Safiya Hussaini Tungar-Tudu, la charia et la lapidation au Nigeria
Life and freedom for Safya Husseini Tungar Fudu !
SAVE SAFYA HUSSEINI TUNGAR FUDU
Marie-Georges Péria Présidente du CERFOM a écrit :
Date: Wed, 09 Jan 2002 23:20:47 +0200 (MET)
From: "Marie-Georges PERIA" <mgperia@wanadoo.fr>
To: "Joss ROVELAS" <joss.Rovelas@sud.unions.eu.org>
Subject: "on peut peut-être en sauver une..."
Bonjour et bonne année !
Merci pour tous tes messages.
Je t'en fait parvenir un qui appelle à la mobilisation. Fais comme tu peux.
Le journaliste Ettore Masina demande qu'on adresse une lettre à l'ambassade du Nigeria demandant la grâce pour Safya Husseini Tungar Fudu, une femme de 30 ans, condamnée selon la législation fondamentaliste du Nigeria à être enterrée vivante jusqu'à la poitrine puis lapidée à mort pour avoir eu un enfant sans être mariée. Le père présumé a évidemment été absous pour insuffisance de preuves.
Puisqu'on accorde aux femmes venant d'accoucher un délai de 144 jours depuis la naissance de l'enfant, l'exécution aura lieu dans 26 jours à partir d'aujourd'hui (18 décembre2001),soit le 12 janvier.
On demande d'écrire un court message du genre : Je demande, nous demandons au Président de la République du Nigeria d'accorder la grâce à Safya Husseini TungarFudu..."
ou encore
"Mr. Ambassador, I ask you to plead towards the President of Nigerian Republic, for the life of Sayfa Husseini Tungar-Tudu.
Thank you"
et de l'adresser par courrier :
Ambassade du Nigeria
173 avenue Victor Hugo
75016 Paris
tel 01 47 04 68 65
ou par fax : 01 47 04 47 54
ou par e mail ==> embassy@nigeriaparis.com
LET'S GO !
Joss Rovélas
M.I.R France
(Date envoi : Lundi, 14 Jan 2002 17:58:44 -0800)
Ajournement du procès d'une Nigériane condamnée à mort par lapidation
AFP, Sokoto (Nigeria), lundi 14 janvier 2002, 16h49 - Le procès en appel de Safiya Husaini, une
Nigériane de 35 ans condamnée à être lapidée à mort "pour adultère" par un tribunal islamique de Sokoto (nord), a été ajourné lundi, la jeune femme étant revenue sur ses premières déclarations selon lesquelles elle avait été violée.
Le juge Muhammadu Bello Silane a décidé d'ajourner le procès au 18 mars.
L'avocat de la jeune femme, Abdulkadir Imam, a affirmé que sa cliente avait fait ces déclarations sous la contrainte et qu'elle les retirait.
Il a par ailleurs argué que le père d'Adama, l'enfant de Safiya Husaini, était son dernier mari dont elle a divorcé il y a deux ans. Il a assuré que le père n'était pas l'homme que sa cliente avait précédemment nommé en l'accusant de l'avoir violée.
Safiya Husaini avait été condamnée à mort en octobre par le tribunal islamique de Sokoto, qui, constatant qu'elle avait donné naissance à une petite fille en février 2001 alors qu'elle était divorcée, l'avait déclarée coupable d'adultère.
En vertu de la charia (loi islamique), l'accusée a le droit de retirer toutes les déclarations faites précédemment à la cour sous la contrainte.
Toujours selon la charia, elle ne peut pas être jugée coupable d'adultère si elle accouche d'un enfant dont le père est son ex-mari, dans un délai pouvant aller jusqu'à sept ans après la dissolution du mariage, a invoqué la défense lors du procès en appel.
Selon la charia, réintroduite en 2000 dans une douzaine d'Etats du nord du Nigeria, à majorité musulmane, une femme mariée une première fois, même si elle a ensuite divorcé, commet un adultère si elle a des relations sexuelles sans être remariée. La grossesse est la seule preuve requise. Ces arguments avaient été retenus par le tribunal islamique en première instance.
"Nous retirons toutes les déclarations initiales que ma cliente a faites", a dit Abdulkadir Imam lors du procès en appel.
Il a par ailleurs souligné que sa cliente n'avait pas d'avocat lors de son procès en octobre. "A cette époque, elle n'a pas compris la nature et les conséquences du délit dont elle était accusée ni les questions qui lui étaient posées", a affirmé Abdulkadir Imam, qui a été engagé par des groupes de défense des droits des femmes musulmanes.
Safiya Husaini, qui était venue avec sa fille de 11 mois au tribunal, a refusé de répondre aux questions pendant et après l'audience.
