France, cible de colère à Abidjan après les accords conclus à Paris
La paix de Paris à l'épreuve
des faits en Côte d'Ivoire
Par Silvia Aloisi
PARIS/ABIDJAN (Reuters), dimanche 26 janvier 2003, 20h02 - La communauté internationale, les dirigeants africains et les protagonistes du conflit ivoirien ont apporté leur soutien dimanche à l'accord de sortie de crise conclu en France.
Le président Laurent Gbagbo est reparti pour sa part sans tarder à Abidjan pour calmer les émeutes déclenchées par ses partisans hostiles à cet accord.
Le président ivoirien s'est résolu à signer l'accord au nom de la "stabilité" du pays et de "la paix retrouvée" et a multiplié les appels au calme, non sans quelques pressions françaises.
Gbagbo doit arriver en Côte d'Ivoire peu après 20h00 locales. En attendant, la situation s'est apaisée à Abidjan, où des groupes de manifestants avaient lancé dans la journée des pierres sur l'ambassade de France et la base militaire française des "marsouins" du 43e Bima.
Un établissement scolaire français a également été pillé et incendié, le Centre culturel français a été dévasté et d'autres groupes ont attaqué des magasins appartenant à des Français ou à des immigrants africains accusés de soutenir les rebelles.
Le chef d'Etat ivoirien devrait s'adresser à la Nation, dans la soirée ou plus tard.
"JE N'AI PAS GAGNE LA GUERRE"
Depuis le coup d'Etat manqué du 19 septembre, les rebelles du Mouvement
patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) tiennent le nord du pays à majorité
musulmane. L'armée tient le Sud, essentiellement chrétien et animiste, et deux
nouveaux mouvements rebelles ont pris les armes dans l'Ouest fin novembre.
Le conflit a fait des centaines de morts et des milliers de déplacés.
Soucieux d'éviter de nouveaux troubles, le président français Jacques Chirac et le chef de la diplomatie Dominique de Villepin se sont employés, parfois avec force, à s'assurer du soutien du président ivoirien, contraint désormais de partager le pouvoir avec un gouvernement ouvert aux rebelles.
Le président français, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le président de l'Union africaine, le Sud-Africain Thabo Mbeki ont tous souligné la nécessité pour l'ensemble des parties ivoiriennes d'expliquer qu'il n'y avait pas de solution de rechange pour mettre fin à la guerre civile.
Laurent Gbagbo en a convenu: "Il y a deux manières de sortir d'une guerre. On fait la guerre et on la gagne militairement. Mais quand on n'a pas gagné, on discute et on fait des compromis. Moi, je n'ai pas gagné la guerre".
La liste d'un gouvernement de réconciliation nationale devrait lui être soumise "dans les prochains jours" par le "Premier ministre de consensus", Seydou Diarra, qui s'est dit prêt à "relever le défi" de la reconstruction.
L'ARMEE SE SENT HUMILIEE
La rébellion ivoirienne a elle aussi joué la carte de l'apaisement.
Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI, a ainsi lancé un "message de paix" à tous les Ivoiriens.
Mais l'attribution revendiquée par le MPCI des ministères-clés de la Défense et de l'Intérieur a déclenché la colère des partisans de Gbagbo.
L'armée ivoirienne a pour sa part qualifié d'"humiliants" certains points de l'accord de paix, mais a lancé des appels au calme.
"J'espère qu'en rentrant, tous les dirigeants politiques signataires de l'accord de Marcoussis vont expliquer à la population (...) que c'était pour arrêter la guerre, que c'était pour la paix, pour créer une atmosphère où on peut travailler calmement et respecter la Constitution", a résumé Kofi Annan.
A Bouaké, fief des rebelles dans le centre du pays, des milliers de personnes ont fêté la signature de l'accord de paix en chantant "La guerre est finie, on a gagné".
