Tchad : Réconciliation MDJT-N'Djamena et tentative de dégel tchado-centrafricain


Accord de "réconciliation" entre le MDJT et N'Djamena (AFP, TRIPOLI, 7 jan 02 - 20h39)
Le principal mouvement rebelle tchadien, le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), et le gouvernement de N'Djamena ont conclu lundi à Tripoli un accord de "réconciliation", prévoyant un cessez-le-feu immédiat, a annoncé un communiqué conjoint.

L'accord a été conclu au terme de trois jours de négociations dans la capitale libyenne par le ministre tchadien de l'Intérieur Abderahman Moussa, Adam Togoï, dirigeant du MDJT, en présence du ministre libyen de l'Unité africaine Ali Abdel Salam Triki.

Il prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération par les deux parties des prisonniers qu'elles détiennent, des négociations sur la participation du MDJT au pouvoir et la fusion des rebelles dans les forces armées régulières.

La Libye, qui parraine ces négociations, a été chargée de superviser l'application de cet "accord de réconciliation", selon le communiqué.

L'accord prévoit la création d'un "comité politique" pour définir les modalités de la participation des rebelles au pouvoir et d'un "comité militaire" pour établir les mécanismes de fusion des forces rebelles dans l'armée.

Le MDJT était représenté à ces négociations par son chef, Youssouf Togoïmi. Le mouvement avait annoncé le 25 décembre vouloir engager "des négociations de paix" avec le régime en place à N'Djamena, à l'appel du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

Le MDJT harcèle depuis octobre 1998 l'armée tchadienne dans le massif désertique du Tibesti (nord), aux confins tchado-libyens, d'où il exigeait la démission du président Idriss Deby.

Le Tchad et la Libye entretiennent de bonnes relations.


Signature d'un accord de paix entre N'djaména et le MDJT
Par Ali Dellali, Correspondant de la PANA

PANA, Tripoli (Libye, 07/01/2002 - Le gouvernement tchadien et le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT, opposition armée) ont signé, lundi soir à Tripoli, un accord de paix destiné à mettre fin aux hostilités et à permettre le retour de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans ce pays.

La signature de cet accord fait suite à l'appel lancé par le Colonel Mouammar Kadhafi au gouvernement tchadien et au MDJT pour aboutir à un règlement du conflit qui les oppose, rappelle-t-on.L'accord a été signé du côté du gouvernement tchadien par le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, M. Abdulrahmane Moussa et, du côté du MDJT, par le général Adoum Togoï, ancien ministre des Affaires étrangères du Tchad, président de la commission de réconciliation nationale.

Il prévoit un cessez-le-feu immédiat entre les deux parties et l'abstention de tout acte militaire direct et indirect, l'arrêt de toutes les campagnes médiatiques et la garantie de la libre circulation des personnes et des biens.

Le document, signé au terme de plusieurs séances de négociations entamées jeudi soir dans la capitale libyenne sous les auspices de la Libye et dont une copie a été remise à la PANA, prévoit la promulgation d'une amnistie générale et la libération des prisonniers et des détenus des deux parties.

Le gouvernement tchadien et le MDJT ont convenu par la même occasion d'œuvrer pour la réalisation de la paix, de la sécurité de la stabilité et du développement socio-économique dans la région.

Le gouvernement de N'Djaména a accepté de faire participer le MDJT au gouvernement et dans les autres institutions de l'Etat, selon des modalités qui seront déterminées ultérieurement par une commission politique et juridique.

Selon le document, une commission militaire tripartite du gouvernement du Tchad, de la Jamahirya libyenne et du MDJT sera chargée de déterminer les lieux de stationnement et de présence des forces.

Il a été également convenu que les forces du MDJT seront intégrées dans l'armée nationale tchadienne, conformément à des modalités qui seront arrêtées par la sous-commission militaire et de sécurité.

Les trois sous-commissions techniques (politique et juridique, militaire et de sécurité et socio-économique) chargées de rédiger les détails de cet accord, devront être mises sur pied dans un délai n'excédant pas deux mois, à compter de la date de la signature de cet accord.

Aux termes d'une disposition du document, la Libye a été chargée d'assurer le suivi de l'application des clauses de l'accord.

La Libye est engagée depuis plusieurs mois dans une médiation entre le gouvernement tchadien et sa rébellion armée dirigée à partir du Nord du Tchad par l'ancien ministre de la Défense d'Idriss Déby, Youssef Togoïmi, dans le cadre d'un mandat de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (SIN-SAD), rappelle-t-on.

Le MDJT harcèle depuis 1998 l'armée tchadienne dans le massif désertique du Tibesti, dans l'extrême Nord du pays.

