Discours d'ouverture et de clôture de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Brazzaville
Discours du Secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf, à Brazzaville (clôture)
Allocution de Monsieur Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF, à l’occasion de la cérémonie de clôture de Conférence des structures gouvernementales chargées des droits de l’Homme dans l’espace francophone
Brazzaville, le lundi 28 avril 2003
Mes premiers mots, ce matin, en cet instant symbolique où nous achevons nos travaux, seront pour exprimer toute ma reconnaissance au Président de la République du Congo pour son engagement personnel dans la réussite de la Conférence de Brazzaville.
Merci au Gouvernement congolais pour l’accueil qui nous a été réservé. Merci, au nom de toute la Communauté francophone, de n’avoir ménagé aucun effort pour le succès de ce forum « du donner et du recevoir ».
L’importance de cet événement a constitué pour nous tous une réelle source de motivation face à des délais aussi rapides. Mais nous avions pour atout la conviction qu’il était nécessaire, face au contexte international actuel, de poser un acte fort. Un acte qui exprime l’engagement de la Francophonie dans la mise en œuvre effective de ses idéaux et de ses valeurs.
Pendant quatre jours, vous avez tous fourni un travail remarquable, sans compter les heures, avec un seul souci : celui de la réussite de la Conférence des structures gouvernementales chargées des droits de l’Homme dans l’espace francophone. Je constate, avec une profonde satisfaction, que les grands objectifs que cette conférence s’était assignés ont été atteints.
En matière de droits de l’Homme, notre charte et la Déclaration de Bamako, nous appelaient à compléter le dispositif déjà existant, et à le rendre plus efficace. Il nous fallait être en mesure de rendre réellement effectif le respect des droits fondamentaux de la personne humaine. L’OIF se devait de répondre favorablement à l’initiative de structurer l’espace francophone de concertation entre compétences gouvernementales en matière de droits de l’Homme, avec la volonté d’associer l’ensemble de nos États et gouvernements membres, et bien sûr, les autres acteurs engagés dans ce combat. Merci à tous d’avoir répondu présents et d’avoir apporté votre contribution à ce dialogue élargi et rénové.
Vos réflexions et vos débats nous ont permis de constater la pertinence de l’approche francophone. A Brazzaville, nous avons renforcé l’esprit et la méthode des réseaux qui permettent l’essor de la Francophonie et marquent son originalité. Cet esprit des réseaux, pétri de nos valeurs de solidarité, d’humanisme et de tolérance. Cet esprit des réseaux qui permet à nos pays, au-delà des distances géographiques et des différences de cultures, de porter haut et fort les ambitions de la Francophonie. Et d’abord, celle de la promotion et de la protection des droits de l’Homme, que notre conférence a affirmées clairement.
Vos travaux nous ont permis de prendre la mesure des politiques menées par nos pays membres pour la mise en œuvre des dispositions préconisées lors de la Conférence mondiale des droits de l’Homme qui s’est tenue à Vienne il y a déjà dix ans. Nous avons constaté les efforts qui ont été déployés et l’évolution du paysage institutionnel aujourd’hui plus diversifié. Il est clair que de nouveaux modes de partenariat et une meilleure conjugaison des compétences s’imposent. Les échanges d’information qui ont nourri les débats de Brazzaville seront d’un apport inestimable pour mieux cibler les actions que nous allons à présent engager.
Au sein de vos ateliers, vous avez également traité avec pertinence les causes multiformes des crises et des conflits. Ces conflits qui affectent la dignité et le bien-être des peuples de la Francophonie et qui donnent une ampleur encore plus dramatique et plus brutale à la violation des droits de l’Homme.
Afin de relever ce défi, vos réflexions ont montré que nous devons mettre à profit notre solidarité inventive pour définir les modalités propres à inspirer la réflexion stratégique dont notre Communauté doit se doter.
