L'Europe, le patrimoine irakien et le patrimoine mondial pillé


Le pillage du patrimoine irakien dirigé de l'étranger ?

PARIS (Reuters), 17 avril 2003 18:34 - Trente spécialistes de l'ancienne Mésopotamie, venus du monde entier et réunis au siège de l'Unesco à Paris, ont réclamé jeudi un plan d'urgence pour préserver le patrimoine irakien, menacé selon eux par des bandes organisées en partie dirigées de l'étranger.

Dans le sillage de l'invasion anglo-américaine et de la chute de Saddam Hussein, de nombreux musées, dont le prestigieux Musée archéologique de Bagdad, ont été mis à sac.

Dans une déclaration commune, les scientifiques se déclarent "profondément choqués par les dégâts considérables causés à l'héritage culturel de l'Irak et par son pillage" et avancent plusieurs recommandations.

Venus de toute l'Europe continentale, de Turquie, du Japon, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ils demandent notamment aux troupes américaines et britanniques de placer sous leur protection les sites culturels et archéologiques du pays.

lls appellent aussi la communauté internationale à imposer un embargo sur le commerce d'objets d'art en provenance d'Irak.

"Il ne s'agit certainement pas d'occulter les souffrances de la population (...) Ce n'est pas simplement les pierres qui nous intéressent. Elles nous intéressent car elles sont la ressource culturelle et le fondement de l'identité du peuple irakien", a déclaré Mounir Bouchenaki, directeur adjoint de l'Unesco.

Selon les spécialistes réunis à Paris, le pillage des musées irakiens est en partie l'oeuvre de gangs alimentant un marché noir international des collectionneurs.

"Il semble qu'au moins une partie des vols ait été une action délibérée et planifiée. C'est l'oeuvre de professionnels et ça vient de l'étranger", a dit McGuire Gibson, professeur à l'université de Chicago.

DES BANDES BIEN INFORMEES

"Je ne peux pas croire que les polices du monde entier ne savent rien de tout cela. Je crois que si elles le voulaient, elles pourraient y mettre fin rapidement", a-t-il ajouté.

Ce trafic dure en fait depuis l'embargo imposé à l'Irak en 1990, après l'invasion du Koweït, certains Irakiens trouvant un moyen de subsistance dans le trafic d'objets archéologiques, ont expliqué les scientifiques.

"Si vous devez nourrir vos enfants et que le seul moyen est de piller un site, vous le faites", a expliqué Salma al Radi, de l'université de New York.

Les pilleurs auraient disposé "d'informations privilégiées", parfois même des clés de certains locaux, et auraient recherché des objets bien précis.

Des milliers de pièces ont disparu, dont l'intégralité d'une collection unique au monde de 80.000 tablettes en écriture cunéiforme, la première de l'histoire de l'humanité, ou encore des manuscrits et des exemplaires très anciens du Coran.

L'Unesco, agence des Nations unies consacrée à la science et à la culture, va dépêcher une mission d'experts à Bagdad pour évaluer plus précisément les dégâts, mais aucune date n'a encore été fixée, a dit Mounir Bouchenaki.

L'Unesco va par ailleurs demander le vote au Conseil de sécurité des Nations unies d'une résolution imposant un embargo mondial sur le commerce d'objets d'art irakiens.

Les civilisations qui se sont développées dans l'ancienne Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, à partir de 3.000 avant JC, sont parmi les plus anciennes de l'humanité.

Les historiens considèrent que les cités de Sumer, Ninive, Ur, Assur, Babylone ou Mari sont à l'origine de l'écriture, du commerce international, de la notion de droit et ont développé les premières administrations politiques organisées.

Plus tard, Bagdad, siège du califat abbasside, a été la capitale politique et culturel du monde musulman.

Mercredi à Athènes, le président français Jacques Chirac avait condamné le pillage des musées, dénonçant un "crime contre l'humanité".

 

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L'UNESCO réclame une résolution de l'ONU pour lutter contre le pillage des musées irakiens

PARIS (AP), 17 avril 2003 18:13 - Le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, a annoncé jeudi son intention de demander l'adoption d'une résolution des Nations unies imposant un embargo temporaire «sur l'acquisition de tout objet culturel en provenance d'Irak» afin de lutter contre le pillage du patrimoine irakien observé ces derniers jours à Bagdad et ailleurs dans le pays.

