Côte d'Ivoire: Gueï proclamé vainqueur, Gbagbo conteste

par Nicholas Phythian - (Reuters, Abidjan - mardi, 24 octobre 2000, 18h10)

Le ministère de l'Intérieur a proclamé le général Robert Gueï vainqueur de l'élection présidentielle du 22 octobre et a dissous la Commission nationale électorale (CNE) qui avait organisé le scrutin.
Son principal adversaire, Laurent Gbagbo, a aussitôt rejeté les résultats officiels et réaffirmé qu'il était le vainqueur du scrutin. Il se considère désormais comme le chef de l'Etat et entend continuer son action dans la rue.
"Dès à présent, c'est moi le chef d'Etat de la Côte d'Ivoire. Je demande à tous les patriotes, de toutes les villes et des campagnes, de descendre dans la rue. A partir de cet instant, je considère le gouvernement de transition dissous", a dit Gbagbo.
Au siège du Front populaire ivoirien (FPI), ses partisans furieux ont entrepris de marcher vers la caserne d'Akouedo d'où était parti le putsch du 24 décembre qui avait porté Gueï au pouvoir.
"Gueï a choisi la voie de Milosevic. Nous le chasserons du pouvoir dans les 24 heures", a promis un militant du FPI dont le chef avait promis un scénario "à la yougoslave" en cas de fraude.
Le directeur de l'administration territoriale du ministère de l'Intérieur, Daniel Bamba Cheikh, a expliqué que la CNE avait été dissoute parce qu'elle ne s'était pas montrée à la hauteur.
Il a affirmé que Gueï l'avait emporté dès le premier tour avec 52,72% des voix, contre 41,02% à son principal adversaire. Cheikh a accusé certains partis, qu'il n'a pas nommés, de s'être livrés à des fraudes massives. (Reuters)


Tension à Abidjan

De son côté, le QG de campagne de Gbagbo avait donné son poulain vainqueur du scrutin avec 62,83% des voix, contre 34,3% à Gueï, affirmant que ses chiffres étaient basés sur les résultats de deux-tiers des circonscriptions électorales du pys.
A Paris, le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, avait déclaré quelques heures plus tôt que le général Gueï avait présenté un recours en annulation des résultats de l'élection présidentielle.
"Nous avons appris que la commission (électorale) avait suspendu ses travaux et que le général Gueï en effet avait présenté un recours en annulation des résultats, laissant à la cour suprême le soin de statuer en définitive", a-t-il dit à l'Assemblée nationale.
En matinée, bon nombre d'écoles et d'entreprises d'Abidjan, la capitale économique et administrative du pays, ont fermé, la tension ayant monté d'un cran avec la non publication des résultats à l'heure prévue (11h00 GMT). En lieu et place de résultats, on pouvait voir à la télévision nationale un feuilleton et des vidéo-clips.
L'aéroport d'Abidjan est resté ouvert, mais Air France, seule compagnie aérienne qui assure un service quotidien vers l'Europe, a annoncé avoir annulé le vol de mardi en provenance de Paris ainsi que le vol retour. "Aucun couvre-feu n'a été décrété pour l'instant mais nous prenons cette précaution, au cas où", a déclaré un responsable d'Air France.
Les vols de mercredi seront avancés de deux heures, de manière ce qu'en cas de couvre-feu, les passagers puissent aller à l'aéroport ou en revenir avant la tombée de la nuit, a-t-il ajouté.
Le port d'Abidjan était ouvert lui aussi, mais nombre d'entreprises et bureaux de la zone portuaire ainsi que d'un quartier voisin, Vridi, étaient fermés à la mi-journée alors que circulaient des rumeurs de mouvements de troupes et de couvre-feu.

