Le général KEREKOU candidat pour un mandat : portait
Le général béninois Mathieu Kérékou, ancien dirigeant militaire marxiste converti au libéralisme, s'est lancé pour la dernière fois, après une déjà longue carrière politique, dans la course à sa propre succession lors de l'élection présidentielle du mois de mars.
Celui qui se fait appeler "le caméléon" devrait, dans cet ultime "baroud pour la présidence", faire face à une vingtaine de candidats, tous bien décidés à le mettre à la retraite.
Jeune officier en 1960, au moment de l'indépendance du Dahomey (devenu le Bénin en 1975), Mathieu Kérékou aura occupé le devant de la scène politique béninoise presque sans discontinuer au cours des 40 dernières années.
Aide de camp du premier président du Dahomey indépendant Hubert Maga en 1960, il prendra une part active dans les nombreux coup d'Etat et soubresauts qu'a traversés le pays au cours des douze premières années d'indépendance.
Et finalement, il s'installe lui-même dans le fauteuil présidentiel après un putsch en octobre 1972.
Il s'appuiera alors sur l'intelligentsia de gauche pour installer un régime marxiste, mais confronté à une grave crise économique, à la fin des années 1980, il n'hésitera pas à reconnaître ses erreurs et à demander publiquement pardon au peuple.
Il convoque alors la toute première des "conférences nationales" en Afrique, faisant de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest un pionnier de la démocratie sur le continent.
En 1991, lors des premières élections présidentielles pluralistes depuis son arrivée au pouvoir, il est battu par son Premier ministre Nicéphore Soglo.
Il se retire chez lui à Cotonou et s'enferme dans un mutisme total.
Cinq ans après, soutenu par la plupart des ténors de la politique béninoise, Kérékou repartira avec succès à l'assaut du pouvoir.
Né le 2 septembre 1933, "le caméléon" fascine toujours la jeunesse, au sein de laquelle il compte la majorité de ses partisans.
Annonçant sa candidature jeudi devant quelque 10.000 partisans, il s'est présenté comme "le candidat de tous les Béninois", affirmant avoir "compris que le pacte de confiance réciproque qui nous lie est toujours sincère et solide".
Les cheveux blanchis par l'âge, Mathieu Kérékou part, pour de nombreux observateurs, favori dans cette nouvelle course à la magistrature suprême.
Il devrait être de nouveau opposé à Nicéphore Soglo et à l'actuel président de l'Assemblée nationale Adrien Houngbédji. Ce dernier - arrivé troisième au premier tour de la présidentielle en 1996 - avait appelé à voter Kérékou au deuxième tour.
Le quatrième candidat de poids devrait être, selon les analystes, l'actuel ministre d'Etat Bruno Amoussou.
Pour le général Kérékou, qui sera frappé par la limite d'âge constitutionnelle lors du prochain scrutin de 2006, cette élection ne saurait en tout cas être celle "de trop".
Car le président sortant répète à loisir qu'il veut prouver "qu'il n'existe pas, pour un patriote convaincu, une petite ou une grande porte de sortie en politique".
(AFP, Cotonou, 2 février 2001 - 13h44)