S'adressant à une trentaine d'experts internationaux réunis au siège de l'UNESCO à Paris, M. Matsuura a souligné que le destin du patrimoine irakien «est dans les mains de la communauté internationale tout entière, et ce n'est que par la cohésion, la coordination et la volonté partagée par tous les acteurs, à tous les niveaux, que nous pourrons sauvegarder et restituer à la disposition de l'humanité ces trésors».

Les experts se sont déclarés «profondément choqués par les importants dommages» subis par le patrimoine culturel irakien lors des pillages de ces derniers jours et ont appelé les forces américano-britanniques à leurs responsabilités.

Certains pillards étaient organisés et avaient même les clés de chambres fortes pour accéder à des trésors archéologiques, ont indiqué les experts. «Il semble qu'une partie du pillage était délibérée», a souligné le Pr McGuire Gibson, de l'université de Chicago. «Ils ont été en mesure de prendre les clés des chambres fortes et sortir des objets mésopotamiens de coffres.»

Le Commandement central américain à Doha (Qatar) a déclaré ne pas savoir «ce que les pillards ont utilisé pour accéder aux musées, mais c'est une perte tragique pour toute l'humanité, et nous travaillons avec le peuple irakien pour trouver les responsables». AP


Jacques Chirac qualifie le pillage du musée de Bagdad de «crime contre l'humanité»

ATHENES (AP), 16 avril 2003 18:37 - Le président français Jacques Chirac a qualifié mercredi de «crime contre l'humanité» le pillage des musées de Bagdad et Mossoul, en Irak.

Lors d'une conférence de presse à l'occasion du Conseil européen informel d'Athènes, le chef de l'Etat s'est dit «absolument consterné par ce qui s'est passé pour le musée de Bagdad et, semble-t-il, pour le musée de Mossoul».

Ces actes «constituent un véritable crime contre l'humanité, un désastre pour l'humanité», s'est-il indigné. «C'est un pan entier de notre patrimoine qui s'effondre et disparaît.» AP


Les principales étapes de l'élargissement de l'Union européenne

ATHENES (AP), 16 avril 2003 19:42 - Voici les principales étapes du processus d'élargissement de l'Union européenne:

- 1951: L'Allemagne, la France, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg fondent la Communauté européenne du Charbon et de l'acier (CECA).

- 1957: L'Allemagne, la France, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg signent le Traité de Rome, donnant naissance à la Communauté économique européenne (CEE).

- 1973: le Danemark, l'Irlande et la Grande-Bretagne rejoignent la CEE.

- 1981: la Grèce rejoint la CEE

- 1986: l'Espagne et le Portugal rejoignent la CEE

- 1987: rejet de la candidature de la Turquie

- 1990: Chypre et Malte se portent candidates à l'adhésion à la CEE.

- 1992: la CEE est rebaptisée Union européenne.

- 1994: la Hongrie et la Pologne se déclarent candidates à l'adhésion.

- 1995: la Roumanie, la Slovaquie, la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie, la Bulgarie se portent candidates.

- 1995: l'Autriche, la Finlande et la Suède rejoignent l'Union européenne

- 1996: la République tchèque et la Slovénie se portent candidates à l'adhésion.

- 1999: l'Union européenne annonce que la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie, la Slovénie, la Slovaquie, Chypre et Malte pourront adhérer à partir de 2004. La Roumanie et la Bulgarie doivent attendre 2007. L'UE estime que la Turquie n'est pas prête pour ouvrir des négociations d'adhésion.

- 2000: le traité de Nice modifie les institutions européennes pour permettre l'entrée de dix nouveaux pays dans l'UE.

- 2001: l'Irlande rejette le traité de Nice par référendum. Un deuxième référendum aboutira à une victoire du «oui» en 2002.

- 2002: à l'issue des négociations d'adhésion, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie, la Slovénie, la Slovaquie, Chypre et Malte sont officiellement autorisées à adhérer à l'UE en 2004, la Roumanie et la Bulgarie en 2007. L'UE ouvrira des négociations avec la Turquie à partir de 2005 si Ankara remplit d'ici là les «critères de Copenhague», sur le respect des droits de l'homme notamment.