Dans un entretien à l'AFP ce week-end, elle avait exprimé sa reconnaissance pour le soutien grandissant qui lui était apporté du monde entier. "Ce que j'espère, maintenant, c'est la justice", avait-elle déclaré.
A Sokoto (500 km au nord-ouest d'Abuja), nombreux sont ceux qui ont approuvé le verdict du mois d'octobre, les autorités locales ayant tendance à aller dans le même sens afin de montrer leur engagement à faire appliquer le système islamique.
Le procès de Safiya Husaini a été ajourné de deux mois pour permettre aux musulmans de se rendre au pèlerinage de la Mecque (Arabie saoudite) le mois prochain.
* Photo : Par Pius Utomi
Le Parlement européen mobilisé contre l'exécution par lapidation d'une Nigeriane
AP, Strasbourg, lundi 14 janvier 2002, 13h01 - Un groupe de parlementaires européens a écrit au président nigérian Olusegun Obasanjo, lui demandant d'intervenir pour éviter l'exécution par lapidation d'une jeune femme coupable, au regard de la loi islamique, d'avoir eu un enfant hors mariage.
Cette lettre, rendue publique lundi, est signée par 72 députés membres de la commission du Parlement de Strasbourg pour les relations avec l'Afrique.
Le cas de Safiya Hussaini Tungar-Tudu, 36 ans, doit être réexaminé lundi en appel par un tribunal islamique du nord du Nigeria. L'année dernière, la jeune femme, divorcée mais enceinte, avait été reconnue coupable de relations sexuelles hors mariage et condamnée à la mort par lapidation. Elle a bénéficié d'un sursis, le temps d'accoucher et de sevrer le bébé.
La sentence a été imposée par un tribunal islamique de Gwadabawa, dans l'Etat du Sokoto, qui figure parmi la dizaine d'Etats à majorité musulmane du nord du pays à avoir réinstauré la charia en 2000.
Le partenaire sexuel de Safiya a lui été relaxé par le même tribunal, faute de preuves. Cette homme d'une soixantaine d'années, ami de son père, aurait violé la jeune femme à plusieurs reprises, et c'est ce que plaideront les avocats de Safiya Hussaini en appel. Quant à la jeune femme, sa seule grossesse aura suffi comme preuve pour la condamner.
L'eurodéputé britannique John Corrie, un conservateur, a remercié le président Olusegun Obasanjo, chrétien d'ethnie yoruba, d'être intervenu, empêchant que l'exécution ait lieu samedi dernier. Il l'a également exhorté à continuer à agir pour éviter cette lapidation, ''ainsi que toutes les futures exécutions''.
''Nul ne devrait sous-estimer l'opinion répandue dans nombre de pays du monde, selon laquelle toutes les lois devraient respecter les règles internationales régissant les droits de l'Homme'', écrit John Corrie, dénonçant ce traitement ''inhumain, barbare et cruel''.
Cette affaire a en effet provoqué une vive indignation dans le monde. En France, le Parti communiste français (PCF) et le MRAP (Mouvement pour l'amitié entre les peuples), notamment, se sont mobilisés pour obtenir la clémence pour Safiya Hussaini. Et le Quai d'Orsay s'est dit préoccupé, ''particulièrement mobilisé'', réclamant la clémence
La jeune femme a été condamnée au sort réservé aux adultères dans les interprétations les plus extrémistes de la charia: elle doit être enterrée, seule sa tête et son buste dépassant du sol, et lapidée jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Il s'agirait de la deuxième condamnation à la lapidation au Nigeria depuis le rétablissement de la charia. Un homme, condamné à la même peine pour avoir sodomisé un petit garçon de sept ans, a fait appel et est actuellement en prison. La première exécution a eu lieu le 3 janvier: un homme a été pendu pour meurtre.
Le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique avec 120 millions d'habitants, compte plus de 250 groupes ethniques, dont les plus puissants sont les yorubas, chrétiens, au sud, et les haoussas, musulmans, au nord. Le pays est agité sporadiquement par des vagues de violences ethniques, politiques, séparatistes et religieuses, qui ont fait plusieurs milliers de morts depuis l'arrivée au pouvoir de l'ancien général Obasanjo, premier régime civil après des décennies de dictature militaire.
Fin décembre, le Nigeria a été secoué par l'assassinat du ministre yoruba de la Justice Bola Ige, importante figure politique et proche du président Obasanjo. Ce meurtre a déclenché de violentes émeutes, et les Yorubas ont accusé les Haoussas d'en être responsables. Plusieurs journaux ont évoqué en outre la possibilité que Bola Ige soit mort parce qu'il s'opposait au retour de la charia.