Pendant que le MDJT sollicite la mise en terre de son chef Youssouf Togoïmi, il perd 51 de ses membres dans une opération de "ratissage" menée par l'armée nationale
LIBREVILLE, 12 oct (AFP) - 18h45 - La rébellion du nord du Tchad a appelé samedi les autorités libyennes à faire rapatrier dans le Tibesti (extrême nord du Tchad) le corps de son président-fondateur, Youssouf Togoïmi, décédé le 24 septembre dernier à Tripoli, selon un communiqué transmis à l'AFP Libreville.
"Le Conseil du Haut commandement du MDJT (Mouvement pour la Démocratie et la Justice au Tchad) demande et lance un appel pressant à la Libye, dans son rôle de médiateur, de faire preuve de plus de neutralité et d'équité, et de rapatrier la dépouille mortelle du président du MDJT pour les funérailles", indique ce communiqué signé par un représentant du MDJT à Paris, Youssouf Barkaï.
"La mise en terre de feu Togoïmi est une obligation humanitaire et religieuse", estime le MDJT.
"Jusqu'alors, la Libye n'a pas réservé une réponse favorable", s'étonne le mouvement rebelle, soulignant que les autorités libyennes n'avaient pas hésité à évacuer Youssouf Togoïmi du Tibesti "par un avion sanitaire libyen pour des soins médicaux".
Blessé aux jambes et aux hanches par une mine fin août, le charismatique chef du MDJT a été transféré dans un hôpital de Tripoli. Il est décédé moins d'un mois plus tard, à 49 ans, officiellement d'une "embolie cérébrale".
"Les Libyens se seraient opposés au transfert du corps au Tchad sans accord préalable des autorités gouvernementales", a récemment confié à l'AFP une source diplomatique à N'Djamena.
Or, ces dernière s'y refuseraient, "surtout au regard des derniers événements de Faya Largeau", a-t-elle ajouté en référence à l'attaque du MDJT lancée le 3 octobre contre l'aéroport de cette ville du nord du Tchad.
Deux jours plus tard, le dirigeant libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, dont le pays entretient des relations ambiguës avec le Tchad voisin, a appelé les rebelles "à déposer les armes et à regagner le camp de la paix", ce que le MDJT refuse jusqu'à présent.
Médiateur entre les deux parties, le colonel Kadhafi est l'instigateur d'un accord-cadre de paix, signé le 7 janvier 2002 à Tripoli, qui a débouché sur des négociations finalement suspendues en mai dernier.
N'DJAMENA, 13 oct (AFP) - 16h56 - L'armée tchadienne a lancé dans la région de l'Ennedi (nord-est) des opérations de "ratissage" contre la rébellion nordiste qui se sont soldées par la mort de 51 rebelles et la capture de 26 autres, a-t-on appris dimanche auprès de l'armée tchadienne à N'Djamena.
Ce bilan, rendu public par l'état-major général de l'armée tchadienne, fait également état de la saisie de plusieurs véhicules tout-terrain et d'un camion utilisés par le Mouvement pour la démocratie et la Justice au Tchadrébellion armée).
"Après avoir repoussé les rebelles de la localité de Fada (à environ 880 km au nord-est de N'Djamena), l'armée tchadienne contrôle désormais tous les postes de commandement du MDJT dans l'Ennedi, notamment le poste de Ougue, situé à 120 km de Fada", a affirmé de son côté le gouvernement tchadien dans un communiqué.
"Les éléments de l'armée tchadienne ratissent la zone pour chercher à libérer éventuellement le 2ème vice-président du MDJT, Adoum Togoï, fait prisonnier dans la région", a confié à l'AFP un officier tchadien.
Partisan du dialogue avec N'Djamena, Adoum Togoï a été capturé en juin dernier par le commandement militaire du MDJT. La presse tchadienne a récemment affirmé qu'il avait été assassiné, ce que le mouvement rebelle a démenti.
Dans un communiqué transmis dimanche à l'AFP à Libreville, le MDJT a également assuré être sorti victorieux d'un "accrochage violent (qui) a eu lieu le 12 octobre 2002 à Arssa, à environ 20 km de Fada".
"Les intrépides combattants du MDJT ont mis en déroute les assaillants", explique le communiqué, précisant que le bilan de cet accrochage s'élève à "40 morts" du côté des troupes gouvernementales.
La rébellion reconnaît toutefois avoir dénombré "4 morts et 7 blessés" dans ses rangs.
Moins de deux semaines après le décès de son président-fondateur, Youssouf Togoïmi, la rébellion nordiste, dont le théâtre d'opération se situe à l'origine dans le Tibesti (extrême nord), a lancé le 3 octobre une attaque contre l'aéroport de Faya-Largeau, carrefour routier considéré comme un "verrou" du nord du Tchad (Borkou-Ennedi-Tibesti, BET).
La rébellion s'est ensuite attaqué à Fada, alors même que le président tchadien Idriss Deby se trouvait dans l'Ennedi, sa région natale, pour relancer "la politique de la main tendue" vis-à-vis des rebelles.
Le médiateur de ce conflit, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a appelé le 5 octobre les rebelles "à déposer les armes et à regagner le camp de la paix", ce que le MDJT refuse jusqu'à présent.
La rébellion exige de son côté le rapatriement de son chef charismatique, décédé le 24 septembre dernier à Tripoli d'une embolie cérébrale, alors qu'il était soigné dans un hôpital après avoir été blessé par une mine dans le Tibesti.