- 2003: la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie, la Slovénie, la Slovaquie, Chypre et Malte signent le Traité d'adhésion à Athènes. Ces dix pays feront officiellement partie de l'UE à partir du 1er mai 2004

- 2007: la Roumanie et la Bulgarie devraient rejoindre l'UE, peut-être avec la Turquie et la Croatie.

- 2010: possible adhésion de la Bosnie-Herzégovine, de l'Albanie, de la Macédoine, de la Serbie et du Monténégro. AP


Les dix nouveaux pays européens en bref

ATHENES (AP), 16 avril 2003 19:47 - Les grandes caractéristiques des 10 nouveaux membres de l'UE, qui ont signé mercredi le traité d'adhésion:

CHYPRE

Superficie: 9.251 km2

Population: 650.000

Capitale: Nicosie

Langues: grec, turc et partiellement anglais

Religion: orthodoxes grecs (82%)

Monnaie: la livre chypriote

PIB/habitant: 18.500 euros, 22% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 4% (2001)

Inflation: 2% (2001)

Taux de chômage: 5,1% (septembre 2002)

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: démocratie présidentielle

Président: Tassos Papadopoulos

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 75%

Ratification du traité d'adhésion: par voie parlementaire début mai

ESTONIE

Superficie: 45.277 km2

Population: 1,4 million

Capitale: Tallinn

Langues: estonien, russe

Religion: protestante

Monnaie: la couronne estonienne

PIB par habitant: 3.430 euros (2000), 60% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 5% (2001)

Taux de chômage: 9,2% (septembre 2002)

Inflation: 5,6% (20001)

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: démocratie parlementaire

Chef de l'Etat: Arnold Ruutel

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 55%

Ratification du traité: par référendum le 14 septembre

HONGRIE

Superficie: 93.033 km2

Population: 10,195 millions (fin 2000)

Capitale: Budapest

Langue: hongrois

Religion: chrétienne (93%)

Monnaie: le forint

PIB par habitant: 11.700 euros, 49% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 3,8% (2001)

Taux de chômage: 5,8% (septembre 2002)

Inflation: 9,1% (2001)

Membre de l'ONU, de l'OTAN, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: démocratie parlementaire

Premier ministre: Peter Medgyessy

Ratification du traité: le référendum a eu lieu le 12 avril. Le «oui» l'a emporté à 84%

LETTONIE:

Superficie: 64.500 km2

Population: 2,4 millions

Capitale: Riga

Langues: letton, russe

Religions: protestante, orthodoxe

Monnaie: le lat

PIB par habitant: 2.902 euros, 69% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 7,7% (2001)

Taux de chômage: 12,8% (septembre 2002)

Inflation: 2,5% (2001)

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: démocratie parlementaire

Premier ministre: Andris Berzins

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 52%

Ratification du traité: par référendum le 20 septembre

LITUANIE

Superficie: 65.200 km2

Population: 3,69 millions

Capitale: Vilnius

Langue: Lituanien

Religion: catholique (80%)

Monnaie nationale: le litas

PIB par habitant: 6.600 euros, 64% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 5,9% (2001)

Taux de chômage: 12,6% (septembre 2002)

Inflation: 1,3% (2001)

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: démocratie parlementaire

Premier ministre: Algirdas Brauzauskas

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 64%

Ratification du traité: par référendum le 11 mai

MALTE

Superficie: 316 km2

Population: 400.000

Capitale: La Valette

Langue: maltais et anglais

Religion: catholique (99%)

Monnaie nationale: lire maltaise

PIB par habitant: 11.900 euros (2000)

Taux de croissance du PIB: -0,8% (2001)

Taux de chômage: 7,6% (septembre 2002)

Inflation: 2,5% (2001)

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: parlementaire

Premier ministre: Eddie Fenech Adami

Ratification du traité: le référendum a eu lieu le 9 mars. Le «oui» l'a emporté à 53,6%.