Gbabgo, la défaite politique à Paris
PARIS, 26 jan (AFP) - 17h23 - Le président ivoirien Laurent Gbabgo est venu au sommet des chefs d'Etat africains de Paris pour se voir contraint par la France d'accepter l'accord de Marcoussis qui consacre sa défaite politique face aux rebelles qui ont lancé leur insurrection il y a quatre mois.
Fait rarissime dans l'histoire, les rebelles du Mouvement populaire de Côte d'Ivoire (MPCI), qui tiennent la moitié de l'ancienne colonie française, ont en effet obtenu par la négociation politique, les ministères d'Etat de la Défense et de l'Intérieur dans le gouvernement d'union nationale.
"Oui, nous avons la Défense et l'Intérieur", a confirmé dimanche, très satisfait, le chef du MPCI, Guillaume Soro.
"Les rebelles ont pris les armes, ils en obtiennent maintenant en toute légalité le contrôle dans toute la nation", notait dimanche un diplomate.
De plus, les autres portefeuilles sensibles échappent au parti de Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI). Les Affaires étrangères reviennent au Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, de l'ancien président Henri Konan Bédié), tandis que la Justice va au Rassemblement des Républicains (RDR), le parti de son principal adversaire, l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara.
Ne reste au parti du président que l'Economie et l'Energie.
Tout au long du sommet, le président Gbabgo a été constamment sous la pression de la délégation française pour qu'il ne prenne pas d'initiative contraire à l'accord signé à Marcoussis par tous, dont son gouvernement et le
"Il faut qu'il comprenne qu'un accord, une fois signé, doit être respecté. Sinon, on revient à la situation antérieure, qui lui est encore moins favorable", indiquait une source proche des négociateurs.
Samedi matin, pendant deux heures, et avant son discours au sommet, M. Gbabgo a été entrepris par le président Jacques Chirac, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le doyen des chefs d'Etats africains présents à Paris, le Gabonais Omar Bongo, qui voulaient s'assurer qu'il respecterait le montage politique prévu. La veille, il avait été déjà reçu à l'Elysée.
Preuve de leur détermination, les Français ne lui ont même pas laissé la primeur de l'annonce du nom du Premier ministre, Seydou Diarra. Ce sont des sources françaises qui s'en sont chargées, pour bien tracer la ligne.
Le président Gbagbo a ensuite officialisé dans la soirée cette nomination depuis l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris.
"Je viens de signer le décret portant nomination du Premier ministre Seydou Diarra", a-t-il dit, d'une voix neutre.
Dans la salle, un journaliste d'un quotidien proche du pouvoir pleurait. Comme des manifestants qui lui criaient son soutien devant l'ambassade en l'encourageant à rester "debout".
Dimanche matin, à la reprise du sommet, et alors que les dépêches faisant état de manifestations violentes anti-françaises tombaient, le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, l'a accueilli dès la sortie de sa voiture pour lui murmurer quelques mots à l'oreille, et visiblement, lui éviter de répondre à la presse.
Et c'est à bord d'un avion affrété par Paris qu'il est rentré, plus tôt que prévu, en compagnie de l'ambassadeur de France à Abidjan, Gildas Le Lidec.
"Les Français sont déterminés à faire respecter l'accord. Dans Abidjan, les soldats français ont reçu des consignes très claires, notamment pour ne pas tolérer les agissements des escadrons de la mort", indique un diplomate.
Depuis le début de la crise, la France, qui a sauvé la mise de Gbabgo en intervenant pour bloquer la rébellion et s'inquiète d'une déstabilisation de l'entière région, s'est fortement impliquée dans la recherche d'une solution négociée. Au risque d'être accusée par certains de néo-colonialisme.
Dans la conférence de presse finale, le président Omar Bongo a plaisanté: "J'ai dit à Gbabgo de ne pas quitter le pouvoir, sinon ce serait un lâche".