 


DEPECHES AFP :

Côte d'Ivoire: victoire de Gueï, dissolution de la commission électorale
(AFP, Abidjan, mardi 24 octobre 2000 - 16h47 heure de Paris) -

La junte au pouvoir depuis dix mois en Côte d'Ivoire a annoncé mardi à Abidjan la victoire de son chef le général Robert Gueï, à la présidentielle du 22 octobre, et appelé les Ivoiriens au calme.
Dans le même temps, la commission chargée du décompte des voix et de l'annonce des résultats a été dissoute et son président emmené sous escorte au siège de la présidence occupée par les militaires depuis le coup d'état de Noël 1999.
L'annonce de la victoire du général Gueï --alors que son seul opposant M. Laurent Gbagbo soutient avoir gagné-- a été faite par le ministère ivoirien de l'Intérieur devant la presse mardi en début d'après-midi. Le directeur de l'administration territoriale M. Bamba Cheikh, également membre de la Commision nationale électorale (CNE), a affirmé que le général Gueï a obtenu 52,72% des suffrages. Selon le ministère de l'Intérieur, le leader socialiste, M. Gbagbo, a recueilli 41,02% des voix. Le taux de participation est de 47,56%.
M. Bamba Cheik a également annoncé la dissolution de la CNE chargée de l'organisation de la présidentielle et de la publication des résultats. Le ministère a affirmé que les résultats collectés par la CNE sont "inexploitables" et que la compilation de ces chiffres s'est faite "dans la confusion".
M. Bamba Cheik a fait également état de "fraudes massives organisées par certains partis politiques, constatées par des huissiers", notamment des "votes multiples" en province et à Abidjan.
Il a appelé les Ivoiriens à "rester sereins et dignes" et à faire preuve de "patriotisme".
Des militaires ivoiriens ont emmené sous escorte mardi après-midi le président de la CNE, M. Honoré Guié, et plusieurs membres de la commission vers à la présidence. M. Guié accompagné d'une demi douzaine de membres de la CNE se sont entassés dans un véhicule 4x4 et ont quitté le siège de la CNE, suivis par un autre 4x4 et un camion avec à son bord des soldats de la garde présidentielle.
Auparavant, les membres de la CNE s'étaient battus contre des hommes en civil parmi lesquels les journalistes ont reconnu plusieurs militaires de la garde rapprochée du chef de la junte.

 

Côte d'Ivoire: Gbagbo se proclame chef d'Etat
(AFP, Abidjan, mardi 24 octobre 2000 - 18h15 heure de Paris)

Le leader socialiste Laurent Gbagbo s'est proclamé mardi "chef de l'Etat de Côte d'Ivoire" et a appelé "tous les patriotes" à "faire barrage à l'imposture", a constaté à son quartier général de campagne à Abidjan un journaliste de l'AFP.
"Dès à présent, c'est moi le chef de l'Etat de Côte d'Ivoire. Je déclare dissous le gouvernement de transition", a déclaré M. Gbagbo devant des centaines de militants surchauffés.
"Je demande à tous les patriotes ivoiriens de descendre en ville dans tous les quartiers jusqu'à ce que Gueï recule. Je demande à tous les militants de se dresser pour faire barrage à l'imposture".
Le ministère de l'Intérieur a annoncé plus tôt mardi la dissolution de la Commission nationale électorale et a proclamé le général Robert Gueï, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999, vainqueur avec 52,72% des suffrages.


Analyse du correspondant de RFI

Putsch électoral du général Gueï

Le ministère de l’Intérieur a annoncé mardi après-midi la "victoire" de Robert Gueï à la présidentielle de dimanche et la dissolution de la Commission nationale électorale. Alors que tout le monde s’attendait à ce que celle-ci confirme la victoire de Laurent Gbagbo. Celui-ci a aussitôt demandé "à tous les patriotes de descendre en ville dans tous les quartiers jusqu'à ce que Gueï recule". Pour sa part la France a mis en garde la junte du général Gueï "contre toute tentative de contrarier" la volonté exprimée par le peuple ivoirien.

Au moment même où on s’attendait à l’annonce officielle de la victoire du leader socialiste Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle de dimanche 22 octobre 2000, le général Gueï, chef de la junte au pouvoir depuis décembre 1999 a été déclaré vainqueur par le ministre de l'Intérieur. En même temps la Commission électorale nationale (CNE) a été dissoute et son président Honoré Guié conduit sous escorte jusqu'au palais présidentiel.

