Côte d'Ivoire: Paris pour l'envoi de casques bleus, réserves de Washington
NEW YORK (Nations Unies) (AFP), samedi 17 janvier 2004, 7h24 - Le ministre français de la Défense Michèle Alliot-Marie a plaidé vendredi pour "l'urgence" de l'envoi de casques bleus en Côte d'Ivoire pour procéder au désarmement des forces, un projet soutenu par l'ONU mais sur lequel Washington a émis de sérieuses réserves.
"La situation en Côte d'Ivoire a évolué favorablement ces dernières semaines, avec le démantèlement de la plupart des barrages, avec l'extension de la zone de confiance, la libération des prisonniers, le retour des ministres des +forces nouvelles+. C'est le moment de passer à la dernière phase, celle du désarmement et du regroupement", a déclaré Mme Alliot-Marie à l'issue de son entretien avec le secrétaire général de l'ONU à New York.
Pour ce faire, "il est indispensable d'avoir la présence d'une force des Nations Unies". "C'est ce que les pays africains et la France ont souhaité et c'est ce que j'ai rappelé à Kofi Annan. Je lui ai également rappelé l'urgence d'une décision en la matière", a-t-elle poursuivi.
"Il y a actuellement un projet de résolution qui est en cours d'examen et de préparation et qui devrait être voté au début du mois de février", a souligné le ministre français de la Défense, lors d'un point de presse.
Toutefois, le représentant des Etats-Unis près l'ONU, John Negroponte, a fait part vendredi des réserves américaines, tant sur la taille du contingent envisagé que sur l'opportunité d'un tel déploiement. Washington pencherait pour une force de 4.000 hommes, contre 6.240 recommandés le 9 janvier par Kofi Annan.
"Nous avons quelques réserves quant au nombre" proposé, et "nous voulons examiner aussi la réelle justification d'une mission de maintien de la paix à ce stade", a déclaré à l'AFP le diplomate américain, émettant des doutes sur la possibilité "de parvenir à une décision d'ici au 4 février".
Lors d'un point de presse jeudi soir à Washington, à l'issue de sa rencontre avec la conseillère de la Maison Blanche sur la sécurité, Condoleezza Rice, Mme Alliot-Marie a pourtant déclaré "sentir une très bonne compréhension de la nécessité de cette action et un soutien de la part de Mme Rice".
Aux termes de l'avant-projet de résolution, dont la France a l'initiative, il est prévu la mise en place "pour une durée initiale de 12 mois, à compter du 4 avril 2004" de "l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire", l'Unoci, forte de 6.240 hommes, chargée de "superviser le cessez-le-feu et les mouvements des groupes armés". La future Unoci aura également pour tâches le "désarmement, la démobilisation, la réintégration, la répartition et la réinsertion" de ces forces.
L'avant-projet -- "qui a rencontré un accueil favorable" lors de sa présentation jeudi, selon une source française -- prévoit de proroger "jusqu'au 3 avril 2004" l'actuelle mission des Nations Unies dans ce pays (Minuci), qui doit arriver à échéance le 4 février.
Il propose aussi de prolonger de "12 mois" à partir du 4 avril, le mandat de la force française Licorne, tout en lui confiant la mission "d'intervenir en soutien aux éléments de l'Unoci en cas de menace pour leur sécurité" et "d'agir contre toutes actions hostiles de belligérants hors des zones sous contrôle de l'Unoci, si les conditions de sécurité se font sentir".
La France joue un rôle essentiel dans la recherche de solution à la crise dans son ancienne colonie, déclenché en septembre 2002 à la suite d'un coup d'Etat. Elle a contribué à la signature de l'accord de Marcoussis (près de Paris) en janvier 2003 visant à permettre la réconciliation nationale, et maintient sur le terrain quelque 4.000 hommes de la force Licorne.