Mais Gbagbo avait déjà reconnu sa défaite en déclarant: "Je rentre dire aux Ivoiriens que je n'ai pas gagné la guerre".
PARIS, 26 jan (AFP) - 17h21 - Voici les principaux extraits des huit pages de conclusions de la "Conférence des chefs d'Etat sur la Côte d'Ivoire" qui a entériné dimanche l'accord signé à Marcoussis près de Paris le 24 janvier 2003 par la table ronde des forces politiques ivoiriennes, visant à sortir le pays de quatre mois de conflit.
"La Conférence approuve l'accord signé à Linas-Marcoussis par la table ronde, qui consacre la réconciliation nationale et ouvre la voie du retour à la paix en Côte d'Ivoire, dans le respect de la légitimité constitutionnelle.
- La conférence a salué l'annonce par le président Gbagbo de la constitution du gouvernement de réconciliation nationale prévu par l'accord de Linas-Marcoussis. Elle a pris note que (...) ce gouvernement sera dirigé par M. Seydou Diarra, Premier ministre désigné, et composé conformément aux critères d'équilibre recommandés par l'accord de Linas-Marcoussis.
- La Conférence souligne la nécessité d'appliquer dans des délais rapides les dispositions agréées
- La Conférence décide d'appuyer la mise en place du Comité de suivi de l'accord et demande son établissement immédiat à Abidjan (...) Ce Comité de suivi (...) aura pouvoir de saisir toutes autorités, nationales, régionales et internationales des cas d'obstruction et de défaillance (...) le Comité de suivi aura en particulier le pouvoir d'évoquer les manquements à l'accord auprès du Conseil de sécurité des Nations unies
- La Conférence exprime le voeu que la présidence du Comité de suivi soit assurée par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies. Elle demande que ce comité se réunisse régulièrement
- La Conférence demande au gouvernement de réconciliation nationale d'accorder une haute priorité au respect des libertés publiques et à la sécurité des personnes
- La Conférence affirme l'importance du soutien des Etats membres de la CEDEAO et des Nations unies au rétablissement de la paix et de la sécurité en Côte d'Ivoire
- Les chefs d'Etat invitent le secrétaire général des Nations unies et les Etats participants qui sont également membres du Conseil des Nations unies à faire approuver par celui-ci les conclusions de la Conférence
- La conférence recommande que le secrétaire général des Nations unies soumette au Conseil de sécurité des recommandations tendant au déploiement d'observateurs civils et militaires qui aideront à superviser l'application de l'accord sur l'ensemble du territoire de la Côte d'Ivoire
- La Conférence demande que le gouvernement de réconciliation nationale facilite le déploiement des forces de la CEDEAO et des forces françaises de soutien sur l'ensemble du territoire de la Côte d'Ivoire
- La Conférence exprime le voeu que le Conseil de sécurité affirme (...) le droit des forces de la CEDEAO et des forces qui soutiennent celles-ci de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la liberté de circulation de leurs personnels et pour assurer (...) la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques
- La Conférence rappelle l'importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale. Elle invite en conséquence tous les Etats voisins de la Côte d'ivoire à soutenir le processus de retour à la paix en prévenant toute action de nature à porter atteinte à la sécurité de la Côte d'Ivoire
- La Conférence (...) demande que des moyens accrus soient réunis pour assurer l'acheminement de l'aide humanitaire et la protection des réfugiés et déplacés
- La Conférence (...) encourage le gouvernement de réconciliation nationale à élaborer un programme de redressement économique et social tel que mentionné dans l'accord. Elle demande instamment au FMI, à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement, à l'Union européenne et aux bailleurs de fonds bilatéraux de contribuer à ce redressement".
Laurent Gbagbo promet de faire «sa part de travail» pour la paix en Côte d'Ivoire
PARIS (AP), 26 janvier 2003 16:49 - Le président ivoirien Laurent Gbagbo a promis dimanche de faire sa «part de travail» pour que la paix revienne en Côte d'Ivoire, en renouvelant son appel au calme adressé à ses partisans.
