistrés dans ses efforts de médiation, et des difficultés dans l'application des accords de (paix) de Lusaka", a rapporté la radio nationale centrafricaine sans donner plus de détails.
M. Masire, qui s'est déclaré "attaché aux accords de Lusaka", a peu évoqué "la nouvelle donne caractérisée par la mort de Laurent-Désiré Kabila et sa succession par son fils Joseph Kabila", a néanmoins précisé la même source.
Le chef de l'Etat centrafricain a de son côté proposé au médiateur un plan de paix détaillé comprenant notamment "l'évacuation par les forces en présence d'un corridor pour permettre le déploiement par les Nation unies d'une force tampon", "la constitution d'un conseil de chefs d'Etat africains pour poursuivre les négociations" et "le retrait des forces d'occupation", a encore indiqué la radio nationale.
L'accord de Lusaka, solution honorable à la crise, selon Masire
Les accords de Lusaka signés en juillet 1999, demeurent la "solution honorable" pour toutes les parties en conflit en RD Congo, a déclaré dimanche à Brazzaville, M. Ketumile Masire, ancien président du Botswana et facilitateur dans la crise qui déchire depuis deux ans, la RD Congo.
"Je crois en Dieu. J'ai toujours pensé que l'ancien gouvernement de la RD Congo devait comprendre que le salut réside dans l'accord de Lusaka. J'espère que le nouveau gouvernement est capable de comprendre que la seule solution honorable pour toutes les parties reste cet accord", a déclaré l'ancien président Botswanais à la presse à l'issue d'un entretien avec le président Dénis Sassou Nguesso.
L'ancien chef de l'Etat du Botswana qui revient de Lomé où il a discuté de la situation en RD Congo avec le président Gnassingbé Eyadéma en sa qualité de président en exercice de l'OUA, a dit qu'il n'a pas encore eu de contacts avec les nouvelles autorités de la République démocratique du Congo.
Il a salué le rôle "discret" du président congolais dans la recherche d'une solution négociée à la crise en RD Congo.
Le facilitateur dans la crise en RD Congo compte se rendre lundi au Nigeria, pour s'entretenir avec le président Obasanjo de la situation en RD Congo, rappelle-t-on.
Lors du Sommet du Millénaire aux Etats-Unis, le président Sassou Nguesso avait souhaité être associé aux efforts de paix en RD Congo en raison des ramifications du conflit au Congo.
En novembre dernier, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan avait dépêché à Brazzaville, son représentant, Amara Ahissi venu constater sur le terrain, la réalité décrite par Sassou Nguesso dans la partie nord du pays où se sont installés plus de 120.000 ressortissants de la RD Congo.
Ces derniers fuient les combats qui opposent depuis plusieurs mois, dans la province de l'Equateur, les rebelles du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean Pierre Bemba aux troupes régulières.
Le vice premier ministre et ministre des Affaires étrangères belge, M. Louis Michel avait, vendredi dernier, apprécié "la vision des choses" par le président Sassou Nguesso qui l'avait reçu en audience.
M. Michel avait également déclaré que les accords de Lusaka devraient être relancés, estimant que le dialogue inter congolais regroupant tous les acteurs de la crise, demeurait la seule voie.
Le défunt président Laurent Désiré Kabila avait récusé M. Masire en l'accusant de partialité au profit de rebelles appuyés par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
M. Kabila avait alors sollicité la médiation du président gabonais Omar Bongo pour l'organisation de négociations inter congolais à Libreville.
Mais cette tentative a échoué en raison de l'absence des mouvements rebelles qui continuaient à réclamer l'application des accords de Lusaka.
Le nouveau président de la RD Congo, le général-major Joseph Kabila, fils de Laurent Désiré Kabila, n'a pas fait allusion à Masire dans son discours à la nation au lendemain de sa prestation de serment.
Mais il a demandé que l'accord de Lusaka soit relancé en vue de la recherche d'une solution négociée à la crise qui déchire la RDC depuis août 1998.