Rencontre entre rebelles ivoiriens et Seydou Diarra à Accra vendredi

BOUAKE (Côte d'Ivoire), 13 fév (AFP) - 14h57 - Une délégation des trois mouvements rebelles ivoiriens doit se rendre vendredi à Accra pour discuter avec le nouveau Premier ministre Seydou Diarra, a annoncé jeudi à Bouaké (centre) un porte-parole du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI).

Cette annonce a été faite à l'issue d'une rencontre avec l'ambassadeur de France à Abidjan, Gildas Le Lidec.

L'ambassadeur a discuté jeudi matin durant plus de deux heures avec Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI, et des chefs militaires de la rébellion.

M. Le Lidec était porteur d'un message de M. Diarra invitant les rebelles à des discussions vendredi dans la capitale ghanéenne, une invitation que ces derniers ont accepté, a déclaré Sidiki Konaté, porte-parole du MPCI.

Le Ghana assure actuellement la présidence de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO).

M. Soro doit prendre la tête d'une délégation des trois mouvements rebelles - MPCI, Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (MPIGO) et Mouvement pour la justice et la paix (MJP) -, a précisé M. Konaté, sans donner davantage de précisions sur l'entretien avec l'ambassadeur de France, qui est reparti pour Abidjan.

La participation des rebelles au futur gouvernement d'union nationale, que le Premier ministre Seydou Diarra a été chargé de former dans le cadre des accords inter-ivoiriens de Marcoussis, est toujours incertaine.

Le MPCI maintient que les postes de la Défense et de l'Intérieur lui ont été attribués à Paris, dans la foulée de Marcoussis. Les partisans du président Laurent Gbagbo et l'état-major ivoirien y sont farouchement opposés.


Seydou Diarra à la recherche d'un consensus pour former son gouvernement

ABIDJAN, 13 fév (AFP) - 13h29 - Trois jours après sa confirmation à la tête du futur gouvernement d'union nationale, le Premier ministre ivoirien Seydou Diarra devait poursuivre jeudi, dans la plus grande discrétion, les contacts pour former son équipe, à commencer par le président Laurent Gbagbo.

"Nous sommes en crise, il ne s'agit pas d'un processus de consultations normal avec les partis politiques, comme cela serait le cas dans d'autres circonstances", a expliqué une source diplomatique proche des consultations.

"M. Diarra a une tâche difficile. La première chose qu'il doit faire, c'est de voir le président, pour qu'ils se mettent sur la même longueur d'ondes. Nous devons protéger le travail de M. Diarra, pas par principe mais pour la paix", a ajouté cette source.

Le nouveau Premier ministre devait rencontrer une seconde fois le président Gbagbo jeudi, après une première rencontre la veille qui n'a pas permis de lever certains obstacles à la formation du gouvernement de réconciliation prévu par l'accord inter-ivoirien de Marcoussis.

D'un côté comme de l'autre, c'est la participation des rebelles au gouvernement, encore incertaine, qui constitue le principal point de blocage.

L'accord de Marcoussis (sud de Paris), signé le 24 janvier par les principaux partis politiques et les trois mouvements rebelles, prévoit que "l'attribution des ministères sera faite de manière équilibrée entre les parties durant toute la durée du gouvernement."

Mais les "jeunes patriotes", farouches partisans du chef de l'Etat, qui avaient organisé de violentes manifestations pour rejeter en bloc l'accord de Marcoussis et la nomination de M. Diarra, refusent tout rebelle au sein de la nouvelle équipe.

"Nous ne voulons pas de rebelles dans notre gouvernement", écrit Charles Blé Goudé, président du Collectif des jeunes patriotes (COJEP) et proche du pouvoir, dans une lettre ouverte à M. Diarra publiée par Notre Voie, le quotidien du Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir).

"Bien que les circonstances de votre nomination soient pour nous extrêmement douloureuses, notre confiance entière en la personne de M. Gbagbo, notre président, nous oblige à avaler l'amère pilule de votre présence", poursuit le "général de la jeunesse".

"Monsieur le Premier ministre de consensus, si vous n'arrivez pas à former un gouvernement de consensus dans les meilleurs délais pour que la Côte d'Ivoire se mette au travail, il vous appartient d'en tirer les conséquences, c'est-à-dire démissionner", avertit Charles Blé Goudé.

Si le président Gbagbo a solennellement confirmé Seydou Diarra au poste de Premier ministre, lundi au cours d'une réunion avec d'autres chefs d'Etat ouest-africains à Yamoussoukro, il ne s'est pour l'instant jamais ouvertement prononcé sur l'entrée des rebelles dans l'équipe gouvernementale.

La position des rebelles, qui ont boycotté la réunion de Yamoussoukro, est tout aussi radicale.

"Si Seydou Diarra proclame un gouvernement qui n'a rien à voir avec ce qui a été décidé à Paris, nous n'irons pas travailler à Abidjan", a prévenu Guillaume Soro, secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), le plus ancien et le plus important mouvement rebelle.

Selon M. Soro, les ministères de la Défense et de l'Intérieur ont été promis au MPCI à Paris en marge d'un sommet des chefs d'Etat, ce qui n'a jamais été démenti ou confirmé officiellement.

"Personne ne doit compter sur le MPCI pour revenir" sur ces deux portefeuilles, a affirmé le responsable rebelle.

L'ambassadeur de France à Abidjan, Gildas Le Lidec, s'est rendu jeudi matin à Bouaké, quartier général du MPCI, pour des discussions à huis clos avec Guillaume Soro et d'autres chefs rebelles, vraisemblablement pour tenter de convaincre la rébellion d'assouplir sa position et d'élargir ainsi la marge de manoeuvre de Seydou Diarra.


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