CRISE IVOIRIENNE : LE BURKINA HORS DE CAUSE
le 30 septembre 2002 (Présidence du Burkina Faso)
C’est sur une note de satisfaction que la
délégation burkinabè a quitté Accra, au terme du sommet extraordinaire convoqué
le 29 septembre 2002, par la Communauté économique des Etats d’Afrique de
l’Ouest(CEDEAO), pour examiner « la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire ainsi
que les implications de celle-ci pour la sous-région ». 11 des 15 Etats membres
de la CEDEAO étaient représentés par leur Président à cette réunion, à laquelle
ont également participé le Président sud-africain Monsieur Thabo Mbeki,
président en exercice de l’Union africaine, Monsieur Amara Essy, Président de la
Commission de l’Union africaine, et Monsieur Ahmedou Ould Abdallah, représentant
spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest.
Au cours des discussions, la Côte d’Ivoire n’a pas fait cas d’une implication du
Burkina dans les troubles qui la secouent depuis le 19 septembre, comme le
laissaient penser certaines allégations, émanant notamment de la presse
ivoirienne. A Accra, les autorités ivoiriennes ont plutôt évoqué la présence de
personnes venant de plusieurs pays de la sous-région, au sein des forces qui
s’opposent à l’armée gouvernementale. De son côté, Ouagadougou n’a pas nié le
fait que certains Ivoiriens, civils comme militaires, en conflit avec les
différents régimes ivoiriens ont trouvé refuge au Burkina, à un moment ou à un
autre. Dans la délégation burkinabè, on fait remarquer que depuis les
Indépendances, la Côte d’Ivoire a accueilli bien plus d’exilés burkinabè, sans
que cela ne porte un grave préjudice aux relations entre les deux pays.
Ouagadougou réaffirme qu’en aucun moment, des groupes ne sont partis du Burkina,
avec la bénédiction des autorités, pour attaquer la Côte d’Ivoire.
A propos de la sécurité des étrangers vivant en Côte d’Ivoire- sujet intéressant
au plus haut point le Burkina, dont la communauté est officiellement estimée à 3
millions de personnes-, le Président Laurent Gbagbo a affirmé son engagement à
faire en sorte que les populations ouest-africaines puissent vivre en harmonie
avec les populations ivoiriennes. Reste que dans une situation comme celle que
vit la Côte d’Ivoire aujourd’hui, la sécurité des étrangers n’incombe pas
uniquement au gouvernement. C’est dans ce sens qu’un appel a été lancé également
aux mutins, afin qu’ils ne commettent pas des exactions sur les populations,
ivoiriennes ou étrangères.
PRIVILEGIER LE DIALOGUE ENTRE IVOIRIENS
L’absence de polémiques entre délégations burkinabè et ivoirienne a permis au
Sommet d’aller très vite vers la recherche de solutions à la crise ivoirienne.
Interrogé par la presse à l’issue des discussions, le Président Blaise Compaoré
s’est félicité «de la prise de conscience de la communauté ouest-africaine quant
à l’ampleur du désastre qui menace de se produire, non seulement en Côte
d’Ivoire, mais aussi dans l’ensemble de la sous-région. Nous avons condamné
cette mutinerie, et déploré les nombreuses pertes en vies humaines ; maintenant,
il s’agit d’instaurer le dialogue entre le gouvernement ivoirien et les mutins».
Le Communiqué final du Sommet mentionne la création « d’un groupe de contact de
haut niveau » composé des Chefs d’Etat du Ghana, de la Guinée Bissau, du Mali,
du Niger, du Nigéria et du Togo. Ce groupe est chargé d’«établir le contact avec
les assaillants, les amener à cesser immédiatement les hostilités, ramener le
calme dans les localités occupées et négocier un cadre général de règlement de
la crise ». Dans le même esprit, « les Chefs d’Etat et de gouvernement ont lancé
un appel à tous les Ivoiriens afin qu’ils continuent de régler leurs différends
à travers le dialogue, et dans un esprit de fraternité ».
La CEDEAO se prépare à envoyer sur place une force d’interposition, au cas où
les initiatives du groupe de contact ne seraient pas couronnées de succès. Une
dizaine de pays ont déjà promis une contribution en hommes. Le Burkina n’en fait
pas partie, mais se dit disposé à aider sous d’autres formes, à la résolution de
la crise ivoirienne.