Dans ce cadre, je retiens quelques-unes de vos réflexions qui m’ont paru pertinentes :
- L’amélioration et l’élargissement des engagements des pays francophones à l’égard des instruments internationaux et régionaux,
- Le besoin de rationaliser l’action des différents acteurs, tant au niveau national qu’au niveau international,
- La nécessité d’ancrer plus fortement dans les esprits la culture de la démocratie et de la paix pour rendre plus durable et plus efficace la prévention et le règlement des conflits.
Nous nous devions de donner ici à Brazzaville une impulsion nouvelle à nos actions. Nous y sommes parvenus avec la mise en réseau des structures gouvernementales chargées des droits de l’Homme dans l’espace francophone, que je souhaitais, et dont je salue la naissance. J’ai été très sensible à l’esprit de consensus dans lequel nous nous sommes inscrits.
Ces structures gouvernementales sont en effet à la fois le levain et le levier des politiques de chacun de nos États dans ce domaine des droits de l’Homme. Nous savons que leur engagement est une condition essentielle de l’amélioration de la protection des droits des individus. C’est pour cela que la Communauté francophone s’est dotée de ce nouveau mécanisme d’échange et de concertation qui va enrichir notre réflexion et notre coopération. Ce réseau a toute sa place dans le dispositif de mise en œuvre du chapitre 5 de la Déclaration de Bamako, dont l’application doit maintenant s’inscrire sans délais dans les faits.
C’est à cette condition que nous allons pouvoir progresser et devenir un partenaire opérationnel dans ces processus, pour offrir aux pays membres qui le souhaitent un concours efficace.
Nul ne doit aujourd’hui invoquer le prétexte de la pauvreté pour justifier des situations d’abus et de violation des droits de l’Homme. Il ne faut pas être riche pour mettre fin à la torture, à l’arbitraire du pouvoir ou à la limitation de la liberté d’expression.
Nous, Francophones, nous devons dans ce domaine donner l’exemple en remettant la personne et ses droits au centre de toutes nos ambitions.
Je m’associe ici au souhait formulé il y a quelques jours à Genève par le Secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan. Je le cite : « Lorsque l’on parle des droits de l’Homme, on ne doit jamais perdre de vue que le premier objectif est de sauver des hommes, des femmes et des enfants de la violence, des abus, de l’injustice. Il faut tout autant les affranchir du besoin que les libérer de la peur. (…) Il faut reconnaître que le respect des droits des individus passe par l’action des États. Vous devez vous employer à ce que ces droits deviennent une réalité pour tous les citoyens de toutes les Nations. »
C’est sur cette voie que la Francophonie s’est engagée ici à Brazzaville. Nous avons désormais l’obligation impérative de tenir nos promesses.
Je vous remercie.
OIF: Organisation internationale de la
Francophonie
Hervé Barraquand (Cabinet du Secrétaire général - Organisation internationale de
la Francophonie
herve.barraquand@francophonie.org
webmaitre@francophonie.org
28 avril 2003,
03:49:45
1° Conférence des structures gouvernementales chargées des droits de l’homme dans l’espace francophone - Rapport général de la Conférence
Ce rapport a été présenté ce matin, à Brazzaville, lors de la séance de
clôture de la 1° Conférence des structures gouvernementales chargées des
droits de l’hommed dans l’espace francophone par les rapporteurs Ahmed Salem
Ould Boubout (Mauritanie) et Me Kinkela Vikansy (RDC).