POLOGNE

Superficie: 311.904 km2

Population: 38,64 millions (fin 2001)

Capitale: Varsovie

Langue: polonais

Religion: catholique (91%)

Monnaie nationale: le zloty

PIB par habitant: 8.700 euros (2000), 60% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 1,1% (2001)

Inflation: 5,3% (2001)

Chômage: 20,2% (septembre 2002)

Nature du régime: démocratie parlementaire

Membre de l'ONU, de l'OTAN, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Premier ministre: Leszek Miller

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 73%

Ratification du traité: par référendum le 8 juin

SLOVAQUIE

Superficie: 49.035 km2

Population: 5,4 millions

Capitale: Bratislava

Langue: le slovaque

Religion: catholique (64%)

Monnaie nationale: la couronne slovaque

PIB par habitant: 3.636 euros (2001), 54% inférieur à la moyenne des Quinze

Taux de croissance du PIB: 3,3% (2001)

Taux de chômage: 19,5% (septembre 2002)

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Nature du régime: démocratie parlementaire

Premier ministre: Mikulas Dzurinda

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 75%

Ratification du traité: par référendum les 16 et 17 mai

SLOVENIE

Superficie: 20.253 km2

Population: 2 millions

Capitale: Ljubljana

Langue: le slovène

Religion: catholique (84%)

Monnaie nationale: le tolar slovène

PIB par habitant: 16.100 euros (2000), 32% inférieur à la moyenne des Quinze.

Taux de croissance du PIB: 3% (2001)

Taux de chômage: 6,1% (septembre 2002)

Inflation: 8,6% (2001)

Nature du régime: démocratie parlementaire

Membre de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Premier ministre: Janez Drnovsek

Ratification du traité: le référendum a eu lieu le 23 mars. Le «oui» l'a emporté à 89,6%

REPUBLIQUE TCHEQUE

Superficie: 78.866 km2

Population: 10,3 millions

Capitale: Prague

Langue: le tchèque

Religion: catholique (40%)

Monnaie nationale: la couronne tchèque

PIB par habitant: 13.500 euros (2000)

Taux de croissance du PIB: 3,3% (2001)

Taux de chômage: 7,2% (juin 2002)

Inflation: 4,5% (2001)

Nature du régime: démocratie parlementaire

Membre de l'ONU, de l'OTAN, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe

Premier ministre: Vladimir Spidla

Ministre des Affaires étrangères: Cyril Svoboda.

Soutien à l'adhésion dans les derniers sondages: 66%

Ratification du traité: par référendum les 15 et 16 juin

(Source: Eurostat. Le PIB/habitant est exprimé en standards de pouvoir d'achat, unité indépendante des monnaies nationales et des variations de prix). AP


Compromis en vue sur l'Irak au sommet d'Athènes

ATHENES (Reuters), 16 avril 2003 22:01- Les dirigeants européens devraient adopter jeudi, au dernier jour du sommet d'Athènes, une déclaration de compromis sur l'après-guerre en Irak qui soulignerait que la reconstruction du pays doit se faire dans le cadre des Nations unies.

Un projet de texte a été transmis mercredi soir à la présidence grecque et sera "adopté demain car son premier point consisterait à saluer la présence du secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, à Athènes aux côtés des 25", a-t-on indiqué de sources diplomatiques.

Le secrétaire général de l'Onu a entamé mercredi à Athènes des entretiens avec dix des 15 dirigeants européens - il rencontrera Jacques Chirac jeudi matin.

Il s'est entretenu mercredi soir avec les ministres des Affaires étrangères français, allemand, russe, espagnol et britannique, dont les pays sont membres actuellement du Conseil de sécurité de l'Onu.

L'objectif est de définir le rôle que pourra jouer l'Onu dans l'après-guerre compte tenu du fait que les Américains entendent garder la haute main sur l'administration de l'Irak, du moins dans les premiers mois, voire les premières années.

Jacques Chirac a indiqué mercredi lors d'une conférence de presse que le document mentionnerait la "préoccupation" des Européens pour l'avenir de l'Irak, "les principes sur lesquels nous pensons que la reconstruction (...) doit être entreprise", "les différents problèmes qui doivent être évoqués, depuis l'humanitaire (...) jusqu'au rétablissement des autorités nécessaires au fonctionnement du pays".

"Tout ceci devant se faire dans le cadre, avec un rôle central - dites ça comme vous voulez - de l'Onu, principe sur lequel nous sommes tous d'accord", a-t-il dit.

Selon le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, le Danemark, la Pologne et les Pays baltes se sont déclarés prêts à participer à une "force de stabilisation" proposée par les Etats-Unis pour assurer l'ordre en Irak.

Lors du sommet économique de Bruxelles, en mars dernier, l'Union européenne avait souhaité "un rôle central" pour l'Onu dans la reconstruction de l'Irak.