«Je m'en vais faire ma part de travail pour que la paix revienne, que le gouvernement s'installe», a déclaré M. Gbagbo devant la presse à l'issue de la conférence des chefs d'Etat africains sur la Côte d'Ivoire.
Le président ivoirien a de nouveau appelé ses partisans au calme. «Je constate qu'il y a des mouvements divers en Côte d'Ivoire. J'ai appelé au calme, qui est en train progressivement de se rétablir», a-t-il affirmé, en confirmant qu'il partirait dès la fin de la conférence pour rentrer en Côte d'Ivoire et tenter de contrôler la situation.
Interrogé sur les violences en cours, il a affirmé qu»'elles ne continueront pas».
Excluant de démissionner, le président ivoirien a défendu une nouvelle fois l'esprit de l'accord de réconciliation nationale entériné par la conférence de Paris, et contesté par ses partisans.
«Il faut que les gens comprennent qu'on ne sort pas d'une guerre comme on sortirait d'un dîner de gala. (...) Quand on n'a pas gagné, on discute et on fait des compromis», a-t-il expliqué. «Moi je n'ai pas gagné la guerre. Donc le pouvoir qui me reste, c'est de discuter et de faire des compromis».
Laurent Gbagbo a estimé que l'accord de Marcoussis «confirme l'intégrité territoriale» de la Côte d'Ivoire, permet de rétablir la paix et la prospérité et reconnaît «la voie démocratique comme la voie unique pour accéder au pouvoir».
«Je suis heureux parce que ces quatre points sont contenus dans l'accord. Je ne peux rien demander d'autre», a souligné le président ivoirien. «Tout est préservé».
Laurent Gbagbo a par ailleurs remercié la communauté internationale, et en particulier la France, pour son soutien «permanent». AP
ABIDJAN, 26 jan (AFP) - 11h46 - Des soldats français ont tiré dimanche matin des grenades assourdissantes et lacrymogènes contre des dizaines de milliers de manifestants ivoirien protestant devant l'ambassade de France à Abidjan contre l'accord de paix conclu à Paris et jugé défavorable au président Laurent Gbagbo, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin a annoncé dimanche depuis Paris que les quelque 16.000 Français d'Abidjan vont "être sécurisés". Selon lui, un groupe d'"extrêmistes proches du pouvoir" est à l'origine de ces manifestations.
Après un appel du président Jacques Chirac en ce sens, le président Gbagbo, qui doit rentrer dimanche à Abidjan, a appelé dimanche depuis Paris "tous les ivoiriens à rester calmes et à rentrer chez eux".
La section consulaire de l'ambassade de France à Abidjan a été également été incendiée dans le quartier du Plateau, dans le centre d'Abidjan par des manifestants qui ont jeté des étoffes enflammées contre le bâtiment par dessus le périmètre de sécurité.
Le feu a été rapidement maîtrisé. Les soldats français de l'ambassade ont reçu des renforts par hélicoptère dimanche matin. Les forces de l'ordre ivoiriennes se sont déployées entre les manifestants et les portes de l'ambassade.
Hurlant des slogans anti-français et pro-américains, les manifestants visiblement très excités et souvent armés de machettes et de gourdins, ont fait volé en éclat les barrières et cordons de sécurité interdisant l'accès à l'ambassade de France, dans le quartier du Plateau, situé dans le centre d'Abidjan.
Ils ont également lancé des pierres, des tabourets et d'autres objets en bois contre les bâtiments de l'ambassade.
L'accord de Marcoussis prévoit la nomination d'un Premier ministre de consensus, Seydou Diarra, un Musulman du Nord, et la formation d'un gouvernement d'union nationale comprenant des représentants des principaux partis et des rebelles qui luttent depuis septembre contre le régime Gbagbo.