En voici le texte intégral :
« Monsieur le ministre d’Etat, représentant monsieur le président de la
République, mesdames et messieurs les ministres et chefs de délégation, monsieur
le secrétaire général de la Francophonie, messieurs les honorables
parlementaires, monsieur l’administrateur général de l’Agence
intergouvernementale de la Francophonie, mesdames et messieurs les experts,
mesdames et messieurs,
Conformément au mandat que vous nous avez confié, nous avons l’honneur de vous
présenter ci-après le rapport général des travaux de la Conférence des
structures gouvernementales chargées des droits de l’homme dans l’espace
francophone. A cet égard, il convient de souligner que notre tâche, loin d’être
ingrate, nous honore grandement ; mais elle est particulièrement ardue. Il est,
en effet, difficile de rendre compte en si peu de temps de la substance de
débats aussi riches que variés : notre Conférence a réuni quatre jours durant,
dans une communion informelle mais chaleureuse, la grande famille des réseaux
francophones dans son ensemble : structures gouvernementales, parlements, cours
constitutionnelles, médiateurs, autorités de régulation de la communication,
élus locaux, universités, instituts des Droits de l’homme, barreaux,
organisations de la société civile ; elle s’est surtout intéressée, dans le
contexte mondial actuel, à un problème d’une grande actualité : les droits de
l’homme ; elle s’est tenue dans un cadre plus que symbolique, dans la ville de
Brazzaville la verte, au cœur d’une République du Congo réconciliée avec
elle-même et avec l’Etat de droit.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, la cérémonie solennelle
d’ouverture de la Conférence a eu lieu le 25 avril 2003 à 11 heures au Palais du
parlement, sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur Denis
Sassou-Nguesso, président de la République du Congo.
Dans son discours de bienvenue, Son Excellence Monsieur Jean-Martin Mbemba,
Garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits humains, a évoqué la
place de Brazzaville qui, dans l’histoire de l’Afrique et du monde, a été un
carrefour décisif où s’est exprimée au plus haut niveau la liberté des peuples.
Prenant à son tour la parole, Son Excellence Monsieur Pierre-André Wiltzer,
ministre français délégué à la Coopération et à la francophonie, a rappelé les
principaux engagements de la Déclaration de Bamako auxquels la Francophonie a
souscrit en matière de démocratie, de droits et de libertés. En effet, la
Francophonie dispose désormais de son propre corps de référence, de ses
objectifs de coopération, ainsi que de son mode opératoire original fondé sur la
travail en réseau. A cet égard, M. Wiltzer a tenu à rendre hommage à la
Délégation aux droits de l’homme et à la démocratie, qui déploie des efforts
remarquables pour mettre en place les organes de suivi décidés par les instances
de la Francophonie.
Pour sa part, le chef de la délégation du Liban, S.E. Monsieur Gilbert Aoun, a
affirmé que la Francophonie dispose à travers la Charte de la Francophonie, la
Déclaration de Beyrouth et la Déclaration de Bamako d’instruments lui permettant
de jouer pleinement son rôle dans le domaine de la démocratie, des droits et des
libertés, conformément aux modalités juridiques choisis par les Etats membres.
Si la démocratie est un impératif catégorique de la Francophonie, les droits de
l’homme en constituent l’un des piliers essentiels.
Dans son allocution, Son Excellence Monsieur Abdou Diouf, secrétaire général de
l’Organisation Internationale de la Francophonie, a tenu à exprimer tant en son
nom qu’au nom de l’ensemble des participants son immense gratitude au président
de la République du Congo pour son attachement à la Francophonie et son
engagement au service du Congo et de l’Afrique. La tenue de cette conférence à
Brazzaville constitue un moment important pour célébrer et vivifier la
Francophonie dans le domaine des droits de l’homme. Ainsi, plus de deux ans
après le symposium de Bamako, la conférence de Brazzaville constitue-t-elle une
étape significative destinée à confirmer la volonté de la Francophonie de
promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et les libertés.
Le discours d’ouverture prononcé par Son Excellence Monsieur Denis Sassou
Nguesso, président de la République du Congo, a constitué le moment fort de la
cérémonie. Après avoir exprimé sa joie d’accueillir à Brazzaville la conférence
qui s’inscrit dans le cadre des efforts considérables de l’OIF en vue d’assurer
la consolidation de l’Etat de droit, la tenue d’élections libres et
transparentes, l’avènement d’une vie politique apaisée et la diffusion de la
culture démocratique.