La France et l'Allemagne ont depuis affiché leur volonté de pragmatisme sur le partage des responsabilités, Gerhard Schröder utilisant mercredi une formulation plus vague - "sous les auspices" de l'Onu - et Jacques Chirac parlant d'une implication "progressive" des Nations unies, au cas par cas, dans la reconstruction de l'Irak.

"UNE FORMIDABLE ESPERANCE"

Les négociations sur le texte ont débuté mercredi à l'heure du petit-déjeuner à Athènes, avant l'ouverture du sommet, entre les tenants européens du "camp de la guerre", la Grande-Bretagne et l'Espagne, et ceux du "camp de la paix", la France et l'Allemagne. Elles ont ensuite été élargies à d'autres pays.

Le chef de la diplomatie allemande, Josckha Fischer, a affirmé que le texte ne serait pas une déclaration des Quinze mais prendrait la forme de "conclusions" de la présidence grecque de l'Union européenne.

Jacques Chirac et Gerhard Schröder se sont entretenus mercredi soir, dans le cadre de leurs rencontres régulières dites "de Blaesheim", et ont réaffirmé à cette occasion que les Nations unies possédaient seules "l'expérience et la légitimité nécessaires" pour la reconstruction.

Le président français a toutefois réitéré la volonté de "pragmatisme" de Paris dans la gestion de l'après-guerre en coopération avec les Etats-Unis.

L'Irak, qui ne figurait pas à l'ordre du jour officiel, a quelque peu éclipsé l'intronisation des dix pays candidats, qui s'est déroulée mercredi après-midi au pied de l'Acropole.

Le conflit irakien s'est de fait imposé en arrière-plan du sommet européen, dans une ville sous la surveillance de quelque 20.000 policiers: des heurts ont éclaté lors d'une manifestation anti-guerre qui a rassemblé 8.000 personnes dans le centre de la capitale grecque.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui lançaient des cocktails Molotov. Au moins cinq personnes ont été blessées, dont un policier et un cameraman, et une centaine de manifestants ont été arrêtés.

Mais l'objectif principal du sommet était la signature du Traité d'adhésion des dix pays candidats.

"Le jour que nous vivons voit se réaliser une formidable espérance. (...) Notre Europe restait une Europe par défaut et ne méritait son nom qu'à moitié tant que la moitié de ses peuples en était interdite", a déclaré Jacques Chirac lors de la cérémonie.

Les dix pays feront leur entrée dans l'UE le 1er mai 2004 (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovénie, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Chypre et Malte) après ratification par les parlements des 25 Etats, trois adhérents - Malte, la Slovénie et la Hongrie - ayant déjà passé ce cap.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE avaient ouvert leur réunion informelle d'Athènes par une discussion avec Valéry Giscard d'Estaing, le président de la Convention chargée de préparer une traité constitutionnel pour l'Europe élargie.

Même si la guerre en Irak et les divisions européennes ont jeté une ombre sur les travaux, ils ont demandé à l'ancien président français de tenir le calendrier prévu en vue de la présentation du texte du traité constitutionnel le 20 juin au Conseil européen de Salonique. Copyright © 2001 Reuters Limited. T


L'Europe élargie tend la main à ses nouveaux voisins

ATHENES (Reuters), 17 avril 2003 12:52 - L'Union européenne a assuré les futurs voisins de l'Europe élargie qu'elle entendait soit les intégrer, soit développer avec eux un partenariat afin d'éviter l'apparition de nouvelles lignes de fracture.

Au lendemain de la signature du traité d'adhésion des dix pays candidats qui feront leur entrée dans l'UE le 1er mai 2004, les chefs d'Etat et de gouvernement des "Vingt-cinq" ont voulu rassurer les pays européens qui n'étaient pas de la fête.

Ils ont donc achevé leur sommet d'Athènes par une réunion de la "Conférence européenne", un forum qui comprend en tout 40 pays, à laquelle la Russie avait été conviée.

"C'est en ce moment qui revêt une importance historique significative que les chefs d'Etat et de gouvernement se sont réunis afin de réaffirmer leur détermination à ne tolérer aucune ligne de fracture", ont-ils souligné dans une déclaration commune où ils insistent sur leur volonté de "promouvoir des politiques de rapprochement politique et d'intégration graduelle dans les structures sociales et économiques" de l'Europe.

