CONGO : La multiplication des délestages d’électricité à Brazzaville pénalise les habitants
BRAZZAVILLE, le 10 février 2004, Nations Unies (IRIN) - La multiplication
des délestages d’ électricité ces quatre dernières semaines à Brazzaville, la
capitale de la République du Congo, pénalisent nombre d’habitants dans leurs
activités quotidiennes. Beaucoup de quartiers ne sont, en effet, approvisionnés
en électricité que deux ou trois fois par semaine.
"C’est absolument inconcevable, ce que nous vivons. Les délestages d’électricité
perturbent la vie économique et celle des ménages. Les dirigeants dans ce pays
savent pourtant que la majeure partie des gens ne peut pas s’approprier des
générateurs électriques pour remédier à cette situation," a déploré le gérant
d’une boulangerie. "Quand on sait que ce phénomène s’accompagne souvent de
perturbations d’approvisionnement en eau potable, cela devient un véritable
casse-tête," a-t-il ajouté.
Du fait de cette situation, des familles aux revenus modestes rachètent des
lampes tempêtes et des bougies pour l’éclairage. "C’est le dernier recours dans
ces conditions mais les conséquences sont parfois dramatiques. L’an dernier, on
a déploré plus d’une dizaine de décès à cause d'incendies provoqués par un
pétrole lampant douteux vendu sur le marché ou d'une manipulation imprudente des
bougies dans les foyers," a souligné Christiana Bouya, une infirmière.
Dans les hôpitaux, les conséquences de ces délestages sont également
catastrophiques. "Vous n'imaginez pas le nombre de décès qu'engendre cette
situation dans les hôpitaux de la place. Autant des personnes décèdent chaque
jour parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'acheter des produits, autant ils
meurent à cause des coupures d'électricité dans les salles d'opération et de
réanimation," a affirmé un médecin du Centre hospitalier universitaire (Chu) de
Brazzaville.
La ville de Brazzaville, avec plus d’un million d’habitants, a besoin de 75
mégawatts. La centrale électrique du Djoué au sud de Brazzaville n'a cependant
qu'une puissance de 15 mégawatts et ne fonctionne qu’avec une turbine de six
mégawatts. Brazaville est ainsi obligé d'importer son électricité du barrage
hydroélectrique d’Inga, en République démocratique du Congo (RDC). Selon la
société nationale d’électricité (Sne), Inga fournit quotidiennement 50
mégawatts. Depuis quelques jours cependant, les livraisons du barrage d'Inga
sont tombées à 30 mégawatts.
Philippe Mvouo, ministre congolais des mines et de l’énergie, a expliqué cette
réduction par les travaux actuellement en cours sur le réseau d’interconnexion
entre Brazzaville et Kinshasa, la capitale de la RDC.
Selon un cadre de la Sne, la réduction des livraisons d'énergie pourrait
également s'expliquer par la dette que le Congo a en RDC en matière de paiement
d'énergie. Celle-ci s'élève en effet à 35 millions de dollars.
Pour assurer son indépendance énergétique, le gouvernement congolais a décidé
l’année dernière de construire à Imboulou, à 120 km au nord de Brazzaville, un
barrage d’une puissance de 120 mégawatts. Les travaux n'ont cependant pas encore
démarré, faute de financement.