Persuadé que le dialogue des civilisations et des cultures n’a de sens que si ce
dialogue existe à la base au sein des Etats, le président Sassou Nguesso a
indiqué que son pays s’est engagé résolument dans la voie de la paix et du
respect des droits de l’homme et s’est en conséquence doté de structures
appropriées pour mener à bien cette politique. Dans ce cadre, le président de la
République a déclaré que le Gouvernement congolais s’engageait à déposer, dès à
présent, les instruments de ratification de la Convention contre la torture et
autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. De même, le
gouvernement congolais s’engage à parachever la procédure de ratification du
statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale.
La Conférence a pris acte de ces engagements avec une très grande satisfaction.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, après la cérémonie solennelle
d’ouverture la Conférence a poursuivi ses travaux en plénière. Ainsi, la
première séance a été l’occasion pour les ministres, chefs de délégation et
représentants des organisations internationales invités de présenter leurs
expériences et politiques dans le domaine des droits de l’homme depuis la
Conférence de Vienne sur les Droits de l’homme de juin 1993. Les 19
interventions présentées ont été très riches et très instructives : elles ont
permis de démontrer l’attachement de l’ensemble des acteurs de la Francophonie
aux droits de l’homme, à la démocratie et à la culture de la paix, et d’évaluer
les efforts menés pour répondre aux engagements pris en ce sens.
En effet, les intervenants ont tous reconnu le caractère universel et
indissociable de l’ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux
et culturels, y compris le droit au développement, et ont souligné qu’en ce
domaine, rien n’est jamais acquis de façon définitive. A cet égard, la
conférence a été un grand moment de ferveur et de mobilisation des pouvoirs
publics et des structures non gouvernementales en faveur des droits de l’homme.
Les intervenants ont également exprimé leur souhait unanime de voir la mise en
place d’un réseau des structures gouvernementales chargées des droits de l’homme
; non pas seulement la création d’un réseau de plus, mais l’institution d’un
cadre adéquat de partenariat solide, de concertation et de coopération
fructueuse entre les différentes structures concernées et entre celles-ci et
l’ensemble des partenaires dans le domaine des droits de l’homme.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, afin d’approfondir la réflexion,
dans un contexte participatif, sur les différents thèmes qui sous-tendent la
problématique des droits de l’homme, les participants se sont répartis, le 26
avril 2003, en quatre ateliers traitant des thèmes ci-après :
-Atelier 1 : Mise en œuvre des engagements internationaux et régionaux des Etats
et des gouvernements en matière de droits de l’homme.
-Atelier 2 : Concertation et partenariat entre les différents acteurs
gouvernementaux dans le domaine des droits de l’homme.
-Atelier 3 : Droits de l’homme, crise et conflits.
-Atelier 4 : Sorties de crise et culture de la paix.
Les travaux dans les ateliers ont été marqués par de riches contributions sur
les expériences menées dans les pays par différents acteurs des processus
démocratiques et de paix, au sein ou en dehors de la Francophonie, et, à ce
titre, leurs membres et leur encadrement méritent toutes vos félicitations. Les
synthèses des travaux de ces ateliers, approuvées par la conférence, sont
annexées au présent rapport dont elles sont partie intégrante. Ces ateliers ont
formulé de nombreuses et importantes recommandations d’ordre juridique et
pratique.
Ainsi, il a été recommandé d’assurer le renforcement des capacités de toutes les
institutions de l’Etat de droit, et notamment les instances de régulation, de
contrôle et de médiation, les institutions administratives, les autorités
traditionnelles, les élus et la société civile, dans la mise en œuvre des
processus de garantie, de promotion des droits de l’homme, d’une part, de
prévention des conflits et de consolidation de la paix, d’autre part. A cet
égard il convient d’explorer les moyens d’accorder un appui technique à la
rédaction des rapports nationaux en matière de droits de l’homme et à la
réception des normes internationales en droit interne, et de consolider la
contribution des Ong dans l’espace francophone à travers le renforcement des
liens de coopération entre les Etats et les Ong.
