Christiane Taubira à la Mutualité (Pari)s dans une ambiance colorée pour le meeting "républicain" : "faire désirer et aimer la République"
AFP, Paris, mardi 16 avril 2002, 23h46 - Christiane Taubira a défendu avec verve sa conception de la République, riche de sa diversité, mardi soir, au cours d'un meeting parisien à la salle de la Mutualité, devant un millier de personnes.
Pour sa dernière grande réunion, la candidate radicale de gauche à la présidentielle a souhaité "faire désirer et aimer la République" à un public bigarré, une République "gaie, joyeuse, pleine de couleurs, chaleureuse, généreuse".
Dans une allusion à Jean-Pierre Chevènement, autre défenseur de la République, Mme Taubira a pourfendu "ceux qui tremblotent en se protégeant de nos enfants qu'ils traitent de +sauvageons+", ceux qui vivent dans la "nostalgie" d'un "pays sage et terne, cloitré derrière un cordon de sécurité".
La candidate du PRG a défendu une "politique de confiance sociale" assurant "l'égalité des chances" et à l'opposé de "l'obsession sécuritaire". Cela passe notamment par le droit de vote à 17 ans, une scolarité obligatoire jusqu'à 17 ans, un "revenu minimum étudiant", des crêches gratuites ou un "engagement ferme à rattraper les salaires" homme-femme.
Dans le public bariolé, beaucoup sont originaires d'outre-mer. Ils sont venus écouter la députée de Guyane, seule candidate présidentielle venue des DOM à ce jour.
On repère aussi des Bretons agitant le drapeau frappé du "gwenn-a-du". Une banderole signale la présence d'une délégation de Louviers, dans l'Eure, la patrie de Pierre Mendès France, ancien président du Conseil de la IVème République et grande figure du radicalisme.
Rap, biguine, zouk, techno
Au cours d'une longue première partie rythmée et communicative, la programmation musicale veut démontrer que "la culture française est plurielle".
Se succèdent ainsi sur scène les jeunes rappeurs du groupe "333" de Bondy (Seine-Saint-Denis), une chanteuse de gospel, David Fackeure, jazzman à l'empreinte biguine, ou Sylviane Cedia, ambassadrice "zouk" de la musique antillaise. La candidate fait son entrée sur fond de musique techno et de cris "Christiane à l'Elysée !"
Alors que quelques responsables du PRG ont remis en cause le bien-fondé de la candidature Taubira, extérieure à leurs rangs et en panne dans les sondages, les dirigeants du parti ont fait le déplacement de la Mutualité, comme le président, Jean-Michel Baylet, le député du Calvados Alain Tourret ou la parlementaire européenne Catherine Lalumière.
M. Tourret s'enflamme pour ce public "black-blanc-beur". "C'est cette France-là que nous aimons", affirme Jean-Miche Baylet.
Longtemps au plancher dans les intentions de vote, Christiane Taubira progresse quelque peu dans les sondages de premier tour, aux alentours de 1-1,5%. Pour la candidate, "cela confirme que la campagne a longtemps été inégalitaire". Désormais, l'égal accès dans les médias lui permet "d'amplifier (sa) parole". Et de convaincre d'ici dimanche, espère-t-elle.
AP, Paris, mardi 16 avril 2002, 17h18 - "Je souhaite évidemment la victoire de Lionel Jospin sans restrictions ni états d'âme. Ne serait-ce que pour éviter le retour de la droite", déclare Christiane Taubira dans un entretien publié dans l'édition de mercredi du "Monde".
La candidate du Parti radical de gauche (PRG) à l'élection présidentielle estime par ailleurs que "si les 'petits candidats' (de gauche) commencent à se faire entendre, c'est qu'ils disent des choses que Lionel Jospin ne dit pas".
"Je n'ai pas la certitude que leur présence pénalise Jospin; en revanche, je suis sûre que leur absence pourrait faire augmenter encore l'abstention", lance-t-elle, tout en soulignant qu'elle-même "ne fait en rien une campagne contre" le Premier ministre-candidat.
Interrogée sur les désaccords de certains dirigeants du PRG sur sa candidature, Christiane Taubira estime que les problèmes qu'elle a rencontrés au sein du PRG n'ont été que des péripéties", mais précise qu'elle n'a pas apprécié "la déloyauté, le manque de courage politique et moral de ceux qui prétendaient (la) soutenir au départ".
A la question "serez-vous de nouveau candidate en 2007?", elle réplique: "Je ne suis pas maso! je m'aime un peu, quand même". "Si je n'avais pas eu la santé, la curiosité et la passion de l'échange, je n'aurais pas survécu à un mois de campagne", confie la candidate PRG. Et de conclure: "Heureusement que j'ai aussi un caractère de cochon! On n'a pas eu beaucoup de moyens, et malgré les difficultés, on a vraiment fait des miracles dans cette campagne". AP