La riposte du "vainqueur sorti de urnes", Laurent Gbagbo, ne s'est pas faite attendre. "Dès à présent, c'est moi le chef de l'Etat de Côte d'Ivoire, a-t-il dit. Je déclare dissous le gouvernement de transition. Je demande à tous les patriotes ivoiriens de descendre en ville dans tous les quartiers jusqu'à ce que Gueï recule". Des manifestations ont aussitôt éclaté dans plusieurs quartiers d'Abidjan et des milliers de personnes ont envahi les rues du quartier de Yopougon, où un cortège s'est mis en marche sur la grande route à quatre voies qui mène vers le quartier administratif du Plateau, aux cris de "Gueï voleur", "Gueï quitte le pouvoir!".

Ce "putsch électoral" du général Gueï a provoqué une réaction immédiate de la part du gouvernement français. Le ministre délégué à la Coopération Charles Josselin a d'abord déclaré: "Nous étions en mesure (lundi soir) de penser que le général Gueï pourrait déclarer élu son rival. Nous avons appris que les choses ne se présentaient pas ainsi, que la Commission électorale nationale avait suspendu ses travaux et que le général Gueï en effet avait présenté un recours en annulation des résultats, laissant à la Cour suprême le soin de statuer en définitive ". M. Josselin a ensuite ajouté que "la France fera tout ce qu’il faut pour que la volonté du peuple ivoirien soit respectée".

Peu après Paris a lancé une véritable mise en garde à la junte putschiste du général Gueï. "La France demeure attachée à ce que la volonté exprimée par le peuple ivoirien soit pleinement respectée et met en garde contre toute tentative de la contrarier", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Concernant la dissolution de la CNE et la proclamation de la "victoire" de Gueï, Paris a ajouté: "ces méthodes sont inacceptables. Elles bafouent les exigences d'un retour à l'ordre consitutionnel".

"Les soldats de Gueï ont débranché les ordinateurs"
La veille, selon des résultats partiels mais significatifs rendus publics par le FPI (basés sur les procès-verbaux établis dans chaque bureau de vote) Laurent Gbagbo devançait nettement son principal rival, le général Robert Gueï, avec plus de 61% des suffrages contre 26. La publication des résultats avait été interrompue lundi après-midi, officiellement en raison de retards dans le dépouillement des bulletins de vote. Mais une certaine tension régnait déjà autour du siège de la CNE et certains milieux militaires étaient alors soupçonnés de vouloir monter une sorte de " hold up électoral " afin de permettre au général Gueï de " passer en force " dès le premier tour, à l’aide d’une fraude massive. Ceci a été indirectement confirmé par le quotidien ivoirien Le Jour qui a écrit mardi que " des jeunes gens (soldats) du général Gueï, mécontents des résultats partiels ont débranché les ordinateurs " de la CNE et même tenté d’enlever son président, Honoré Guié, au moment où les premiers résultats confirmaient l’avance de Gbagbo sur Gueï (51% contre 40). Ce qui visait à plonger le pays dans un " black out électoral " propice à toutes les manœuvres d’intimidation de la part des putschistes.

Mais une telle fraude massive n’était évidemment pas facile à mettre en œuvre, en raison du travail remarquable effectué par la CNE (qui comprend des représentants des cinq candidats en lice) et du mode de scrutin qui comporte un seul bulletin de vote et la présence de représentants de chaque candidat auxquels a été remis un procès-verbal détaillé à l’issue du dépouillement, dans chaque bureau de vote. Ce qui a permis à chaque camp de centraliser les résultats et d’en prendre connaissance, y compris à l’échelle nationale, avant même l’annonce officielle des premiers résultats. C'est sans doute pour cela que Gueï et ses "brigades rouges" ont finalement opté pour un deuxième putsch.