Il est également indispensable de renforcer les efforts déployés en vue de la
diffusion, de la vulgarisation et de l’enseignement, par tous les moyens, y
compris la presse, des droits de l’homme et de la culture de la paix dans les
différentes couches de la population et auprès des protagonistes impliqués afin
de contribuer à l’adoption d’attitudes et de comportements aptes à favoriser les
valeurs de tolérance et de démocratie. A cet effet, il conviendra d’accorder une
attention particulière aux populations démunies et vulnérables en élaborant une
pédagogie appropriée pour la diffusion des principes et des valeurs de paix, qui
prenne en compte les cultures traditionnelles et leurs spécifiques.
Cet effort de sensibilisation portera notamment sur l’encouragement à la
ratification des instruments internationaux, en particulier le statut de la Cour
pénale internationale, sur le dialogue franc et fructueux entre les
gouvernements et le société civile et sur la coopération avec les organisations
internationales et avec le NEPAD.
Lorsque des crises se font jour, il convient de restaurer l’Etat de droit, à
travers la mise en œuvre des procédures nécessaires à l’arrêt des violences, au
ramassage des armes et au rétablissement de l’ordre public, de consolider les
processus de transition en recourant à des élections libres, fiables et
transparentes, organisées avec la participation en amont et en aval des
observateurs internationaux et à une réconciliation nationale sur des bases
solides et équitables ; de procéder à la réhabilitation et à la reconstruction
en favorisant notamment la réinsertion des miliciens et combattants, la gestion
des populations déplacées et l’application stricte du droit humanitaire surtout
pour les populations vulnérables comme les femmes, les enfants, les personnes
âgées, les réfugiés, les handicapés et ce aussi bien du côté des gouvernements
que du côté des rébellions.
Dans ce cadre, la mise en place de l’Observatoire des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés permettra de suivre les évolutions et de
jouer un rôle d’évaluation, de surveillance et d’alerte à titre préventif.
A cet effet, la Conférence recommande à l’Organisation internationale de la
Francophonie (OIF) de prendre en compte les propositions formulées par les
ateliers dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions prévues au chapitre
5 de la Déclaration de Bamako.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, la séance à huis-clos du 27 avril,
qui a réuni les ministres et les chefs de délégation, a permis, après un débat
enrichissant, d’adopter à l’unanimité et par acclamation, le texte portant
modalités de fonctionnement du Réseau. Ce texte prévoit en son article 3.2, la
mise en place d’un comité de suivi dont la composition sera arrêtée en tenant
compte de la diversité géographique de l’espace francophone.
La création de ce Réseau des structures gouvernementales chargées des droits de
l’homme dans l’espace francophone vise à renforcer et compléter les efforts
engagés dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration de Bamako et
permettra ainsi de développer la collaboration entre les Etats et les structures
non gouvernementales des doits de l’homme, mais également entre ce réseau et les
autres réseaux francophones.
A cet effet, les ministres et chefs de délégation ont mis sur pied un Comité ad
hoc, présidé par la République du Congo (pays hôte de la conférence), comprend
d’une part les membres du groupe d’initiative (Burkina Faso, Maroc, Sénégal) et
d’autre part la France (pays du Siège), le Liban (président en exercice du «
Sommet ») et le Canada en qualité de partenaire traditionnel.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, tels sont les principaux éléments
de synthèse qui nous paraissent devoir être retenus au terme de ces quatre
journées de travail.
Je vous remercie. »
Lundi 28 Avril 2003 à 09:30:00 - DB4810
Site Internet : www.brazzaville-adiac.com
Discours du président Denis Sassou Nguesso à l’occasion de la conférence des structures gouvernementales
Francophonie, dont chacun connaît l’itinéraire
d’homme d’Etat et l’engagement pour la démocratie, la paix et le développement,
ainsi que son attachement Monsieur le secrétaire général de l’Organisation
international de la francophonie (OIF),
Mesdames et Messieurs les ministres,
Excellences, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et chefs des missions
diplomatiques,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de la tenue à Brazzaville, sous les
auspices de l’Organisation internationale de la francophonie, de la première
conférence des structures gouvernementales chargées des droits de l’Homme dans
l’espace francophone.