Pour le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, il est essentiel de tenir cet engagement.

"L'élargissement est une étape fondamentale vers l'élimination des divisions en Europe", a-t-il dit en estimant que cela lui donnait aussi de nouvelles responsabilités. "Il nous faut un processus dans lequel tout le monde est à tout moment impliqué dans notre avenir commun".

La conférence européenne s'est terminée par la remise à chaque participant d'un rameau d'olivier par des enfants grecs, symbole de la trêve olympique avant les Jeux de 2004.

Mais dans la famille européenne, dont la photo a dû être prise au grand angle dans le palais Zappeion, tant elle était nombreuse, tous les membres ne jouissent pas même statut.

L'UE DE LISBONNE A VLADIVOSTOK?

Certains, comme la Bulgarie et la Roumanie, devraient entrer dans l'UE en 2007, tandis que les ex-républiques yougoslaves et la Turquie, ont obtenu l'assurance qu'ils ne seraient pas écartés s'ils parviennent à respecter les critères économiques et politiques fixés pour l'adhésion.

Mais pour d'autres, comme la Moldavie, la Biélorussie, l'Ukraine et la Russie, la perspective n'est pas vraiment l'adhésion, même si certains pays membres de l'Union ou en passe de l'être, comme la Slovaquie ou l'Italie, envisagent sans sourciller une UE allant de Lisbonne à Vladivostok.

Enfin, pour des pays comme la France et l'Espagne, il faut nouer de nouvelles relations avec les pays du Sud de la Méditerranée, proches par l'histoire et la géographie.

Les propositions foisonnent sur l'avenir.

Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, a proposé la conclusion d'accords de partenariat avec le "cercle d'amis" de l'UE dont l'adhésion n'est pas prévue et qui partageront avec elle "tout, sauf les institutions".

Les Quinze entendent également revoir leur relation avec la Russie lors du sommet qui se déroulera le 31 mai prochain à Saint-Pétersbourg à l'invitation de Vladimir Poutine.

La France a ainsi proposé une approche en trois volets qui pourrait être élargie à d'autres pays.

L'UE et la Russie créeraient tout d'abord un "Espace économique commun" dans lequel des politiques sectorielles seraient communes -- énergie, recherche et développement, formation, aéronautique, politique spatiale.

Le deuxième volet serait la création d'un espace de sécurité intérieure afin de lutter contre la criminalité organisée.

Enfin, un espace de sécurité et de stabilité serait construit grâce à la coordination des politiques étrangères.

 


FIN DU SOMMET EUROPEEN D'ATHENES
[2003-04-17 14:28]

Photo de famille de l'Europe élargie au terme du sommet d'Athènes. Les chefs d'Etat européens ont terminé leurs deux jours de discussions par une réunion de la "Conférence européenne", un forum qui comprend en tout 40 pays, à laquelle la Russie avait été conviée. /Photo prise le 17 avril 2003/REUTERS/Thierry Roge - Copyright © 2001 Reuters Limited.


Le débat sur le rôle de l'Onu en Irak est ouvert
par Evelyn Leopold

ATHENES (Reuters), 17 avril 2003 08:37 - Nombreux sont ceux qui ont parlé du rôle "central", "important" voire "vital" des Nations unies dans l'Irak de l'après-guerre, mais peu ont expliqué ce que cela signifiait vraiment.

Pour le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, qui a eu de nombreux entretiens en marge du sommet de l'Union européenne de mercredi et jeudi à Athènes, le Conseil de sécurité devra donner son aval à toute mission politique de l'Onu. Et pas question pour lui que l'Organisation devienne un subalterne des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne.

Mais pour les Etats-Unis, le Conseil, qui a refusé de donner son feu vert à la guerre, n'est pas un interlocuteur valable. Washington souhaite plutôt que Kofi Annan envoie un émissaire spécial aux négociations visant à mettre en place un nouveau gouvernement en Irak, ce que le secrétaire général refuse de faire sans un mandat du Conseil de sécurité.

L'affaire se complique encore quand on sait que la France, la Russie, l'Allemagne et d'autres pays de l'UE siégeant au Conseil souhaitent que l'Onu jour un "rôle central" en Irak.

Ces pays voient d'un mauvais oeil la nomination d'un émissaire spécial dont la mission n'aurait pas été clairement définie.

