Le "Davos" d'Afrique australe appelle à agir contre l'afropessimisme
Près de 900 délégués, chefs d'Etat, représentants de gouvernements ou décideurs économiques ont ouvert mercredi à Durban (est) un Forum économique d'Afrique australe par des appels à lutter et agir concrètement contre les perceptions désespérées du continent.
Les perceptions de l'Afrique et de l'Afrique australe sont négatives depuis trop longtemps, a lancé le président sud-africain Thabo Mbeki en ouverture de ce "Davos" régional, en appelant le continent à s'unir derrière son Programme de renaissance de l'Afrique pour le Millénaire (MAP).
"Trop de choses ont mal tourné depuis trop longtemps... Si nous n'y arrivons pas maintenant, cela créera l'impression que nous sommes incapables de résoudre nos problèmes, et nous ne pouvons pas nous le permettre", a déclaré Mbeki.
Le MAP, co-préparé par Mbeki et les présidents algérien et nigérian, se veut une sorte de "Plan Marshall" pour l'Afrique, ambitieux plan de développement multisecteur combinant, avec l'aide des pays industrialisés, stratégie industrielle et d'investissements dans les technologies de l'information, les infrastructures, l'énergie et les transports.
Le programme avance et sera présenté en juillet au sommet du G-8 à Gênes (Italie), ainsi que lors d'un sommet de l'Organisation de l'Unité africaine, a assuré Mbeki au forum, qui se tient jusqu'à vendredi sous l'égide du Forum économique Mondial (WEF).
Le Forum doit notamment débattre de la situation du Zimbabwe pris dans une spirale de crise politique, économique et sociale, et de son impact sur les perceptions internationales de la région.
Celles-ci ont été au coeur des préoccupations mercredi à Durban, le secrétaire exécutif de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC, qui regroupe 14 pays), Prega Ramsamy, appelant à "corriger ces perceptions une fois pour toutes" et "dépeindre les points positifs pour attirer l'investissement étranger direct".
"L'Afrique australe est très stable socialement et politiquement. Il y a des poches d'instabilité, mais cela n'affecte pas la région dans son ensemble", a-t-il martelé.
Ramsamy a rappelé les succès macro-économiques de la région, les politiques monétaires prudentes, les taux d'inflation à un seul chiffre dans neuf états-membres, et l'énorme potentiel de développement de ce marché de 200 millions d'habitants, au PIB combiné de 176 milliards de dollars.
L'union sacrée pour l'avenir économique de la région s'est même étendue un instant au Zimbabwe, dont deux représentants et adversaires, le ministre des Finances Simba Makoni et l'opposant No1 Morgan Tsvangirai, ont appelé d'une même voix les investisseurs internationaux à ne pas se détourner de leur pays.
Interviewé par la télévision publique SABC à Durban, Makoni a appelé à "briser le cercle vicieux" au Zimbabwe, et jugé que "le moyen de le faire est pour les gens de prendre des risques" d'investissement. "Investir au Zimbabwe n'est pas un grand risque. Il y a des endroits beaucoup plus risqués où des investissements sont réalisés", a-t-il assuré.
Interviewé pour sa part, Moragn Tsvangirai, chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC - principal parti d'opposition), a estimé que le Zimbabwe est "bien entendu dans une crise profonde" dont il entend exposer les dimensions au Forum.
"Mais (...) il s'agit aussi d'assurer aux gens (au Forum) qu'au-delà de la crise, il y a des opportunités dans le pays", a déclaré Tsvangirai, qui jeudi doit participer à un débat en compagnie de Makoni.
Outre Thabo Mbeki, les présidents du Ghana John Kufuor et du Botswana Festus participent au Forum de Durban, ainsi que plusieurs dizaines de ministres de la région et du continent.
(AFP, DURBAN (Afrique du Sud), 6juin 2001 - 20:48)