Je salue, particulièrement, la présence dans la salle, de Son Excellence,
Monsieur Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la
remarquable à la protection des droits de l’Homme dans l’espace francophone.
Monsieur le président, c’est vous, qui avez amené l’Organisation de l’unité
africaine (OUA), alors que vous en étiez président en exercice, à adopter la
Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples. Soyez-en remercié !
La présente conférence, je me dois de le souligner, est une initiative heureuse,
à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle accroît la visibilité de la
Francophonie qui, inéluctablement, réalise les objectifs fixés au terme de
l’article 1er de sa Charte, à savoir : « L’instauration et le développement de
la démocratie, la prévention des conflits, le soutien à l’Etat de droit et aux
droits de l’Homme.»
Ensuite, parce qu’elle illustre la mise en réseau des structures
gouvernementales chargées des droits de l’Homme en vue d’échanger leurs
expériences et de renforcer les relations de partenariat avec les organisations
non gouvernementales et les commissions nationales des droits de l’Homme.
Enfin, parce qu’elle a pour objectif de mettre en relief le rôle fondamental des
Etats par la mise en place de ce réseau d’un type particulier à sa réponse au
défi identifié dans la Déclaration de Bamako, dont particulièrement la
consolidation de l’Etat de droit, la réalisation et la tenue d’élections libres
et transparentes, la vie politique apaisée, l’assimilation de la culture
démocratique.
Ce réseau novateur qui vient renforcer le dispositif déjà existant en
Francophonie, sera le canal privilégié des flux d’informations alimentées par la
valorisation des pratiques positives gouvernementales.
Les structures gouvernementales chargées des droits de l’Homme se doteraient
ainsi d’un instrument qui, tout en respectant les spécificités de chaque Etat,
nous donnera, par la concertation, leur profil et les disposera à répondre à
leurs obligations nationales et leurs engagements internationaux.
De même qu’il contribuera à renforcer l’image de la Francophonie dans son
articulation avec les autres régions du monde.
Mesdames et Messieurs les conférenciers,
j’apprécie à leur juste valeur, les thèmes choisis pour vos ateliers. Car ils
sont d’une actualité brûlante et nous interpellent tous, notamment les pays de
notre sous-région.
Ces thèmes susciteront, j’en suis persuadé, les débats riches. Leurs conclusions
constitueront une base de travail du futur réseau, surtout qu’ils s’inscrivent
dans les attentes de nos Etats.
Mesdames et Messieurs,
Les dialogues de civilisations ou de cultures n’ont de sens que s’il y a aussi
et peut-être, mais avant tout, un dialogue dûment institutionnalisé au sein de
chaque civilisation ou de chaque culture.
Comment peut-on dialoguer à l’échelle internationale si l’on n’est pas préparé à
faire l’expérience vertueuse du dialogue national, si l’on n’est pas préparé à
savoir créer la bonne entente entre les filles et les fils d’une même nation ?
Ainsi, tout récemment, le 17 mars 2003, un accord de réconfirmation des accords
de cessez-le-feu et de cessation des hostilités a été signé à Brazzaville sur la
situation dans le département du Pool, donnant ainsi une nouvelle chance à une
paix durable.
La paix véritable est impossible sans une société démocratique viable. C’est la
raison pour laquelle nous avons organisé les élections libres et transparentes
sous le regard attentif d’observateurs internationaux, dont ceux de la
Francophonie.
Les élections ont donné lieu à une nouvelle Constitution qui consacre les
principes démocratiques, à l’élection du président de la République, des membres
du Parlement, des conseils régionaux et municipaux.