De l'avis de Kofi Annan, il ne faut pas précipiter les choses.

"C'est un processus politique à long terme", a-t-il déclaré. "Cela veut dire une constitution, organiser des élections. Il faut une feuille de route. Une fois que vous l'avez, les discussions sont plus faciles."

Les Européens se rapprochent d'une position commune sur l'Irak et devraient adopter jeudi une déclaration de compromis sur l'après-guerre qui soulignerait que la reconstruction du pays doit se faire dans le cadre des Nations unies.

De l'avis de certains diplomates, Washington devra faire montre de coopération s'il souhaite que le Conseil lève les sanctions prononcées il y a 12 ans contre l'Irak, ce qui permettrait de libéraliser la production pétrolière. Les sanctions sont liées au retour sur le terrain des inspecteurs de l'Onu, que l'administration Bush a également mis sur la touche.

LONG PROCESSUS

La Maison blanche presse les Irakiens de mettre en place une autorité intérimaire aussi vite que possible, mais beaucoup pensent que ce processus prendra des mois. L'idée de travailler en Irak sans feu vert de l'Onu embarrasse les compagnies pétrolières et la Banque mondiale a d'emblée rejeté cette perspective.

Les Nations unies ont les compétences requises pour organiser une conférence visant à choisir de nouveaux dirigeants pour l'Irak, comme elles l'avaient fait en Afghanistan. L'instance internationale a également de l'expérience en matière d'aide humanitaire d'urgence, de santé, d'éducation et d'organisation d'élections.

Les membres conseils pourraient suggérer ce que l'Onu pourrait faire et compter ensuite sur la Grande-Bretagne pour faire des propositions acceptables par tous, estiment les diplomates.

"Ce qu'ils doivent faire, c'est émettre des suggestions, ouvrir le dialogue et être très francs les uns envers les autres", a déclaré Annan.

"Parfois, les gens sont si pressés", a ajouté le secrétaire général, faisant référence aux pressions subies pour faire accélérer les choses en Afghanistan. "Il y a une limite à la vitesse à laquelle vous pouvez aller."

A Athènes, beaucoup ont remarqué un changement de ton sur le dossier irakien et une reprise générale du dialogue, malgré les divergences. Le Premier ministre britannique a passé beaucoup de temps avec le président français Jacques Chirac, le chancelier allemand Gerhard Schröder et le ministre des Affaires étrangères russe Igor Ivanov.

Kofi Annan s'est lui-même entretenu avec ces quatre hommes ainsi qu'avec les dirigeants de la Suède, du Danemark ou encore de l'Irlande. Il a aussi assisté à une réunion réunissant les ministres des Affaires étrangères de pays siégeant au Conseil de sécurité: la Grande-Bretagne, la France, la Russie, l'Allemagne, l'Espagne et la Bulgarie.

Pour Michael Moller, proche collaborateur de Kofi Annan, la crise que vient de traverser l'Onu pourra lui être bénéfique à long terme.

"Les gens parlent de résolutions dans les pubs de Londres. Ils ne savaient même pas ce qu'était l'Onu auparavant. Il y a une grande prise de conscience de ce que fait l'organisation et cela se traduit dans la tête des hommes politiques", a-t-il dit.


KOFI ANNAN DEFEND LE ROLE DE L'ONU EN IRAK
Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan (à gauche) avec le Premier ministre britannique Tony Blair au sommet européen d'Athènes. Annan estime que le Conseil de sécurité devra donner son aval à toute mission politique de l'Onu en Irak. /Photo prise le 16 avril 2003/REUTERS Fabrizio Bensch


L'UNESCO réclame une résolution de l'ONU pour lutter contre le pillage des musées irakiens

PARIS (AP), jeudi 17 avril 2003, 18h06 - Le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, a annoncé jeudi son intention de demander l'adoption d'une résolution des Nations unies imposant un embargo temporaire "sur l'acquisition de tout objet culturel en provenance d'Irak" afin de lutter contre le pillage du patrimoine irakien observé ces derniers jours à Bagdad et ailleurs dans le pays.

S'adressant à une trentaine d'experts internationaux réunis au siège de l'UNESCO à Paris, M. Matsuura a souligné que le destin du patrimoine irakien "est dans les mains de la communauté internationale tout entière, et ce n'est que par la cohésion, la coordination et la volonté partagée par tous les acteurs, à tous les niveaux, que nous pourrons sauvegarder et restituer à la disposition de l'humanité ces trésors".

