Irak: l'Onu commence à discuter de la levée des sanctions

Rencontre entre Colin Powell et Kofi Annan mercredi à l'ONU : Les Etats-Unis ont déposé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU leur projet de résolution visant à lever les sanctions contre l'Irak et à donner aux forces d'occupation le contrôle de l'économie irakienne, alors que la France avait souligné le "rôle central" de l'ONU pour la reconstruction de l'Irak.  - Stan Honda (AFP - vendredi 9 mai 2003, 23h33)

NEW YORK (AFP), vendredi 9 mai 2003, 23h33  - L'Onu a commencé vendredi à discuter d'un projet de résolution américain visant à lever les sanctions contre l'Irak et à donner aux forces d'occupation le contrôle de son économie alors que la France réclamait un rôle central pour les Nations Unies dans la reconstruction.

Un mois après la chute de Saddam Hussein, le projet prévoit la levée de toutes les sanctions pesant sur l'Irak depuis 1990, sauf dans le domaine militaire, en prônant la mise en place d'un Fonds d'assistance à l'Irak, alimenté notamment par les revenus pétroliers et placé sous l'autorité des "puissances occupantes".

Des membres du Conseil de sécurité comme la France et la Russie, qui étaient opposés à la guerre, devraient contester certaines dispositions du projet de résolution, sur lequel des discussions vont se poursuivre ce week-end et la semaine prochaine et que Washington entend voir voter le 3 juin au plus tard.

Ce Fonds d'assistance servira à la satisfaction des besoins humanitaires, à la reconstruction et la réparation des infrastructures, à la poursuite du désarmement, à la couverture des coûts de l'administration civile locale et à "toute autre raison bénéficiant au peuple irakien".

Selon la résolution, le pourcentage des revenus pétroliers irakiens versés au Fonds de compensation (au Koweit) dont le siège est à Genève passera de 25 à 5%.

M. Negroponte avait souligné que les Etats-Unis ne voyaient "dans un avenir prévisible" aucun rôle en Irak pour les inspecteurs en désarmement de l'ONU. "C'est la coalition (américano-britannique) qui a pris la responsabilité de désarmer l'Irak", a-t-il dit.

Allant dans le même sens, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a affirmé vendredi que l'insécurité en Irak empêchait le retour prochain d'"inspecteurs internationaux", mais il n'a pas exclu leur retour pour l'avenir.

Concession de dernière minute toutefois, le projet américain "appelle toutes les parties concernées à se conformer complètement à leurs obligations découlant du droit international, notamment des conventions de Genève de 1949".

Cette formulation, qui avait été omise du projet de résolution distribué à la presse jeudi, apparaît comme une concession aux Etats comme la France et la Russie, qui s'étaient opposés à l'intervention militaire lancée par les Etats-Unis en Irak.

Des Etats et des associations des droits de l'homme avaient notamment réclamé à Washington l'application de la 4è Convention de Genève, qui définit les obligations de la puissance occupante, chargée notamment d'assurer les services essentiels.

Face au projet américain, le président français Jacques Chirac a affirmé vendredi à Wroclaw (Pologne) que les Nations unies devaient jouer "un rôle central" dans la reconstruction de l'Irak et que la France aborderait les discussions sur un projet de résolution à l'ONU "dans un esprit à la fois ouvert et constructif".

Alors qu'un émissaire américain, Kim Holmes, est à Berlin vendredi pour discuter de la levée des sanctions de l'ONU en Irak, l'Allemagne, opposante à la guerre en Irak, avait souligné vouloir adopter une attitude "pragmatique et constructive" sur la levée des sanctions, selon une source proche de la chancellerie.

A Bagdad, les principaux dirigeants de l'ex-opposition irakienne ont eu jeudi soir des discussions avec le général Jay Garner pour examiner les modalités de formation d'un gouvernement provisoire démocratique en Irak.

La réunion rassemblait autour de lui des représentants du Congrès national irakien (CNI), de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), de l'Assemblée suprême de la Révolution islamique en Irak (Asrii), et de l'Entente nationale irakienne (ENI).

Ce "Conseil des cinq" a décidé de s'élargir à sept personnalités, avec l'admission d'un représentant du parti chiite al-Dawa et d'un représentant sunnite, Nassir Kamel Chaderchi.

Le conseil a par ailleurs conclu un accord avec les Américains "pour coopérer sur le plan de la sécurité et (fournir) des informations sur les membres du parti Baas afin d'éradiquer les restes de la direction irakienne qui se trouvent encore en Irak".

Le Pentagone a indiqué être prêt à limoger éventuellement tout dirigeant irakien nouvellement nommé qui serait dénoncé comme un ancien responsable du régime déchu.

Le haut conseiller du ministère irakien de la Justice, l'Américain Clint Williamson, a annoncé de son côté jeudi qu'une cour spéciale serait créée "dans le cadre du système irakien" pour juger les crimes commis contre le peuple irakien.

Selon Amnesty International, plusieurs fosses communes renfermant des restes de civils irakiens ont été récemment découvertes dans la région de Bassorah (sud de l'Irak). Elles contiendraient les restes de personnes tuées lors de la répression du soulèvement de 1991 contre le régime de Saddam Hussein ou de victimes d'assassinats politiques au cours des années suivantes.

Quelque 2.000 personnes, dont 200 étrangers, sont encore détenues en Irak par la coalition américano-britannique, après la libération de 7.000 prisonniers, a indiqué une source de l'armée américaine à Bagdad.

Sur le terrain, un général américain, Ray Odierno, a eu vendredi des discussions avec des chefs des Moudjahidine du peuple, principal mouvement d'opposition armée au régime de Téhéran, basé en Irak, sur les modalités de son désarmement.


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