Il a été accepté par M. Gbagbo samedi à l'issue du premier jour d'un sommet des chefs d'Etat africains sur la Côte d'Ivoire à Paris.
L'ambassade de France en Côte d'Ivoire avait conseillé dans la nuit aux ressortissants français d'Abidjan de rester chez eux dimanche suite à l'appel à manifester lancé par les organisations de "jeunes patriotes", proches de M. Gbagbo.
Le camp militaire français du 43ème Bataillon d'Infanterie de marine (BIMa) a également été assiégé toute la nuit par plus de 400 manifestants qui ont tenté d'incendier l'enceinte du casernement proche de l'aéroport international d'Abidjan.
"Depuis 21h00 quelques dizaines d'excités tentent même de pénétrer dans le camp", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Force française Licorne, le Lieutenant colonel Ange Antoine Leccia précisant que "les manifestants sont des agitateurs bien entraînés et bien organisés".
Le 43ème BIMa a reçu des renforts en provenance des différents points de la ligne de front qu'ils étaient chargés de sécuriser, a appris l'AFP auprès de la force Licorne.
Le Centre culturel Français situé dans le quartier central du plateau a été totalement pillé, "les jeunes ont forcé les grilles et sont rentrés sans que la police intervienne. Plus tard des agents des forces de l'ordre sont intervenus puis sont repartis laissant les pillards revenir dans le CCF".
D'autres établissements identifiés comme français, comme les agences Orange-Côte d'Ivoire, l'agence d'Air France, le lycée Jean Mermoz, ont également été incendiés ou pillés selon des témoins.
Le consulat du Burkina Faso, pays accusé par le régime Gbagbo de soutenir les rebelles, a également été incendié par les manifestants a constaté un journaliste de l'AFP et les pompiers tentaient d'éteindre l'incendie.
La compagnie aérienne Air France a décidé de supprimer dimanche son vol en provenance de Paris vers Abidjan, suite à ces manifestations.
Une source diplomatique a indiqué que quelque Français avaient été inquiétés chez eux, mais selon les dernières information aucun Français n'a été blessé ou tué. Selon des témoins, des villas ont cependant été pillées.
ABIDJAN, 26 jan (AFP) - 11h35 - Des militaires français sont arrivés dimanche à Abidjan en renfort des éléments du 43ème Bataillon d'Infanterie de Marine (BIMa), en provenance des différents points de la ligne de front qu'ils étaient chargés de sécuriser, a appris l'AFP auprès de la force Licorne.
"On a fait venir des renforts dans la journée en provenance de Yamoussoukro, ils ont voyagé dans la nuit et sont actuellement cantonnés au BIMa", la base militaire française à Abidjan, a déclaré à l'AFP par téléphone le lieutenant-colonel Ange-Antoine Leccia, porte-parole de l'opération Licorne.
"Ces soldats constituent une réserve d'intervention qui interviendra sur le terrain quand nous le jugerons utile", a-t-il ajouté, refusant de préciser le nombre exact de troupes disponibles.
Des hélicoptères militaires français "de renseignement" survolent à intervalles réguliers les abords de l'ambassade de France à Abidjan, assiégée par des dizaines de milliers de manifestants qui ont tenté d'incendier les locaux.
Plus tôt dans la matinée les gendarmes français chargés de la sécurité de l'ambassade avaient reçu un renfort du 43ème BIMa par hélicoptère.
PARIS, 26 jan (AFP) - 11h23 - Le président ivoirien Laurent Gbagbo a appelé dimanche depuis Paris "tous les Ivoiriens à rester calmes et de rentrer chez eux" alors que des manifestations anti-françaises ont éclaté depuis samedi soir à Abidjan.
M. Gbagbo a ajouté qu'il allait "sauter aussitôt dans l'avion" pour rentrer en Côte d'Ivoire immédiatement après la fin du sommet des chefs d'Etat africains à Paris sur la crise ivoirienne prévue dimanche après-midi.
