RFI, Dossier d'actualité - le 29/08/2002 - Michel de Bonnecorse, ambassadeur au Maroc six ans durant, a remplacé récemment Michel Dupuch à la tête de la «cellule africaine» de la Présidence de la République.
La cellule africaine de lElysée na pas échappé au vent de changement qui souffle actuellement sur la diplomatie française. Son titulaire, Michel Dupuch, ancien ambassadeur de France en Côte dIvoire et proche de lancien président Henri Konan Bédié, la quittée dès le mois de juin, alors que la crise malgache occupait - et préoccupait - tous les responsables de la politique africaine de la France, à commencer par le ministre des Affaires étrangères. Celui qui avait pris la place de Jacques Foccart auprès du président Jacques Chirac, a discrètement pris sa retraite, au moment où commençait une refonte en profondeur de la diplomatie française, notamment sur le continent africain, et certains diplomates ne voyaient plus la nécessité de maintenir, à lElysée, une «cellule» autrefois dirigée par Jacques Foccart du temps de de Gaulle et Pompidou, puis par Guy Penne et Jean-Christophe Mitterrand, durant le double septennat de François Mitterrand.
La fin de la cohabitation et le rôle central que joue de nouveau le palais de lElysée, en lien direct avec le ministère des Affaires étrangères, devrait permettre à Jacques Chirac de remodeler à sa guise la présence française en Afrique. Finalement, même si le Quai dOrsay compte plus que jamais garder la haute main sur tous les continents et les dossiers chauds de la planète, le président de la République a opté pour la continuité. Non seulement il maintient à ses côtés une «cellule africaine» qui fait toujours partie de «lexception diplomatique» française, mais il a décidé de la confier à un proche collaborateur, qui dans les années 70 a déjà été conseiller diplomatique de Jacques Chirac, lorsque celui-ci était premier ministre. Michel de Bonnecorse, en effet, fait partie de ces diplomates qui nont pratiquement jamais quitté lAfrique. Il a été ambassadeur au Sénégal, à Madagascar, au Kenya, en Tunisie et tout dernièrement - six années durant - au Maroc. Ce gaulliste de 62 ans peut sans doute compter sur sa proximité avec le tout nouveau directeur de la DGSE, Pierre Brochand, avec lequel il a fait lENA ; ainsi que sur les liens quil a su tisser tout au long de sa carrière diplomatique avec des «africanistes» présents sur lensemble de léchiquier politique, et tout particulièrement sur les amis du royaume du Maroc. Mais il devra aussi tenir compte des changements intervenus, ces dernières années, dans la diplomatie française, et surtout dun acquis qui ne semble pouvoir être remis en cause : lintégration de lAfrique dans la sphère des compétences du Quai dOrsay, désormais dirigé par un ministre partisan dune certaine forme de «bonapartisme diplomatique» et qui ne cache pas son intention dintervenir au plus vite dans les conflits en cours ou latents, par le biais notamment dune «task force» : une sorte de «force dintervention rapide» diplomatique censée répondre aux nouveaux défis. «Les voies traditionnelles de la diplomatie noffrent plus que des réponses partielles», a dit Dominique de Villepin aux ambassadeurs français réunis à Paris. «La puissance coule désormais par les canaux de linfluence plutôt que par ceux de lautorité». Le ministre des Affaires étrangères souhaite en effet que le Quai dOrsay devienne «le centre de coordination, dimpulsion et de synthèse de laction extérieure de lEtat» afin de «préserver la vision stratégique de la France».
Elio COMARIN (RFI)