L’activité avait portant repris presque normalement à Abidjan, mardi matin, même si des établissements scolaires et des magasins étaient restés fermés ; aucun déploiement de militaire ou de policiers n’était alors visible. En revanche, dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs manifestations de sympathisants du FPI voulant fêter par avance la victoire de leur leader avaient été vite dispersées par les forces de sécurité à coups de grenades lacrymogènes et de matraques, dans différents quartiers de la capitale économique.

ELIO COMARIN
24/10/2000



La voix officielle française : Paris "n'acceptera pas" le coup de force en Côte d'Ivoire

1 - (AFP, Paris, 24 octobre 2000 - 20h01)

La France n'acceptera pas "la tentative de coup de force" en Côte d'Ivoire et en "tirera les conséquences", a déclaré, mardi soir, le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine.
"Nous assistons à Abidjan à une tentative de coup de force. La France ne l'acceptera pas, ni l'Union européenne, et en tirera les conséquences", a affirmé M. Védrine.
"La Commission nationale électorale (CNE) peut encore rétablir le cours du retour à une situation constitutionnelle", a ajouté le ministre dans une déclaration.
M. Védrine n'a pas donné de précision sur ce que fera la France qui maintient un dispositif militaire de quelque 600 hommes, le 43e Bataillon d'Infanterie de marine (BIMa), basé à Port Bouët dans le sud d'Abidjan, à proximité de l'aéroport.
Ce dispositif est prévu dans les accords de défense signés entre la France et la Côte d'Ivoire au début des années 60.
D'autre part, L'Orage, un transport de chalands de débarquement (TCD) de la marine nationale, avec à son bord une compagnie d'infanterie de 120 hommes, se trouve actuellement au large, dans le golfe de Guinée.
La première mission des troupes françaises est d'assurer la sécurité de l'ambassade et, si la situation le rendait nécessaire, celle de la communauté française, soit plus de 20.000 personnes pour l'ensemble de la Côté d'Ivoire.
Le chef de la junte au pouvoir en Côte d'Ivoire, le général Robert Gueï, s'est proclamé, mardi, "premier président de la deuxième république", dans une allocution prononcée depuis le palais présidentiel. De son côté, le leader socialiste Laurent Gbagbo s'est aussi proclamé "chef de l'Etat de Côte d'Ivoire" et a appelé "tous les patriotes" à "faire barrage à l'imposture"
Auparavant, le ministère ivoirien de l'Intérieur avait annoncé la dissolution de la CNE et a proclamé le général Robert Gueï, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999, vainqueur avec 52,72% des suffrages. Selon le ministère de l'Intérieur, le leader socialiste a recueilli 41,02% des voix.
Dès l'annonce de la dissolution de la CNE et de la victoire du général Gueï, Paris a lancé une mise en garde "contre toute tentative de contrarier la volonté exprimée par le peuple ivoirien".
"La France demeure attachée à ce que la volonté exprimée par le peuple ivoirien soit pleinement respectée, et met en garde contre toute tentative de la contrarier", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, François Rivasseau.
Le porte-parole français a qualifié d'"inacceptables" les "méthodes" du ministère ivoirien de l'Intérieur qui "bafouent les exigences d'un retour à l'ordre constitutionnel".

(AFP, Paris, 24 octobre 2000 - 20h01)


Paris dénonce le coup de force -(Reuters 24 octobre 2000 - 20h34)