"Je demande à tous les Ivoiriens de rester calmes et de rentrer chez eux et d'attendre que je vienne m'adresser à eux", a dit le président ivoirien dans une déclaration à la presse.
"Une crise qui dure quatre mois, cela coûte cher. Par conséquent pour en sortir, il faut des concessions mutuelles, j'en ai fait", a-t-il ajouté.
PARIS, 26 jan (AFP) - 10h59 - Le sommet des chefs d'Etat africains a repris ses travaux dimanche à Paris sur la crise ivoirienne au lendemain de l'acceptation par le président ivoirien Laurent Gbagbo de l'accord de réconciliation nationale et alors que des manifestations anti-françaises ont éclaté à Abidjan.
Présidé par le chef de l'Etat français Jacques Chirac, le sommet de deux jours consacré à la Côte d'Ivoire regroupe onze chefs d'Etat africains, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.
Au premier jour du sommet samedi, le président ivoirien Laurent Gbagbo a accepté un accord de réconciliation pour mettre fin à quatre mois de violences dans son pays et annoncé la nomination d'un nouveau Premier ministre de consensus, Seydou Diarra.
A Abidjan des manifestations anti-françaises de partisans de Gbabgo ont éclaté samedi soir malgré le couvre-feu dans plusieurs quartiers de la ville, tandis qu'à Bouaké (centre), deuxième ville du pays et quartier général du MPCI, des scènes d'allégresse ont salué la composition du nouveau gouvernement.
PARIS, 25 jan (AFP) - 10h55 - Le président français Jacques Chirac a réclamé dimanche du président ivoirien Laurent Gbagbo qu'il prenne des mesures pour ramener le calme à Abidjan où ont éclaté des manifestations anti-françaises, a déclaré la présidence française.
M. Chirac s'est entretenu brièvement dimanche matin avec le président ivoirien avant la reprise des travaux du sommet sur la Côte d'Ivoire "pour que ses partisans aient bien conscience du fait que la réconciliation est une exigence majeure", a déclaré la porte-parole de l'Elysée Catherine Colonna.
"Il lui a dit qu'il lui appartient de faire en sorte que le calme revienne à Abidjan", a-t-elle dit, ajoutant: "l'entretien fut bref et le message clair".
Elle a également précisé que l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, Gildas Le Lidec, qui assistait au sommet de Paris était reparti dimanche matin pour Abidjan.
Manifestations à
Abidjan contre l'accord de paix
ABIDJAN (Reuters), 26 janvier 2003 10:44 - Des dizaines de milliers d'Ivoiriens continuent à manifester et à brûler des pneus dans le centre d'Abidjan pour protester contre l'accord de paix conclu à Paris, qui doit être ratifié dans la journée par les dirigeants d'Afrique de l'Ouest réunis en sommet.
A la base principale de l'armée française établie dans Abidjan, les soldats français ont fait usage dans la nuit de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, qui dénonçaient un accord signé selon eux sous la pression de Paris par le président Laurent Gbagbo.
Un autre groupe de manifestants favorables à Gbagbo a pillé et incendié un établissement scolaire français dans le quartier résidentiel de Cocody. Le Centre culturel français a également été dévasté.
Des groupes de manifestants ont attaqué et pillé des magasins appartenant à des Français ou à des immigrants africains accusés de soutenir les rebelles, qui contrôlent la moitié du pays plongé dans le chaos depuis quatre mois.
En vertu de l'accord de Paris, le gouvernement de réconciliation aura à sa tête un Premier ministre de "consensus", Seydou Diarra, un nordiste musulman.
A Abidjan, les manifestants pro-Gbagbo semblaient particulièrement indignés par le fait que les rebelles aient dit s'être vu proposer les portefeuilles clés de la Défense et de l'Intérieur au sein du futur gouvernement.