En agissant ainsi, nous sommes certains d’avoir traduit dans les domaines clés
les recommandations de la Francophonie, notamment celles contenues dans la
Déclaration de Bamako qui préconise le renforcement des institutions, de la
démocratie et de l’Etat de droit, la tenue d’élections libres et régulières.
La promotion et la protection des droits humains figurent parmi les priorités du
gouvernement congolais. La création d’un département ministériel chargé de cette
question en est l’illustration.
Ce département a pour mission de concevoir et d’exécuter la politique du
gouvernement dans les domaines de la justice, de la promotion et de la
protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
D’autres organes concourent à la réalisation de cet objectif. Il en est ainsi de
l’inspection générale de juridiction et des services judiciaires, ainsi que du
Conseil supérieur de la magistrature, au sein duquel siègent les magistrats de
tous les degrés de juridiction élus par leurs pairs.
S’inscrit aussi dans ce cadre, la mise en place des institutions démocratiques
telles que le Parlement, le médiateur de la République dont la mission est de
simplifier et d’humaniser les rapports entre l’administration et les
administrés, la Cour constitutionnelle, la Cour des comptes, le Conseil
supérieur de la Liberté de communication, le Conseil économique et social, et
plus spécialement la Commission nationale des droits de l’Homme, indépendante et
jouissant du droit d’auto-saisine du pouvoir de libre enquête.
Mesdames et Messieurs,
La paix est indissociable du respect des droits de l’Homme qui constituent une
exigence à laquelle doit souscrire l’ensemble des Etats.
En effet, les droits humains et les libertés fondamentales ne peuvent s’épanouir
que dans un climat de paix et de stabilité, mais aussi, ne l’oublions pas, dans
un environnement économique favorable.
Est-il besoin de rappeler que la maladie, la faim et l’ignorance comptent parmi
les causes de la violence ? L’exercice des droits économiques, sociaux et
culturels est dans ces conditions une impérieuse nécessité.
A ce propos, le 9ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant
en partage la langue française, tenu à Beyrouth, avait souligné à juste titre le
caractère indissociable de tous les droits : civils, politiques, sociaux et
culturels, y compris le droit au développement.
Nous ne devons pas perdre de vue, vous ne devez pas perdre de vue, que la
promotion et la protection des droits des peuples participent aussi à la
consolidation de la paix et de la démocratie.
Comme le souligne à juste titre l’article 19 de la Charte africaine des droits
de l’Homme et des peuples, « Tous les peuples sont égaux. Ils jouissent de la
même dignité et ont les mêmes droits.»
La réalisation de cette tâche exige un appui soutenu de la communauté
francophone.
Mesdames et Messieurs,
La promotion et la protection effectives des droits de l’Homme passent également
par la ratification et la mise en œuvre des dispositions conventionnelles y
relatives.
C’est pourquoi, la République du Congo a souscrit aux principales conventions
dans ce domaine, ainsi qu’à celles relatives aux droits de l’Homme, au travail
et à la liberté syndicale.
Dans cette dynamique, j’annonce solennellement que le gouvernement congolais
s’engage, d’une part, à procéder dès à présent au dépôt des instruments de
ratification de la Convention contre la torture, les traitements cruels et
inhumains, et du Traité de Rome portant institution de la Cour pénale
internationale.
Monsieur le secrétaire général de l’Organisation internationale de la
Francophonie,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Excellences Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et chefs des missions
diplomatiques,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je forme le vœu que le réseau qui sera mis en place à l’issue de cette
conférence soit dynamique et serve véritablement les intérêts des pays membres
de la Francophonie, intérêts centrés sur le respect des droits de l’Homme, point
de convergence de l’Etat de droit, de la culture démocratique, de la bonne
gouvernance et partant, d’une vie politique apaisée.
C’est sur cette note d’espoir et en souhaitant plein succès à vos travaux, que
je déclare ouverte la première conférence des structures gouvernementales
chargées des droits de l’Homme dans l’espace francophone.
Je vous remercie !
Gos G. Lenckonov CSA [
www.congo-site.info ]
Le 2003/4/25