Les Mau-Mau du Kenya bannis depuis 50 ans enfin reconnus


Au Kenya, les "terroristes" mau-mau sont devenus des héros nationaux

LE MONDE,  02 septembre 2003, 13h19 (article de l'édition du 03 sept 2003) 
Nairobi de notre correspondant Jean-Philippe Rémy

Il a suffi d'un trait de plume pour que s'évanouisse l'armée de "terroristes" la plus ancienne d'Afrique orientale et que, dans ses rangs clairsemés, le Kenya se cherche des héros nationaux.

Le mouvement mau-mau - l'insurrection armée, dans les années 1950, de paysans sans terre de l'ethnie kikouyou -, précurseur de l'indépendance, avait été interdit par les autorités coloniales britanniques, au motif d'activités "terroristes" consistant à mener des "rituels secrets" et à "tuer des colons et leur famille". Or aucun gouvernement, après l'indépendance, ne s'était avisé d'abroger cette loi.

Curieux oubli, réparé, dimanche 31 août, par le ministre de l'intérieur kényan, qui scelle enfin, après un demi-siècle d'interdiction de leur organisation, l'élévation des anciens combattants mau-mau au statut "de héros de la nation". Un site de commémoration devrait bientôt être construit. Il accueillera les dépouilles des plus célèbres d'entre eux, comme Dedan Kimathi, leur chef mythique, pendu par les forces coloniales en octobre 1956 et jeté dans une fosse.

Cela suffira-t-il pour réparer l'injustice faite par le Kenya à ses "combattants de la liberté" ? En luttant avec des moyens dérisoires contre les autorités coloniales, avant d'être défaits par une répression d'une violence démesurée, les Mau-Mau ont ouvert la voie aux négociations vers l'indépendance.

UN MYTHE CHASSE L'AUTRE

Ont-ils eu le tort d'avoir raison trop tôt ? Lorsque la décolonisation survint, en 1963, le nouveau pouvoir s'empressa d'écarter ces résistants qui sortaient, tresses de cheveux hirsutes jusqu'au bas des reins, de leurs maquis perdus dans les forêts épaisses du centre du Kenya, en pays kikouyou. Le président Jomo Kenyatta répliqua à leur désir de se voir redistribuer les terres des fermiers blancs : "Hakuna cha bure" ("Il n'y a rien de gratuit"). Les Mau-Mau, paysans sans terre, restèrent misérables, tandis que prospéraient, dans le Kenya indépendant, les Kikouyous "loyalistes" qui, pendant l'insurrection, avaient collaboré avec les autorités britanniques.

En réhabilitant les Mau-Mau, le gouvernement actuel cherche-t-il à forcer, à son tour, le sens de ce pan d'histoire occulté ? Les autorités coloniales avaient présenté les Mau-Mau comme des fous dangereux, assoiffés du sang des colons blancs, alors que ces derniers eurent à déplorer trente-deux victimes en quatre ans, moins que dans les accidents de la route au cours de la même période.

Comme si un mythe chassait l'autre, voici les "terroristes" d'hier érigés en héros nationalistes sans tache. Oubliées, leurs revendications limitées aux intérêts de leur ethnie. Mis entre parenthèses, surtout, leurs assassinats - infiniment plus nombreux que ceux de Blancs - de Kikouyous loyalistes, au cours d'une véritable guerre civile larvée. Le Kenya, après l'alternance démocratique en décembre dernier, se cherche des héros unificateurs, fût-ce au prix d'une réécriture de l'histoire.

Jean-Philippe Rémy


Kenya lifts ban on Mau Mau movement.
Monday, September 1, 2003. ABC News Online

More than 50 years after it was imposed by the British, the Kenyan Government has lifted the ban against the Mau Mau, the movement that fought against British colonial rule.

Mau Mau, or the Land and Freedom Army, have waited a long time to receive recognition.

Their attacks on white settlers in retaliation for the massacre of thousands of Africans threw the colonial society into panic and Britain imposed a state of emergency in 1952.

About 100 Europeans and 13,000 Africans died in the conflict which ended in 1956.

Yet despite playing an obvious role in fighting for independence, no Kenyan government has previously been prepared to lift the ban, partly because the Mau Mau rebellion was in part a civil war.

Kenya's first president Jomo Kenyatta was a strong nationalist but he was not a member of Mau Mau despite being convicted of belonging to the movement in what historians regard as a rigged show trial.

[ http://www.abc.net.au/news/newsitems/s936116.htm ]


Kenya lifts ban on Mau Mau

By Martin Plaut
BBC News - Sunday, 31 August, 2003, 16:29 GMT 17:29 UK
 

The Kenyan Government has decided to legalise the Mau Mau, the movement that fought colonial rule, over 50 years after it was banned by the British authorities.

The decision, announced by Kenya's minister of national security, will allow former Mau Mau fighters to register as a society and end the stigma that has hung over the movement, even after independence in 1963.

Mau Mau - or the Land and Freedom Army, as they called themselves - have waited a very long time to receive recognition.

Their attacks on white settlers threw colonial society into panic and Britain imposed a state of emergency in 1952.

Yet despite their obvious role in fighting for independence, no Kenyan Government has previously been prepared to lift the ban.

This is because the Mau Mau rebellion was, at least in part, a civil war.

'Bury the past'

Kenya's first President, Jomo Kenyatta, was a strong nationalist, but he was not a member of Mau Mau, despite being convicted of belonging to the movement in what historians regard as a rigged, show trial.

Once independence came, Kenyatta's government included more people who had fought against Mau Mau than had participated in the rebellion.

"When he came to power in 1963, Kenyatta tried very hard to bury the past, to put Mau Mau behind him," says David Anderson of St Anthony's College, Oxford.

"He told Kenyans that they should forget it, that the quickest way to curing the evils of that period was to forget it. And so in public life, it became almost impossible to mention Mau Mau, never mind to memorialise it."

The conflict took a terrible toll: Mau Mau lost around 20,000 men.

They killed some 4,000 people - including 32 white settlers.

The movement administered oaths and inflicted death on anyone who betrayed them. More than 1,000 were hanged, including their leader, Dedan Kimathi, whose body still lies in a Nairobi prison.


Sites Internet à visiter:
- The Mau Mau Insurgency [ http://www.britains-smallwars.com/kenya/Insurgency.html ]
- History - struglle for independence (Kyan History -
The Mau Mau Movement) [ http://www.kenyaweb.com/history/struggle/ ]

Points de mire