"Nous voulons montrer au monde que nous n'accepterons jamais cet accord. Les rebelles ne mettront pas les pieds ici", a déclaré une femme dans le quartier de Yopougon, où des colonnes de fumée noire s'échappaient de tas de pneus en feu.
Les manifestants ont défilé en direction de la place de la République, proche de la présidence. Les forces de sécurité ont demandé aux gens de manifester pacifiquement, sans chercher à les arrêter.
Laurent Gbagbo, qui se trouve en France depuis jeudi après-midi, est tenu informé de la situation: "Le président Gbagbo s'est entretenu ce soir avec le ministre de la Défense Kadet Bertin et a donné instruction pour que les choses ne dérapent pas", a indiqué samedi son porte-parole.
REPRISE DU SOMMET A PARIS
Le nouveau gouvernement découlant de l'accord doit être composé de neuf ministres d'Etat répartis entre les principales forces ivoiriennes. Deux seront issus du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Gbagbo), deux du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI, rebelles), deux du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, le parti d'Henri Konan Bédié, ancien chef de l'Etat) et deux du RDR (Rassemblement des républicains, de l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara). Le neuvième sera désigné par consensus des autres formations ivoiriennes représentées à la table ronde de Marcoussis.
Aux termes de l'accord de paix, le nouveau Premier ministre Seydou Diarra disposera des "prérogatives de l'exécutif". Il sera chargé de préparer les prochaines échéances électorales.
L'accord sera sans doute difficile à accepter des deux côtés de la ligne de front en Côte d'Ivoire. Dans le Nord, tenu par les rebelles, beaucoup sont déçus de voir Gbagbo conserver la présidence. Dans le Sud à majorité chrétienne, l'accord est considéré comme une capitulation face aux rebelles.
"Quand on va discuter, on y va pour donner et pour prendre. On ne peut pas dire que l'on ressorte victorieux de ces négociations", a déclaré le Premier ministre de Gbagbo, Pascal Affi Nguessan, à ses partisans réunis à Abidjan.
A Paris, Laurent Gbagbo a dit donner à la Côte d'Ivoire "un gouvernement dont les deux objets essentiels sont de sortir le pays de la guerre et de ramener la prospérité". Le président ivoirien, dont le mandat prend fin théoriquement en octobre 2005, a annoncé qu'il s'adresserait prochainement à la nation ivoirienne.
Certains de ses partisans ont fait entendre un tout autre son de cloche en dénonçant dès samedi "un coup d'Etat institutionnel" de la France.
Prudent, Jacques Chirac, tout en exprimant sa "très grande satisfaction" de voir "la paix et la réconciliation revenir en Côte d'Ivoire", a prévenu qu'il restait "encore beaucoup à faire" et que toutes les parties devaient "respecter la règle du jeu".
Le sommet ("Conférence des chefs d'Etat africains") doit reprendre ce dimanche matin à Paris et s'achèvera par un déjeuner des délégations à l'Elysée. Les délégués débattront de l'aide financière nécessaire à la reconstruction de la Côte d'Ivoire, "poumon économique" de l'Afrique de l'Ouest.
PARIS, 26 jan (AFP) - 10h27 - Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin a affirmé dimanche à Paris que les manifestants anti-français à Abidjan sont une "poignée d'extrémistes proches du pouvoir".
Ces manifestants sont "clairement identifiés", a ajouté M. de Villepin à la presse à son arrivée au Centre international de conférences à Paris où se déroule un sommet de deux jours de chefs d'Etat africains sur la crise ivoirienne.
Les Français à Abidjan "vont être sécurisés" après les manifestations anti-françaises qui ont éclaté samedi soir, a dit le ministre.
"Nous sommes en contact avec les représentants sur place pour prendre des mesures pour sécuriser les Français", a précisé M. de Villepin.
Le ministre des Affaires étrangères a confirmé implicitement l'annonce par les rebelles qu'ils allaient détenir les portefeuilles de la Défense et de l'Intérieur dans le nouveau gouvernement.