La France et l'Union européenne n'accepteront pas la tentative de "coup de force" et "l'auto- proclamation" du général Robert Gueï en Côte d'Ivoire.
"Nous assistons à Abidjan à une tentative de coup de force. La France ne l'acceptera pas, ni l'Union européenne, et en tirera les conséquences", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine.
"La Commission nationale électorale peut encore rétablir le cours du retour à une situation constitutionnelle", a toutefois précisé le ministre français.
Les militaires avaient arrêté quelques heures plus tôt le président de la Commission électorale. Le ministre de l'Intérieur, sans attendre la fin du dépouillement, avait déclaré le général Gueï élu président de la République.
Le candidat socialiste Laurent Gbagbo s'est néanmoins proclamé vainqueur de l'élection et nombreux de ses partisans sont descendus dans les rues d'Abidjan.
Le gouvernement ivoirien a alors proclamé l'état d'urgence et instauré un couvre-feu.
Le ministre de la Coopération, Charles Josselin, a précisé que la France n'entendait pas envoyer de renforts en Côte d'Ivoire car les effectifs étaient suffisants pour assurer la protection des 20.000 ressortissants français dans ce pays.
Il appelé le général Gueï à respecter les valeurs dont il se réclame pour "éviter une spirale dans laquelle la Côte d'Ivoire s'enfoncerait" en "s'isolant de la communauté internationale".
"Il a fait ce soir un coup d'Etat, on peut dire que les moyens de retour à l'ordre constitutionnel ont été totalement bafoués", a-t-il dit sur France 2.
La compagnie Air France a annoncé mardi avoir annulé son vol quotidien pour Abidjan en raison de la situation.
"Nous avons annulé le vol d'aujourd'hui car nous ne voulons pas que l'avion soit éventuellement immobilisé à Abidjan dans la nuit alors qu'il doit voler vers d'autres destinations", a dit un porte-parole.
Il a précisé que le vol de mercredi était maintenu mais que son décollage était avancé pour qu'il puisse se poser de jour dans la capitale ivoirienne.
La France, qui comptait jusqu'à ces derniers jours 25.000 ressortissants en Côte d'Ivoire, est restée aux aguets pendant la campagne présidentielle.


Vingt-cinq mille français en Côte d'Ivoire


Un navire de la marine française, le transport de chalands de débarquement Orage, capable d'embarquer 3.000 civils en cas de crise, croise au large des côtes ivoiriennes avec à bord une compagnie d'infanterie montée sur véhicules blindés VAB.
Le ministère français de la Défense a précisé que 40 hommes renforçaient la sécurité de l'ambassade, en plus du 43e bataillon d'infanterie de marine, soit 550 hommes, basé à Port-Bouët, près d'Abidjan, et comptant un escadron de chars léger Sagaie du premier régiment étranger de cavalerie.
Charles Josselin a précisé que ces troupes étaient "soucieuses de la sécurité de nos ressortissants" et de ceux d'autres pays s'ils étaient menacés.
Prié de dire si Paris entendait envoyer des renforts, il a répondu: "Non, pour l'instant les moyens dont nous disposons suffisent pour mettre en sécurité nos ressortissants et nous n'entendons pas, en l'état actuel des choses, nous mêler de ce débat ivoirien".
La France avait suspendu son aide militaire à la Côte d'Ivoire peu après le coup d'Etat de Noël dernier mais la coopération civile se poursuivait.
De plus, l'aide européenne à Abidjan n'a pas été vraiment gelée car un calendrier de retour à la démocratie avait été avancé.
Des opposants au général Gueï se sont étonnés de la prudence de la France, pays des droits de l'homme, à l'égard d'un régime issu d'un coup d'Etat.
Des émissaires de la junte se sont rendus à plusieurs reprises à Paris. Le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, avait estimé - bien avant le scrutin de dimanche - que l'élection était "légale" car "conforme à la démocratie".
Alassane Ouattara, le principal opposant à Robert Gueï écarté de la course à la présidentielle, avait dénoncé les "réactions molles" de la France, qui cédait, selon lui, aux menaces sur le sort de ses ressortissants en Côte d'Ivoire.
Mardi, le Collectif Article 12, qui regroupe des artistes et intellectuels ivoiriens, avait appelé la France, "qui assure la présidence de l'Union européenne, à ne plus s'embarrasser de mots pour qualifier les agissements coupables du dictateur Robert Gueï".
La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a dénoncé avec vigueur le "hold-up électoral pratiqué par le général Robert Gueï" et la dissolution de la Commission nationale électorale.
"Une nouvelle fois, la junte au pouvoir viole la Constitution récemment massivement adoptée par le peuple ivoirien", a-t-elle déclaré.

(Reuters, Paris, 24 octobre 2000 20h34)


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