Afrique du Sud: accord entre l'ANC et l'ex-parti de l'apartheid
(AFP, Le Cap, Afrique du Sud,
LE CAP, 27 nov 2001 - 22:29) - Le Congrès National Africain (ANC) au pouvoir et le
Nouveau Parti National (NNP), ancien parti de l'apartheid, ont scellé mardi un
rapprochement historique, par un accord qui les verra gouverner ensemble dans la province
du Cap, avant une coopération annoncée au niveau national.
L'accord, présenté par les deux partis à la presse, a été qualifié par le chef du
NNP, Marthinus van Schalkwyk, de "clef pour recomposer le paysage politique
sud-africain, et briser les vieilles divisions raciales" héritées de la politique
de l'apartheid.
Résultat d'un mois de négociations depuis l'éclatement de l'alliance d'opposition de
droite (qui gouvernait au Cap depuis 1999) l'accord NNP-ANC prévoit six portefeuilles
pour chaque parti au cabinet provincial, dont le poste de Premier ministre pour le NNP.
Celui-ci, selon des sources proches des deux partis, devrait revenir à l'ex-maire du Cap,
Peter Marais.
L'accord, à vaste portée, a aussi pour objectif, "après un processus de
consultation", de faire entrer des élus NNP dans les gouvernements des sept
provinces du pays contrôlées par le seul ANC. Ce ne sera pas le cas au KwaZulu-Natal,
où le parti de Thabo Mbeki co-gouverne déjà en vertu d'un pacte avec le Parti zoulou
Inkatha (IFP).
Selon le document du NNP et de l'ANC, "l'esprit de gouvernement participatif sera
aussi reflété dans les nominations au gouvernement national", une indication que le
NNP devrait obtenir un ou plusieurs postes ministériels au niveau national lors d'un
prochain remaniement.
Interrogé sur ce point par la presse, le ministre (ANC) de la Sécurité Steve Tshwete a
confirmé: "poste de gouvernement bien sûr, de quoi d'autre pourrait-il s'agir
?". Ni lui ni Van Schalkwyk n'ont toutefois donné de détails sur le portefeuille
concerné ou sur une échéance, soulignant qu'il s'agit d'une prérogative du président
Thabo Mbeki.
Van Schalkwyk a qualifié cet accord "historique" de "finition de la
maison" qu'avaient commencé à bâtir Nelson Mandela et son vice-président Frederik
de Klerk (alors chef du NP devenu NNP) au gouvernement d'unité nationale de 1994 à 1996.
Outre ce gouvernement d'unité, l'ANC et l'ancien parti de l'apartheid avaient déjà
co-gouverné au Cap Occidental de 1994 à 1998. Dans leur document mardi, ANC et NNP
assurent que leur nouvel "engagement de coopération est à long terme, au-delà de
2004", année prévue des élections générales.
L'accord annoncé au Cap est le premier résultat concret d'une recomposition majeure du
paysage politique sud-africain, déclenchée fin octobre par la décision de Van Schalkwyk
de quitter l'Alliance démocratique (DA) que le NNP avait formée il y a 17 mois avec le
DP (droite libérale), et de se rapprocher désormais de l'ANC.
La DA était parvenue à se poser en première formation d'opposition (22% aux élections
municipales de décembre 2000), bien que loin des 60% de l'ANC.
Mais pour nombre d'analystes politiques, l'alliance semblait condamnée par sa base
électorale essentiellement ethnique (blancs, ainsi que métis du Cap).
Joe Seremane, un dirigeant noir du DP, a amèrement commenté mardi que l'ANC vient tout
simplement d'avaler un NNP en déclin (6,8% aux élections de 1999), moyennant "rien
de plus que quelques postes pour un petit nombre de dirigeants" du NNP.
Il a regretté que le Cap Occidental ait été "livré" à l'ANC: en dépit d'un
partage des postes ANC-NNP de cabinet (6-6), le Premier ministre provincial n'a pas de
pouvoir de vote, ce qui donnera de facto à l'ANC l'autorité finale, a-t-il rappelé.
(AFP, Le Cap, 27 novembre 2001 - 22:29)
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