"La paix et la réconciliation en Côte d'Ivoire c'est bien cela", a-t-il répondu à une question sur cette annonce.
Le chef du principal mouvement rebelle ivoirien (Mouvement populaire de Côte d'Ivoire, MPCI), Guillaume Soro, a affirmé samedi soir à Paris que son mouvement avait obtenu les postes ministériels "de la Défense et de l'Intérieur" dans le nouveau gouvernement.
Au premier jour du sommet samedi, le président ivoirien Laurent Gbagbo a accepté un accord de réconciliation pour mettre fin à quatre mois de violences dans son pays et annoncé la nomination d'un nouveau Premier ministre de consensus, Seydou Diarra.
A Abidjan des manifestations anti-françaises de partisans de Gbabgo ont éclaté malgré le couvre-feu dans plusieurs quartiers de la ville, tandis qu'à Bouaké (centre), deuxième ville du pays et quartier général du principal mouvement rebelle, des scènes d'allégresse ont salué la composition du nouveau gouvernement.
ABIDJAN, 26 jan (AFP) - 9h35 - Des manifestants opposés aux accords de Marcoussis (France) sur la crise ivoirienne ont en partie incendié le consulat du Burkina Faso à Abidjan dimanche en début de matinée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une fumée noire s'échappait du bâtiment consulaire situé dans le quartier résidentiel du Plateau à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.
Deux camions de pompiers étaient stationnés devant l'entrée principal, lances à incendie déroulée. Les pompiers tentaient de maîtriser l'incendie.
Aucun éléments des forces de l'ordre n'était présent dans les alentours immédiats du consulat, a constaté le journaliste.
Des manifestations sporadiques anti-françaises se sont déroulées toute la nuit en dépit du couvre-feu entré en vigueur à 22h00 et qui se termine à 06h00 (locale et GMT).
Les organisations de "jeunes patriotes" proche du président Laurent Gbagbo ont appelé à manifester dimanche à Abidjan contre les accords de Marcoussis qui définissent un nouvel ordre politique en Côte d'Ivoire et prévoient notamment l'entrée des rebelles dans le nouveau gouvernement.
Des centaines de jeunes coiffés de bandeaux rouges et souvent armés de gourdins continuent de circuler à pied dans la ville.
ABIDJAN, 26 jan (AFP) - 8h47 - La compagnie aérienne Air France a décidé de supprimer dimanche son vol en provenance de Paris vers Abidjan, suite aux manifestations anti-françaises qui se déroulent actuellement dans la capitale économique ivoirienne, a-t-on appris de sources concordantes.
Un passager du vol, contacté par téléphone par l'AFP lors de l'escale de Lomé, a indiqué que la compagnie avait décidé de ne pas voler sur Abidjan et de faire rentrer l'avion à Paris.
Air France assure une desserte quotidienne d'Abidjan à partir de Paris, via Lomé où dorment les équipages depuis le début de la crise en Côte d'Ivoire il y a plus de quatre mois.
La compagnie française avait indiqué dans la nuit que le vol pourrait être supprimé en raison des troubles.
A l'aéroport d'Abidjan "les bureaux sont vides à cause des manifestations. Il n'y a pas d'avion", a déclaré un employé.
L'ambassade de France en Côte d'Ivoire a conseillé à ses ressortissants de rester chez eux dimanche à cause des manifestations qui ont commencé samedi soir dans plusieurs quartiers d'Abidjan.
Les organisations de "jeunes patriotes" proche du président Laurent Gbagbo ont appelé à manifester dimanche à Abidjan contre les accords de Marcoussis qui définissent un nouvel ordre politique en Côte d'Ivoire et prévoient notamment l'entrée des rebelles dans le nouveau gouvernement.
Ouverture de la réunion des forces politiques
ivoiriennes par M. de Villepin (CCI Kléber,
15/01/03) Photo : © F. de la Mure/MAE