Les pays membres de la SIN-SAD s'étaient engagés, lors de leur deuxième conférence en février 2000 à N'Djaména, à ne fournir aucune aide, aucun soutien logistique ou politique, ni aucun refuge à des éléments combattant le pouvoir central dans leurs pays respectifs.

Outre la Libye et le Tchad, la SIN-SAD comprend le Burkina Faso, la République centrafricaine, Djibouti, l'Egypte, l'Erythrée, la Gambie, le Mali, le Maroc, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Somalie, le Soudan et la Tunisie.

Lors du sommet de N'djamena, les chefs d'Etat de l'Organisation avaient mandaté le dirigeant libyen pour qu'il travaille au rétablissement de la paix et de la sécurité dans l'espace de la SIN-SAD, l'ensemble de l'Afrique et à travers le monde.

Le secrétaire du comité populaire général libyen de l'unité africaine (ministre), le Dr Ali Triki, s'est déclaré heureux d'avoir réalisé ce pas "très important sur la voie de la consolidation de l'unité africaine et de la stabilité de l'espace de la SIN-SAD par la signature de cet accord de paix".

"La signature de cet accord est un grand pas pour la réalisation de la sécurité et de la stabilité d'un pays voisin et frère lié à la Libye par l'histoire, le sang et la géographie", a-t-il dit.

Il a rappelé à cet égard le mandat attribué au Colonel mouammar Kadhafi par le sommet de la SIN-SAD réuni en février 2000 à N'Djaména pour réaliser la paix, la sécurité et la stabilité dans l'espace SIN-SAD et à travers l'Afrique, soulignant que le règlement des conflits à travers le continent va permettre le développement et le progrès de l'Afrique.

Selon M. Triki, le Colonel Mouammar Kadhafi, qui a parrainé personnellement les négociations de paix entre le gouvernement tchadien et le MDJT, forme un nouveau jalon sur la voie du règlement des conflits qui secouent l'Afrique et donne un nouvel élan à l'édification de l'Union africaine.

Le chef de la diplomatie africaine de la Libye a remercié à cette occasion, au nom de son pays, la réaction positive du président Idriss Déby et du MDJT à l'appel lancé par le Colonel Mouammar Kadhafi pour la restauration de la paix et de la stabilité au Tchad.

M. Triki, qui a souligné que la signature de cet accord allait consolider davantage la SIN-SAD, a dédié l'accord de paix entre le gouvernement tchadien et le MDJT au prochain sommet de la SIN-SAD qui se réunit en mars prochain en Libye.

De son coté, le ministre tchadien de l'Intérieur et de la Sécurité, Abdul-Rahmane Moussa a pris la parole pour indiquer que "les frères Tchadiens viennent de poser un acte fort, à savoir faire la paix, se réconcilier et régler leur différend par la voie pacifique.

"Je rends hommage aux frères du MDJT qui viennent de faire preuve d'un dépassement que l'histoire ne manquera de saluer", a-t-il dit, ajoutant que la reconnaissance du gouvernement et du peuple tchadiens s'adressent en particulier à la Grande Jamahirya et à son gouvernement et en particulier à son guide, le Colonel Mouammar Kadhafi qui a déployé de grands efforts pour rapprocher les points de vue et parvenir enfin au présent accord."

Le ministre tchadien a réaffirmé l'attachement de son gouvernement à faire la paix avec toute autre opposition armée.

Il a assuré les présents que le gouvernement du Tchad ferait preuve de la même détermination et de la même sincérité dans l'application de l'accord.

Il a demandé aux responsables du MDJT d'accompagner le gouvernement de N'Djaména avec foi dans cette démarche et aux autorités libyennes à poursuivre leurs efforts pour renforcer la paix et la réconciliation au Tchad.

M. Abdelrahmane Moussa a enfin exprimé le souhait de recevoir les frères du MDJT à N'Djaména très prochainement.

Le président de la commission de réconciliation nationale, M. Adoum Togoï, qui s'exprimait au nom du MDJT a, quant à lui, souligné que l'aboutissement positif, laborieux et fort (des négociations), réaffirme l'entière confiance à la médiation.

Il a indiqué que la diplomatie a montré, une fois de plus, son efficacité aux yeux du monde entier.

Le général Togoï a de son côté loué les efforts déployés personnellement par le Colonel Mouammar Kadhafi pour le dénouement de la crise tchadienne et le rétablissement d'une paix juste, équitable et définitive au pays, exhortant le leader libyen à redoubler de courage "pour parachever ce processus salutaire tant attendu par le peuple tchadien et ses amis".

"La convergence de vue qui se dégage entre les frères de la partie gouvernementale et ceux du MDJT, présage de lendemains meilleurs pour le Tchad", a-t-il encore dit.

