La Belgique présente ses excuses pour le rôle qu'elle a joué dans la mort, en 1961, du premier ministre congolais, Patrice Lumumba.
NAIROBI, 6
février (IRIN) - La Belgique a présenté mardi au peuple
congolais, par la voix de son ministre des Affaires étrangères
Louis Michel, ses " sincères regrets " pour le rôle
qu'elle a joué dans la mort, en 1961, du premier ministre
congolais, Patrice Lumumba.
" Le gouvernement estime qu'il est indiqué de présenter à
la famille de Patrice Lumumba ... et au peuple congolais ses
profonds et sincères regrets," a déclaré M. Michel à
l'occasion d'un débat convoqué devant le parlement à propos
des conclusions de l'enquête sur la mort de Lumumba.
Les membres de la commission parlementaire chargés de l'enquête
avaient conclu en novembre 2001 que la Belgique portait une
" responsabilité morale " dans l'assassinat de
Lumumba.
" Certains membres du gouvernement d'alors et certains
acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de
responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort
de Patrice Lumumba, " selon les propos du ministre belge
cités par Reuters.
" L'attitude générale de neutralité et d'apathie pour le
sort réservé à Patrice Lumumba peut être qualifiée de
manquement grave en termes de bonne gestion et de respect de
l'Etat de droit, " a-t-il ajouté.
Lumumba a été, à ce jour, le seul premier ministre élu
démocratiquement dans ce qui est aujourd'hui la République
démocratique du Congo (RDC), après 75 années d'une
colonisation belge qui a pris fin en 1960. Le dirigeant
socialiste, qui a joué un rôle prépondérant dans l'accession
à l'indépendance, a été renversé après quelques mois de
pouvoir, enlevé par des forces rivales congolaises et
transféré dans la province dissidente du Katanga où il fut
assassiné en février 1961.
La commission d'enquête a conclu, après deux années de
travail, que des acteurs politiques belges avaient joué un rôle
dans le transfert de Lumumba au Katanga, qui était contrôlé
par ses ennemis, a rapporté l'AFP. Il est " manifestement
clair que le gouvernement ne s'est pas préoccupé de son
intégrité physique ", relève le rapport cité par
l'agence.
La commission belge a entendu des témoignages selon lesquels
Lumumba n'aurait pas pu être assassiné sans la complicité
" d'instances gouvernementales belges ", soutenues par
le service américain des renseignements, la CIA, selon l'AFP.
Le gouvernement belge a en outre annoncé la création d'un
" Fonds Patrice Lumumba ", doté de plus de trois
millions de dollars, qui sera complété par une dotation
annuelle de plus de 430 000 dollars. Ce fonds contribuera au
" développement de la RDC par le financement de projets en
matière de prévention des conflits...et de formation de la
jeunesse ", a expliqué M. Michel, précisant que la famille
de Lumumba serait associée à ce fonds, a rapporté mardi la
radio belge RTBF.
Un porte-parole de l'ambassade de Belgique à Nairobi a déclaré
mardi à IRIN que la RDC avait reçu avec beaucoup de
satisfaction les excuses de la Belgique mais que des actions plus
concrètes continuaient d'être attendues en vue du règlement du
conflit congolais. " C'est un très grand pas mais cen'est
pas suffisant. Nous continuons de lutter, nos agresseurs viennent
d'autres Etats et nous voulons nous en débarrasser, "
a-t-il dit, ajoutant qu'un soutien diplomatique et financier est
nécessaire pour mettre fin à la guerre au Congo.
Nations Unies, Bureau de Coordination des Affaires
Humanitaires (OCHA) - Réseau d'Information Régionaux
Intégré (IRIN)
(Diffusion : Date : jeudi, 7 Fevrier 2002 12:02:57 -0700)