Les experts se sont déclarés "profondément choqués par les importants dommages" subis par le patrimoine culturel irakien lors des pillages de ces derniers jours et ont appelé les forces américano-britanniques à leurs responsabilités.

Certains pillards étaient organisés et avaient même les clés de chambres fortes pour accéder à des trésors archéologiques, ont indiqué les experts. "Il semble qu'une partie du pillage était délibérée", a souligné le Pr McGuire Gibson, de l'université de Chicago. "Ils ont été en mesure de prendre les clés des chambres fortes et sortir des objets mésopotamiens de coffres."

Le Commandement central américain à Doha (Qatar) a déclaré ne pas savoir "ce que les pillards ont utilisé pour accéder aux musées, mais c'est une perte tragique pour toute l'humanité, et nous travaillons avec le peuple irakien pour trouver les responsables". AP


L'Unesco crée un fonds spécial pour le patrimoine culturel irakien

PARIS (AFP), jeudi 17 avril 2003, 13h29 - Le directeur-général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, a annoncé jeudi à Paris la création d'un "fonds spécial pour le patrimoine irakien" et proposé la mise en place de "mesures d'urgence".

Ce fonds spécial, a précisé M. Matsuura à l'ouverture d'une conférence regroupant une trentaine d'experts internationaux, sera alimenté par les contribution de nombreux pays dont l'Italie "qui a été la première à offrir une contribution de 400.000 dollars" et d'autres pays "dont la liste grandit chaque jour" émanant d'Etats comme le Qatar, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Egypte et diverses institutions.

"Des mesures d'urgence s'imposent, comme la mise en place par les autorités sur place, et sur tout le territoire irakien d'une +police du patrimoine+ chargée de veiller sur les sites et institutions culturels, y compris les bibliothèques et les bâtiments abritant des archives", a affirmé M. Matsuura.

La réunion de jeudi au siège de l'Unesco intervient une semaine après le pillage notamment des musées de Bagdad et Mossoul (nord), au lendemain de la chute de Bagdad et des principales villes irakiennes aux mains des troupes américaines.

"Le plan d'action d'urgence devra bien entendu être élaboré en coordination avec le plus grand nombre possible de partenaires et d'institutions (...) La situation est très certainement confuse en Irak, mais nous avons déjà hélàs des certitudes préoccupantes: le pillage des musées de Bagdad et de Mossoul, l'incendie de la bibliothèque nationale. Sans parler des dommages subis par nombre de sites patrimoniaux et de leur pillage", a souligné M. Matsuura.

"Ces derniers jours, a-t-il poursuivi, nous avons multiplié les contacts avec les autorités américaines et britanniques afin qu'elles prennent immédiatement des mesures de surveillance des sites archélogiques et des institutions culturelles en Irak. Afin d'empêcher l'exportation et le trafic des oeuvres dérobées, nous avons alerté les autorités des pays limitrophes, ainsi que les autorités de police et de douane internationales telle Interpol et l'Organisation mondiale des douanes".

M. Matsuura a indiqué qu'il s'apprêtait à "demander au Secrétaire général des Nations unies de soumettre la question du trafic illicite au Conseil de sécurité afin qu'une résolution puisse être adoptée qui impose un embargo, pour une période déterminée, sur l'acquisition de tout objet culturel en provenance de l'Irak, et qui demande le retour de tels biens culturels en Irak si de telles acquisiions ou exportations ont déjà eu lieu".

Selon lui, "cette résolution pourrait ainsi s'appliquer aux 191 Etats membres des Nations unies et non seulement aux 97 Etats parties à la Convention de 1970".

A ce propos, il a lancé un appel à tous les Etats pour adopter "les mesures d'urgence pour prévenir l'importation sur leur territoire de tout bien culturel, archéologique et bibliographique ayant quitté l'Irak dans la période présente" et il a renouvelé son appel "à tous les musées, négociants d'art et collectionneurs privés pour qu'ils considèrent ces biens comme ne pouvant faire l'objet de transaction commerciale".

M. Matsuura a enfin indiqué que "l'inscription de la ville d'Assur (nord) sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine en danger sera proposée à la prochaine session du Comité du patrimoine mondial qui se tiendra en Chine en juin prochain.


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