Il a, à cet égard, assuré le gouvernement tchadien de la volonté du MDJT de traduire dans les faits les termes de l'accord de Tripoli.

Outre le Dr Ali Triki, l'accord entre le gouvernement de N'Djaména et le MDJT a été paraphé en présence des ambassadeurs des pays membres de la SIN-SAD et des pays africains accrédités en Libye.


Une délégation militaire de la SIN-SAD était en visite à Bangui

PANA, Bangui (Centrafrique) - 07/01/2002 - Une délégation militaire de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (SIN-SAD), composée du commandant libyen Al Ajeli et du colonel soudanais Tahir Abdallah, a été reçue vendredi dernier par le président centrafricain, Ange-Félix Patassé.

Elle a également rencontré le Premier ministre centrafricain, Martin Ziguélé, et le ministre de la Défense, Pierre Angoi.

De source digne de foi, on indique que le but de la mission de la délégation consiste à étudier la possibilité d'appliquer les recommandations du mini-sommet de la SIN-SAD, tenu à Khartoum les 2 et 3 décembre derniers, notamment l'envoi en Centrafrique d'une force de maintien de la paix.

L'arrivée de cette mission a coïncidé avec un nouvel accès de tension entre Bangui et N'Djaména, à la suite de ce que le Tchad a appelé une "excursion" de militaires centrafricains sur son territoire, sous la conduite d'un ancien lieutenant rebelle du Sud tchadien, Abdoulaye Miskine.

Celui-ci est actuellement réfugié en Centrafrique depuis la mort de ses deux chefs, Moïse Kété et Laokein Bardé.

La version des autorités tchadiennes sur ces incidents frontaliers a été démentie, vendredi, par le ministre centrafricain de la Communication, Gabriel Koyambounou, qui les a qualifiés de " pseudo-événements".

Il a expliqué qu'il s'agit de représailles exercées par un détachement de l'armée centrafricaine à l'encontre de coupeurs de route d'origine tchadienne puissamment armés et qui ont fait fuir la population de Kété Sido, localité située à 17 km de la frontière avec le Tchad.

Les autorités de Bangui, qui ont promis d'exhiber prochainement les coupeurs de route faits prisonniers ainsi que leur arsenal, ont toutefois décidé de dépêcher à N'Djaména une délégation gouvernementale afin de calmer la tension.

Attendue ce lundi dans la capitale tchadienne, la délégation, composée des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, est également chargée de transmettre au chef de l'Etat tchadien, Idriss Déby, un message de son homologue centrafricain.


Sept "coupeurs de route" tchadiens déférés au parquet de Bangui (AFP, Bangui, 7 jan 2002 - 18h27)

Sept présumés bandits de grand chemin tchadiens opérant entre la Centrafrique et le Tchad ont été déférés lundi au parquet de de Bangui, a annoncé la radio nationale centrafricaine.

Ces "coupeurs de route" ont été arrêtés au cours d'une opération militaire dans la localité de Sido, à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique, selon cette même source.

"Les sept hommes qui affirment être des sujets tchadiens sont désormais à la disposition de la justice et répondront de leur forfait qui s'est soldé par la mort de quatre personnes dans les environs de Sido", a précisé la radio.

Citant le commandant adjoint du détachement de l'armée centrafricaine dans cette zone, la radio a ajouté que les suspects appartenaient à "des groupes armés qui opèrent indifféremment de part et d'autre de la frontière entre les deux pays".

Les autorités de Bangui ont annoncé samedi que des coupeurs de route avaient attaqué fin décembre la localité de Kété Sido, à 17 km de la frontière tchadienne, où ils avaient dépossédé les habitants de leurs biens et incendié leurs maisons.

Dans leur fuite, les populations avaient alerté des détachements militaires centrafricains qui ont poursuivi les malfaiteurs, en tuant quatre et faisant parmi eux cinq prisonniers.

Ces arrestations constituent "de véritables pièces à conviction dans le drame qui se joue entre la RCA et le Tchad", a estimé le commentateur de la radio centrafricaine.

Une certaine tension règne à la frontière des deux pays depuis que l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé et plusieurs dizaines de ses partisans armés ont trouvé refuge au sud du Tchad, début novembre, après avoir échappé à une arrestation pour coup d'Etat à Bangui.

La semaine dernière, une source officielle tchadienne contactée à Sahr et une source militaire centrafricaine, avaient indiqué à l'AFP qu'un groupe de soldats centrafricains avait tué quatre personnes et fait huit prisonniers, fin décembre, au cours d'incursions en territoire tchadien.

Selon ces sources, ce groupe était dirigé par un Tchadien recruté par l'armée centrafricaine, Abdoulaye Miskine, un ex-lieutenant du chef rebelle tchadien assassiné Laokein Bardé.

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