ABIDJAN, 27 jan (AFP) - 13h07 - La presse ivoirienne a violemment critiqué lundi la France, accusée de colonialisme, au lendemain du sommet africain de Paris et a justifié les manifestations du weekend tout en regrettant les saccages.
"La Côte d'Ivoire a été humiliée à Paris", estime Notre Voie, quotidien quasi-officiel du parti FPI (Front populaire ivoirien) du président Laurent Gbagbo.
"La France et ceux qui ont participé à cette table ronde pensent peut-être que la Côte d'Ivoire est habitée par des sauvages qu'on peut manipuler n'importe comment?", demande le journal, selon lequel "La France (...) a volontairement cherché à humilier l'armée ivoirienne et à travers elle la Côte d'Ivoire toute entière".
"La France se met les Ivoiriens à dos", titre Fraternité Matin (gouvernemental) à la une, justifiant la colère des Ivoiriens mais regrettant que les manifestations aient "tourné à la violence et aux actes de vandalisme".
Le journal assure que la France veut "mettre définitivement le pays sous sa coupe et assujettir ses dirigeants, comme au bon vieux temps de la colonisation" et "condamner Gbagbo à inaugurer les chrysanthèmes".
Selon Soir Info (indépendant), qui qualifie la France "de puissance étrangère qui adore prendre son bain dans le sang des nègres", "les coups d'Etat sont désormais légitimes et légalisés en Afrique" et "les rebelles des différents pays de la sous-région (...) peuvent être tranquilles et n'ont plus rien à craindre".
Pour Soir Info, "la marge de manoeuvre de Gbagbo est très mince", car il est "pris entre le marteau de la pression française et l'enclume du mécontentement populaire".
L'Oeil du peuple (pro-gouvernemental) dénonce des résolutions qui "imposent (...) le partage des pouvoirs entre forces rebelles qui ont attaqué et le régime Gbagbo qui est leur victime innocente".
L'Inter (indépendant) se veut plus mesuré. "Un mauvais arrangement vaut mieux que cette guerre que le pouvoir Gbagbo a bien du mal à conduire et à plus forte raison à gagner", estime le journal qui souligne toutefois que "le principe même de ce gouvernement de transition (...) donne à cet accord de Marcoussis un caractère de diktat".
Quant au président Gbagbo, "le plus dur l'attend" selon le quotidien: "convaincre le peuple qu'il demeure le seul garant de cette Constitution ivoirienne pourtant si malmenée à Marcoussis".
24 heures (indépendant), Le Patriote et le Libéral (proches du RDR), et le National (pro-gouvernemental) n'étaient pas dans les kiosques lundi matin.