G7: la reconstruction de l'Irak passera par l'Onu
WASHINGTON
(AFP), le 12 avril 2003 - Le groupe des sept pays les plus industrialisés (G7)
a réussi samedi à surmonter les profondes divisions sur la guerre en Irak et a
demandé que l'effort de reconstruction du pays se fasse dans un cadre
international, sous l'égide d'une résolution de l'Onu.
"Nous reconnaissons la nécessité d'un effort multilatéral pour aider l'Irak.
Nous soutenons une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations
Unies", écrivent les ministres des finances et gouverneurs de banque centrale du
G7, dans un communiqué publié à l'issue de leur traditionnelle réunion de
printemps vendredi et samedi à Washington.
Le G7 comprend les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l'Allemagne, la France, le
Royaume Uni et l'Italie. Il était profondément divisé entre partisans d'une
intervention militaire en Irak menée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne,
et ses adversaires, en premier lieu la France et l'Allemagne.
Le G7, tout en soulignant que le Fonds monétaire international (FMI) et la
Banque mondiale doivent jouer leur "rôle normal", estime que "le peuple irakien
doit avoir, en dernier lieu, la responsabilité de mettre en oeuvre les bonnes
politiques et de construire son propre futur".
Les ministres ont parallèlement demandé au Club de Paris - qui réunit les
créanciers publics - d'agir vite sur la question de la dette irakienne.
"Il est important de s'attaquer au problème de la dette irakienne et nous sommes
impatients de voir le Club de Paris se saisir rapidement de la question",
insiste le communiqué.
"Le peuple irakien ne peut pas tout seul porter le fardeau des niveaux actuels
de la dette et nous reconnaissons que le Club de Paris doit commencer à
s'attaquer à la question", a déclaré John Snow, le secrétaire américain au
Trésor. "La coopération est vitale pour apporter une aide humanitaire et
répondre aux défis de la reconstruction", a-t-il ajouté.
Le G7 s'est gardé de faire publiquement une évaluation chiffrée de la dette
irakienne. Selon des estimations concordantes, la dette extérieure de l'Irak se
monterait à plus de 120 milliards de dollars, compte non tenu des compensations
dues au titre de l'invasion du Koweit en 1990. Avec ces sommes, elle dépasserait
380 milliards de dollars.
M. Snow a également indiqué que les organisations multilatérales, comme le FMI
et la Banque mondiale, devront apporter leur assistance technique et
entreprendre une étude préliminaire sur les besoins de la reconstruction.
Les pays du G7 ont donc réussi à surmonter les frictions créées par l'attaque
verbale lancée jeudi par le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz. Il avait
demandé aux principaux opposants à la guerre (France, Allemagne et Russie)
d'annuler tout ou partie de la dette de l'Irak à leur endroit.
Paris avait refusé de polémiquer et Berlin avait souligné le rôle du Club de
Paris, organe spécifiquement dédié à la restructuration de la dette des pays à
l'égard des Etats.
Le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, a affirmé samedi que l'Allemagne
"ne s'attend pas seulement à récupérer son argent, mais va le récupérer". Sa
créance s'élève à quelque 4 milliards d'euros.
Le ministre français des Finances, Francis Mer, a souligné pour sa part que
l'Irak n'était pas le seul pays à avoir besoin d'aide. "Certes l'Irak aura
besoin de notre attention mais le Niger aussi, qu'on n'oublie pas qu'il y en a
aussi beaucoup d'autres", a-t-il déclaré.
"Rien de l'amertume (qui a entouré la question irakienne) n'est apparu ou n'a
fait surface durant la réunion", a d'ailleurs affirmé le président de la Banque
centrale européenne (BCE), Wim Duisenberg, au cours d'une conférence de presse.
La question était néanmoins assez délicate pour que l'exacte tournure du
paragraphe consacré à l'Irak dans le communiqué officiel soit discuté quasiment
jusqu'au dernier moment, selon un membre de l'une des délégations.
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