15 000 personnes déplacées par les combats ethniques et politiques en RDC
IRIN, Sun, 10 Feb 2002 11:47:14 GMT
- Les organisations humanitaires à Bunia, au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), estiment que plus de 15 000 personnes ont été déplacées ces dernières semaines dans la région par les conflits ethniques entre tribus Lendu, Hema et Alur et au sein des factions politiques de plusieurs groupes rebelles, a déclaré jeudi le représentant spécial de l'ONU en RDC, Amos Ngongi. M. Ngongi appelle l'Ouganda voisin à protéger les civils dans la province de l'Ituri à l'est de la RDC. " La sécurité de la population dans le territoire est la responsabilité des autorités locales ... ou des forces occupantes, " a déclaré Ngongi mercredi. " Les Ougandais maintiennent des troupes sur le terrain et sont tenus de garantir la sécurité des civils, " a-t-il ajouté.M. Ngongi a déclaré qu'il entendait entretenir le contact avec les mouvements rebelles, ainsi qu'avec les gouvernements ougandais et rwandais afin de mettre immédiatement fin à la " guerre dans la guerre ". " La population cicile ne doit plus être retenue en otage par des ambitions politiques qu'elle ne partage pas, " a-t-il dit. " Actuellement, le vieux conflit entre Hema et Lendu semble être encouragé et soutenu par les dirigeants politiques. " Trois mouvements rebelles différents - Le Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani-Mouvement de libération (RCD-K-ML), le Mouvement de libération du Congo (MLC) et le groupe moins connu du RCD-Nationale - se disputent le contrôle de la région. M. Ngongi est arrivé mercredi en hélicoptère à Bunia, principale localité de l'Ituri, où il a observé une longue file de villageois épuisés, des " femmes vêtues de haillons et des enfants non accompagnés portant des ballots sur leur tête - cherchant à fuir les massacres gratuits ".
Depuis la reprise de la violence en décembre dernier, au moins 120 personnes sont mortes dans une quinzaine d'attaques perpétrées en janvier, a affirmé mardi un porte-parole de la tribu Hema, Félix Kabwizi, ajoutant que les affrontements n'ont pas cessé.
" Les affrontements actuels entravent le travail de l'ONU dans le cadre de son mandat, " estime-t-il, " à un moment où le dialogue intercongolais semble sur le point de commencer, et où tous les efforts doivent se porter sur ce rendez-vous décisif avec l'histoire ".
N A T I O N S U N I E S - Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) - Réseau d'Information Régionaux Intégré (IRIN)
Distribution prioritaire de vivres aux sinistrés de Goma
Les secours humanitaires déployés d'urgence dans la ville de Goma dévastée par une éruption volcanique, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC), s'orientent vers une réponse aux besoins à long terme de la population sinistrée. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait savoir que l'aide alimentaire irait désormais en priorité aux sans-abri, aux malades dans les centres de soins, aux foyers dont la responsabilité incombe à des enfants, aux familles accueillant des personnes déplacées, et aux personnes ayant perdu leurs moyens de subsistance à cause de l'éruption volcanique du 17 janvier. En fonction de ces critères, les autorités locales établissent la liste des personnes ayant droit à une assistance, a indiqué lundi le PAM. Depuis le début de la crise, 58 000 familles de la région de Goma ont bénéficié des distributions générales de denrées, a précisé l'organisation. L'ONU a indiqué qu'environ 150 personnes avaient été tuées durant l'éruption et que 87 500 personnes se retrouvaient sans-abri.
Un des problèmes majeurs demeure la réinstallation des sinistrés du volcan, ainsi que la réduction du nombre de personnes vivant dans les maisons existantes, a rapporté en fin de semaine le Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires. Le problème, a-t-il ajouté, a été "compliqué par une situation d'urgence complexe qui engendre un manque de confiance chez la population locale". Un comité de relèvement et de reconstruction a accepté de rebâtir l'infrastructure de base de Goma, notamment les écoles et les centres de soins, a fait savoir lundi le PAM.
Par ailleurs, un plan d'urbanisation et la construction d'une infrastructure sociale de base sont envisagés pour 10 000 personnes dans un site permanent en dehors de Goma. Le PAM a ajouté que plus de monde serait encouragé à se réinstaller dans le nouveau site, une fois qu'il sera doté d'une infrastructure de base
Des porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'enfance et du Comité international de la Croix-Rouge ont indiqué lundi à IRIN qu'environ 8 900 victimes congolaises du volcan se trouvaient toujours à Mudende et Nkamira, des camps rwandais situés à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la RDC. Les camps ont été installés au lendemain de l'éruption pour venir en aide aux milliers de personnes ayant fui au Rwanda. Le gouvernement rwandais a fermé un troisième camp abritant moins de 800 personnes à Ruhengeri, à environ 100 kilomètres de la frontière, a rapporté l'UNICEF. Un total de 122 enfants non accompagnés se trouvait encore dans les camps lundi. "Nous souhaiterions leur fournir des abris temporaires afin qu'ils puissent rentrer," a confié lundi à IRIN un porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés.
N A T I O N S U N I E S - Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) - Réseau d'Information Régionaux Intégré (IRIN)