Les rebelles congolais vont engager des pourparlers de paix avec le gouvernement

KIGALI, Rwanda (AP)  26 juillet 2002 21H23 - Quatre jours après l'annonce par le Rwanda et le Congo-Kinshasa d'un ambitieux plan de paix devant mettre fin à quatre ans de guerre civile, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) a décidé d'entamer le 5 avril des pourparlers avec le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) pour former un gouvernement de transition et ouvrir la voie à des élections.

Après s'être entretenu avec le président sud-africain à Pretoria, le chef du RCD, Adolphe Onusumba, a précisé que les négociations auraient lieu en Afrique du Sud, avec la médiation du chef de l'Etat Thabo Mbeki et de Moustapha Niasse, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. De nombreuses questions seront abordées, de la structure du gouvernement de transition à l'intégration des rebelles et des forces du gouvernement, a ajouté M. Onusumba.

Les autorités congolaises n'ont pas fait de commentaire mais dans une proposition écrite du gouvernement datant de juin et dont l'agence Associated Press a obtenu une copie vendredi, l'administration Kabila se disait prête à lancer des négociations avec le RCD, soutenu par le Rwanda, et le Mouvement de libération du Congo (MLC), soutenu par l'Ouganda.

Joseph Kabila conserverait la présidence tandis qu'Adolphe Onusumba et Jean-Pierre Bemba, le chef du MLC, seraient les vice-présidents. On ignore si les deux hommes ont eu connaissance de cette proposition.

La nouvelle de ces négociations tombe au moment où les présidents congolais et rwandais (Paul Kagame) s'apprêtent à signer un accord annoncé lundi en Afrique du Sud, dernière tentative en date pour mettre fin à la guerre congolaise dans laquelle six pays africains sont impliqués et qui a coûté la vie à plus de 2,5 millions de personnes, mortes dans les combats, de maladie ou de faim.

L'accord repose sur l'engagement de la RDC à rassembler, désarmer et rapatrier les miliciens hutus rwandais, dont le nombre est estimé à 12.000. La majorité des anciens soldats des Forces armées rwandaises (FAR) et des miliciens Interhamwe, d'ethnie hutue, ont fui au Congo-Kinshasa après le génocide de 1994 au cours duquel ils ont massacré au moins un demi-million de Rwandais -des Tutsis et des Hutus partisans de la coexistence ethnique. Ils ont ensuite utilisé l'ex-Zaïre comme base arrière après avoir conclu une alliance avec le gouvernement de Kinshasa.

En échange, le Rwanda retirera ses quelque 30.000 soldats de RDC.

L'accord devrait être signé au début de la semaine prochaine.

La guerre a éclaté en août 1998, lorsque le Rwanda et l'Ouganda ont soutenu les rebelles congolais qui voulaient renverser le président de l'époque, Laurent-Désiré Kabila, accusé par Kigali et Kampala de soutenir les rebelles menaçant leur sécurité. L'Angola, le Zimbabwe et la Namibie ont alors envoyé des troupes pour soutenir le gouvernement Kabila.

Les précédentes négociations de paix avaient échoué en avril en Afrique du Sud quand MM. Kabila et Bemba avaient signé un accord de partage du pouvoir en marge des pourparlers. Cet accord, qui n'a pas été appliqué, avait été rejeté par les rebelles soutenus par le Rwanda et par de nombreux dirigeants de l'opposition congolaise.

On ignore si Jean-Pierre Bemba participera aux tractations d'août mais MM. Mbeki et Niasse l'inciteront à le faire, selon Adolphe Onusumba, qui a précisé que l'idée était de parvenir à un accord entre le gouvernement, le RCD et le MLC pour le présenter aux mouvements non armés d'opposition et aux représentants de la société civile.

Rodrique Ngowi (AP, KIGALI, Rwanda)


Les miliciens hutus rwandais n'ont pas l'intention de se rendre

KINSHASA (AP), vendredi 26 juillet 2002, 0h54 - L'un des porte-parole des miliciens hutus qui combattent le régime rwandais depuis la République démocratique du Congo a affirmé jeudi que les membres de son mouvement n'ont absolument pas l'intention de se rendre pour être traduits en justice dans leur pays, alors que c'est exactement ce que prévoit le nouveau plan de paix rendu public ces jours derniers.

"Nous sommes prêts à faire face à la justice, mais nous n'avons pas confiance en la justice rwandaise", a expliqué à l'Associated Press Christophe Hakizabera des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).

La majorité des anciens soldats des Forces armées rwandaises (FAR) et des miliciens Interhamwe, d'ethnie hutue, ont fui au Congo-Kinshasa après le génocide de 1994 au cours duquel ils ont massacré au moins un demi-million de Rwandais, des Tutsis et des Hutus partisans de la coexistence ethnique. Les miliciens hutus ont ensuite utilisé le Congo-Kinshasa comme base arrière après avoir conclu une alliance avec le gouvernement de Kinshasa.

Outre les FDLR, aux contours flous, les miliciens hutus sont également regroupés au sein du Peuple en armes pour la libération du Rwanda (PALIR). On estime entre 8.000 et 12.000 le nombre de miliciens hutus basés dans l'est du Congo-Kinshasa, selon Peter Swarbrick, le chef des affaires politiques de la Mission de l'ONU au Congo (MONUC). Un autre responsable onusien ayant requis l'anonymat pense que 5.000 autres servent dans l'armée congolaise, ce que le ministre de la Communication Kikaya Bin Karubi a démenti.

Le nouveau plan de paix conclu lundi par des représentants des gouvernements rwandais et congolais prévoit le regroupement et le désarmement des miliciens hutus, ainsi que leur rapatriement en échange du retrait de l'armée rwandaise du territoire du Congo-Kinshasa.

Le président congolais Joseph Kabila et son homologue rwandais Paul Kagame se rendront en Afrique du Sud dans les prochains jours. L'entourage des deux chefs d'Etat a affirmé que les deux hommes avaient approuvé l'accord. Kigali aura alors trois mois pour retirer ses troupes.

Quant au FDLR, il doute que le président congolais Joseph Kabila puisse contraindre les miliciens hutus rwandais à retourner chez eux. "Il m'apparaît impensable que Kabila nous force à revenir au Rwanda", assure M. Hakizabera. "Bien sûr, nous voulons rentrer au Rwanda, mais nous voulons des garanties d'y bénéficier d'une vraie justice". AP


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