Premières élections législatives au Nigeria depuis 1999
Le parti du président Obasanjo marque des points aux élections parlementaires
ABUJA (AFP),
dimanche 13 avril 2003, 19h18 - Le parti du président nigérian Olusegun Obansajo semblait marquer des points dimanche soir, selon les premiers résultats, officiels mais très partiels, des élections législatives et sénatoriales, le premier scrutin organisé par des civils depuis vingt ans au Nigeria.Sur les 30 sièges attribués en fin de journée dimanche, sur les 469 que compte le parlement, le Parti démocratique populaire (PDP) en obtient 25.
Mais surtout il s'empare de deux fiefs de l'opposition, les Etats d'Osun et d'Ekiti, dans le sud-ouest du Nigeria, qui étaient jusqu'à présents contrôlés à 100% par l'Alliance démocratique (AD).
Ces résultats, donnés par la Commission nationale électorale indépendante du Nigeria (INEC), portent sur 1,7 million de votes dépouillés pour la chambre basse, alors que le corps électoral compte quelque 61 millions de personnes.
Le PDP détient la majorité absolue dans les deux chambres sortantes, et selon les observateurs, il devrait continuer à dominer le nouveau parlement, malgré la modification du paysage politique nigérian.
Trente partis participaient aux élections samedi, contre trois au dernier scrutin parlementaire en 1999. Mais la plupart des nouvelles formations sont petites et ne présentaient pas de candidats dans toutes les circonscriptions.
Les élections parlementaires seront suivies le 19 avril par la présidentielle, à laquelle se présente le président Obasanjo face à 19 autres candidats.
Ces élections générales sont cruciales pour consolider la démocratie au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique.
D'une part, ce sont les premières depuis la fin du régime militaire au Nigeria en 1999, date à laquelle Olusegun Obasanjo est arrivé au pouvoir. Et d'autre part, cette ancienne colonie britannique n'a jamais connu de transition véritablement réussie d'un régime civil à l'autre depuis son indépendance en 1960.
Les élections de samedi se sont déroulées généralement dans le calme, en dépit d'une organisation parfois chaotique: ouverture tardive de bureaux de vote à cause de pluies torrentielles, manque de bulletins dans plusieurs centres, absence de confidentialité.
"Les élections se sont passées globalement paisiblement, dieu merci", s'est réjoui Clement Nwankwo, qui a dirigé le Groupe d'observateurs pour la transition lors du dernier scrutin en 1999.
Quelques accrochages se sont produits essentiellement dans le sud, zone traditionnellement sensible. Au moins dix personnes ont été tuées dans des violences politiques, huit dans le sud-est et deux dans le centre, selon un décompte réalisé à partir de rapports d'observateurs et de police.
Mais comparé aux précédentes élections au Nigeria, les législatives et sénatoriales de samedi ont été généralement calmes, selon des observateurs.
La participation à ce scrutin historique a été "massive" au niveau national, selon l'INEC.
"Le processus électoral a été dans l'ensemble libre et juste", a estimé de son côté l'Eglise catholique nigériane, qui avait dépêché quelque 30.000 observateurs samedi.
"Sur une échelle de 1 à 10, avec 10 pour la meilleure note (...), je donnerais une note de 5 ou 6 pour le processus électoral sur l'ensemble du pays", a déclaré un diplomate occidental qui a requis l'anonymat.
Les élections ont eu lieu dans "95% des bureaux de vote au Nigeria", a affirmé le président de l'INEC, Abel Guobadia.
Quelque 61 millions d'électeurs, sur une population de plus de 120 millions d'habitants, devaient choisir samedi 360 députés et 109 sénateurs, élus à la majorité simple à un tour.
Mais à Warri, dans la région pétrolière du sud-est théâtre récurrent de heurts, des bureaux de vote ont rouvert dimanche, le vote n'ayant pu commencer que très tard la veille à cause de tensions communautaires.
Le vote n'a toutefois pas débuté dimanche avant la mi-journée, en raison d'affrontements entre armée et militants ijaws dans la matinée.
En 1999, les élections avaient dû être reportées d'un mois dans la région de Warri.
Des problèmes
logistiques perturbent les législatives au Nigeria
ABUJA (Reuters), 2003-04-12 18:37 - D'énormes problèmes logistiques et des pluies diluviennes ont perturbé samedi les premières élections législatives organisées au Nigeria depuis la fin de la dictature militaire en 1999.
Dans un contexte de résurgence de la violence politique à l'approche du scrutin, le président Olusegun Obasanjo a déclaré que la fragile unité du pays était en jeu.
Quelque 60 millions d'électeurs, sur une population de 120 millions d'habitants, devaient choisir entre les candidats de 30 partis politiques pour les 360 sièges de la Chambre (basse) des représentants et les 109 sièges du Sénat.
Les électeurs ont bravé la pluie à Lagos et Abuja, les deux plus grandes villes du pays, mais ont dû attendre l'arrivée des urnes et les documents électoraux dans plupart des centres.
Une forte proportion des 150.000 bureaux de vote du pays n'étaient pas opérationnels trois heures après le début officiel du scrutin, ont rapporté des témoins. Vendredi, plusieurs millions d'électeurs n'avaient pas reçu leur carte.
Le Parti démocratique populaire (PDP) du président Obasanjo est le favori des élections, même si le paysage politique a été profondément bouleversé depuis 1999, année où seuls trois partis étaient autorisés.
PRESIDENTIELLE DANS UNE SEMAINE
Obasanjo briguera quant à lui un nouveau mandat de quatre ans lors de l'élection présidentielle organisée le week-end prochain.
Le Nigeria n'a jamais connu de transition démocratique depuis l'indépendance de l'ancienne colonie britannique en 1960 et les militaires ont presque toujours occupé le pouvoir dans ce pays riche en pétrole et confronté à des tensions ethniques et religieuses.
La série de scrutins doit s'achever le 3 mai avec l'élection des membres des 36 assemblées régionales du pays.
Obasanjo, qui a voté samedi avec son épouse Stella dans son fief d'Abeoukuta, au nord de Lagos (sud-ouest du pays), a traité par la plaisanterie les intempéries et les difficultés logistiques rencontrées à travers le pays.
"Mon peuple dit que si la pluie tombe quand on va faire quelque chose, c'est une bénédiction, alors c'est une bénédiction aujourd'hui. J'ai circulé et ce que j'ai vu m'a fait une bonne impression. La police fait son travail, l'INEC (commission électorale) fait le sien aussi et les gens votent, alors je suis impressionné", a-t-il dit.
Le scrutin a été reporté dans le centre pétrolier de Warri, dans la région troublée du Delta du Niger, a fait savoir un porte-parole de l'INEC. Il a précisé que des tribus belligérantes qui menaçaient de perturber les opérations de vote avaient finalement accepté de ne pas le faire mais qu'il était trop tard pour que le scrutin ait lieu.
Les bureaux de vote ont officiellement fermé à 15h00 (14h00 GMT) dans le pays, mais l'INEC a fait savoir qu'elle autoriserait les électeurs encore en attente à voter pour tenir compte des problèmes d'organisation. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant mardi.
Un habitant de Keffi, une ville située à une cinquantaine de kilomètres à l'est de la capitale du Nigeria, dépose son bulletin dans l'urne installée sur une table en plein air. Les Nigérians votent pour les premières élections législatives organisées depuis la fin de la dictature militaire en 1999. /Photo prise le 12 avril 2003/REUTERS/Howard Burditt