Regret de Sharon de n'avoir pas liquidé Arafat au Liban en 1982
Ariel Sharon: ''Nous aurions dû liquider Arafat au Liban''
Sharon, qui était ministre de la Défense lors de l'invasion israélienne au Liban en 1982, a conduit la campagne pour expulser Arafat et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du Liban. ''Au Liban, il y avait un accord pour ne pas liquider Yasser Arafat. Sur le principe, je regrette que nous ne l'ayons pas liquidé'', souligne Sharon.
Des extraits de cette interview ont été publiés jeudi, le texte complet devant l'être vendredi. Dans ces extraits, Ariel Sharon n'explique pas avec qui il avait un accord pour ne pas éliminer Arafat lors de l'invasion israélienne de 1982.
Pour le ministre palestinien Saëb Erekat, les propos du premier ministre israélien constituent une menace à peine voilée: ''S'il a exprimé sa tristesse et son regret de ne pas avoir tué le président Arafat en 1982, cela signifie qu'il veut réparer son erreur''.
Le chef de la diplomatie espagnole Josep Pique, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne, a vivement critiqué ces déclarations d'Ariel Sharon. ''Je les déplore, et elles ne devraient pas être acceptées'', a-t-il dit.
Dans des discours récents, Sharon avait déclaré que le président de l'Autorité palestinienne était l'ennemi juré d'Israël, l'accusant de diriger une ''bande de terroristes''.
Arafat est confiné depuis le 3 décembre dans ses bureaux de Ramallah en Cisjordanie par les troupes israéliennes alors que les autorités israéliennes tentent de faire pression sur lui pour qu'il agisse contre les activistes palestiniens.
Dans cette interview, Ariel Sharon affirme néanmoins qu'il engagera des pourparlers de paix avec Arafat, s'il parvient à juguler le terrorisme. ''Si Arafat prend toutes les mesures que nous exigeons de lui, il redeviendra pour moi un partenaire dans les négociations'', déclare le premier ministre israélien.
Sharon dit regretter de ne pas avoir "éliminé" Arafat en 82
par Matt SpetalnickLe chef du Likoud, alors ministre de la Défense, venait d'entraîner Tsahal jusqu'à la capitale libanaise, mettant le gouvernement de Ménachem Begin devant un fait accompli. Sharon, devenu Premier ministre, encercle de nouveau aujourd'hui son vieil adversaire à Ramallah.
Mais Arafat est maintenant chez lui, président élu d'une Autorité autonome palestinienne issue d'accords de paix conclus entre l'Etat israélien et l'OLP et internationalement reconnue. Malgré son aversion pour Arafat, qu'il s'est toujours réfusé à rencontrer, Sharon a dû promettre à plusieurs reprises qu'il n'avait pas l'intention de s'en prendre physiquement à lui.
A défaut, il a décrété Arafat "disqualifié" et lui dénie désormais toute représentativité, considérant en outre que son administration est une "entité soutenant le terrorisme". Les Etats-Unis de George Bush Jr se sont tout récemment alignés sur cette position, tandis que le reste du monde, notamment l'Union européenne, estime qu'Arafat reste un interlocuteur valable, voire incontournable.
"INTENTIONS CRIMINELLES"
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Piqué, dont le pays assume jusqu'à la fin juin la présidence de l'Union européenne, a condamné les propos d'Ariel Sharon.
"Si cela correspond à ce que le Premier ministre Sharon a dit, je dois déclarer que je déplore ces propos et bien sûr, ils méritent notre rejet", a-t-il dit à la presse à Madrid.
"Au Liban, nous étions convenus de ne pas éliminer Arafat", regrette Sharon, dans l'interview publiée jeudi par Maariv. "Pour dire la vérité, je suis navré que nous ne l'ayons fait", a ajouté le Premier ministre, dont le porte-parole Raanan Gissin assure que cet objectif n'est plus d'actualité".
"La politique d'Israël aujourd'hui n'est pas de lui faire du mal personnellement", a dit Gissin. Sharon, selon lui, "a même dépêché son propre fils auprès d'Arafat pour l'assurer que nous ne nous ne lui ferions pas de mal."
Mais ces confidences confortent les dirigeants palestiniens dans l'idée que Sharon exécute aujourd'hui, même si c'est par des moyens différents, un vieux plan visant à mettre hors jeu le vieux leader parce qu'il incarne l'idée d'un véritable Etat palestinien indépendant au côté de l'Etat juif.
"Je crois que cela confirme ce qu'on a toujours dit, à savoir que Sharon cherche à finir ce qu'il a commencé en 1982" - la destruction d'Arafat et de ses fedayine, estime le ministre et négociateur palestinien Saeb Erekat.
L'entreprise avait avorté du fait d'une intervention internationale pour évacuer toute la direction de l'OLP de Beyrouth à Tunis et disperser ses hommes dans divers pays arabes.
Mais, "qu'un Premier ministre dévoile ainsi ouvertement ses intentions criminelles, montre bien à quel type de gouvernement nous avons affaire", souligne Erekat.
Les Etats-Unis ont quant à eux éprimandé le Premier ministre israélien Ariel Sharon pour ses derniers propos.
"Je n'ai pas de commentaire particulier. Evidemment, nous souhaitons que les deux parties, dont le gouvernement israélien, s'abstiennent de propos susceptibles d'envenimer la situation", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher. "Des remarques de ce genre n'ont guère d'utilité."
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