La bataille s'annonce serrée au second tour de l'élection présidentielle au Cap Vert, qui opposera le 25 février Pedro Pires à Carlos Veiga, deux anciens Premiers ministres aux styles opposés, au coude à coude à l'issue du premier tour organisé dimanche.

Lundi à la mi-journée, les résultats officiels encore partiels donnaient M. Veiga, 51 ans, candidat du Mouvement pour la démocratie (MPD, libéral) devant M. Pires, 66 ans, candidat du Parti africain de l'indépendance du Cap Vert (PAICV, gauche), ancien parti unique revenu au pouvoir à la faveur des législatives du 14 janvier.

Selon ces résultats communiqués par la Direction des services d'appui au processus électoral (Dsape), portant sur 86 % des bureaux de vote, M. Veiga obtenait 52.138 voix (47,36 %) et M. Pires 49.733 (45,18 %). Mais l'écart semblait se réduire au fil de la comptabilisation des résultats des grandes villes et de l'étranger.

L'équipe de M. Pires affirmait même que son candidat devancerait M. Veiga lorsque les résultats seraient complets.

Les deux autres candidats indépendants, Jorge Carlos Fonseca, ancien ministre MPD, et David Hopffer Almada, ancien ministre PAICV, obtenaient quant à eux moins de 4 % des voix chacun, selon les mêmes résultats incomplets.

Tard dimanche soir, MM. Fonseca et Almada ont remercié leurs équipes de campagne, déploré que les appareils des partis aient trop pesé sur l'élection, mais n'ont encore donné aucune consigne de vote à leurs électeurs pour le deuxième tour.

Les résultats disponibles lundi confirmaient en outre la forte abstention constatée dès dimanche par la commission électorale: le taux de participation n'atteindrait pas les 50 %, montrant le peu d'intérêt porté par les Cap-Verdiens à cette élection, organisée moins d'un mois après les législatives.

Le taux d'abtention avait d'ailleurs déjà dépassé les 45 % aux élections du 14 janvier.

Le candidat du MPD, Carlos Veiga, Premier ministre pendant près de dix ans, a montré par son score qu'il jouissait encore d'une grande popularité auprès d'électeurs qui ont apprécié son style de gouvernement et la politique économique ultra-libérale appliquée depuis 1991 au petit archipel réputé pauvre, dépendant de l'aide internationale et de l'argent envoyé par ses fils émigrés.

Cette popularité demeure malgré la défaite aux législatives du MPD, qui avait obtenu 39,2 % des voix et 30 des 72 députés à l'Assemblée nationale. Le PAICV, dont la tête de liste, José Maria Neves, 40 ans, est maintenant Premier ministre, avait obtenu 47,8 % des voix et 40 sièges à l'Assemblée, soit trois de plus que la majorité absolue.

A la différence de M. Neves, Pedro Pires, figure de la lutte de libération nationale contre les Portugais, représente l'ancienne génération du PAICV, du temps du parti unique d'obédience marxiste. Cette image lui colle à la peau mais, selon l'analyse d'un diplomate, M. Pires ne s'en est finalement pas mal sorti et réalise un bon score à la présidentielle.

Quelle que soit l'issue du scrutin, le gouvernement de M. Neves restera en place, le Cap Vert étant doté d'un régime parlementaire limitant les pouvoirs du président. Mais le chef de l'Etat a néanmoins des prérogatives non négligeables et, s'il le veut, peut rendre la vie difficile à un gouvernement dont il n'apprécierait pas la politique.