JP Morgan Chase Banque leader aux USA reconnaît son Passé Négrier... et propose des Réparations. Texte sur les Réparations : Déclaration de Durban en 2001

Vous trouverez ci-joint l'article de Ze Belinga sur la banque JP MORGAN ainsi que le texte sur les Réparations adopté à la Conférence Mondiale Contre le Racisme de Durban en 2001.
Force, courage et détermination.
An nou aye !
Joss Rovélas


1) JP Morgan Chase Banque leader aux USA reconnaît son Passé Négrier... Et propose des Réparations
01/02/2005

La mobilisation mondiale des Africains et Descendants d’Africains, Descendants d’esclaves poursuit son chemin, long et parsemé de révisionnisme et d’arrières pensées racistes. Pourtant l’activité militante pour les réparations marque des points et après Lehman Brothers, firme internationale d’investissement, c’est la seconde plus importante banque américaine JP Morgan qui vient de reconnaître son passé négrier. La Banque a présenté ses excuses aux Africains Américains, aux Américains et a proposé une aide financière dans le domaine de l’éducation aux jeunes africains américains.

Après les compagnies d’assurances convaincues d’exploitation post-esclavagiste des Africains Américains qui surpayaient ces firmes contre des prestations souvent dolosives, et qui se sont engagées dans des schémas de dédommagement, d’autres entités économiques et pas des moindres consentent à lever le voile sur leur passé esclavagiste.

Le cas de JP Morgan paraît presque emblématique, mastodonte américain de l’industrie bancaire, le fait que cette institution publie son implication dans le trafic négrier peut avoir des effets d’entraînement sur d’autres et ouvrir la voie à une institutionnalisation des réparations aux USA et ailleurs.

Les sources de l’AFP [21 janvier 2005] rendent comptent des regrets exprimés publiquement par les responsables la banque. En effet entre 1831 et 1865, deux banques dont émane JP Morgan, Citizens Bank et Canal Bank, vont être impliquées dans le trafic négrier en Louisiane. Elles vont accepter environ 13 000 esclaves comme garantie pour des prêts consentis à des esclavagistes, et 1250 asservis au moins leur reviendraient en droit de propriété, suite aux défauts de paiement des planteurs débiteurs.

Dans un affidavit JP Morgan déclare regretter son implication dans la tragédie négrière affirmant notamment : " Même si nous ne pouvons pas changer le passé, nous avons l’obligation d’en apprendre et d’en sortir plus forts ". JP Morgan Chase a décidé de mettre sur pied un programme de financement de bourses d’un montant de cinq millions de dollars pour des étudiants des états du Sud.

Par parenthèse, dans bien des pays, y compris les mieux disant en matière de droits de l’Homme on en est même pas à rêver d’un regret public ni de l’état historiquement négrier, ni encore moins des entreprises privées et familles traitantes dont les descendants sont vivants. Au contraire, en France, pays de la Révolution des droits de l’Homme [Blanc], l’existence d’une loi criminalisant la traite négrière et l’esclavage demeure compatible avec la marchandisation sans états d’âme d’objets relatifs au trafic négrier. La morgue institutionnelle, le mépris de la culture Sciences-Po-Ena pour les atteintes à l’humanité nègre sont des signes de distinction, des indices de position dominante dans l’échelle politico-culturelle française leucoderme. L’outrage répété, sous le matelas des grands principes républicains, fraternitaires, égalitaires…tirades verbeuses que tout cela.

Rien, faut-il le dire de ces regrets et contritions officielles ne relève du hasard ni de la soudaine prise de conscience de l’humanité déniée aux Nègres venus d’Afrique. De Lehman Brothers à JP Morgan Chase en attendant la longue liste des négriers du Sud des USA, la mémoire leur a été rafraîchie par l’action tenace, stratégique et inlassable des militants "réparationnistes" africains américains.

A l’instar de Alderman Dorothy Tillman, figure de proue du Mouvement de réparation de l’Esclavage du Conseil de la Ville de Chicago, les militants africains américains ont gagné en influence et capacité de nuisance pour empêcher les entreprises anciennement négrières de développer leurs activités commerciales avec la ville. Le passif esclavagiste des entreprises est passé au crible, par de là les changements de noms commerciaux et de propriétaires, de telle sorte que l’implication négrière soit reconnue par les responsables actuels, sous peine de ne pouvoir se développer à Chicago.

Toutes choses égales par ailleurs, les militants pour les réparations liées au trafic négrier esclavagiste devront s’inspirer de ces stratégies en jouant des dispositifs légaux, de mobilisations collectives et d’actions très ciblées au cœur de centres de décision contraignant les entités concernées à des attitudes plus conséquentes au regard de leur passé. Ce n’est pas par une démarche consensuelle et irénique que les assurances américaines dédommagent aujourd’hui les assurés noirs spoliés, ce n’est pas davantage par charité chrétienne que les banques blanches américaines admettent pour le regretter leur participation à la traite négrière. C’est donc aux différentes forces vives réparationnistes ou simplement sensibles à des causes justes d’innover dans les actions et modes de revendication, d’interpellation du politique et de production d’un rapport de force favorable.

Sur le même thème voir www.africamaat.com, les Echos du 24/01/05.
Sur les dédommagements des compagnies d’assurance aux USA : http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=441
Ze Belinga


Déclaration du Forum des ONGs

des Africains et Descendants Africains

à la Conférence Mondiale Contre le Racisme de Durban en 2001

63. Les Africains et les descendants Africains ont une histoire commune de traite d'esclaves, d'esclavage, de conquêtes, de colonisation et d'apartheid, autant de crimes contre l'humanité, ainsi qu'une expérience commune de racisme anti-noirs. Nous reconnaissons que les Peuples d'origine Africaine vivent sur tous les continents du monde et ce, malgré le fait qu'ils ont été rebaptisés, supprimés ou marginalisés. Sur tous les continents, les Africains continuent d'être victimes de racisme, de discrimination, de doctrines et de pratiques de suprématie raciale, de haine de violence et d'intolérances connexes. C'est la complexité et l'entrecroisement de ces racines communes, tant historiques qu'actuelles, les expériences et les combats menés, qui unissent les Africains en tant que communauté mondiale.

64. Nous affirmons que la traite transatlantique des esclaves et l'asservissement des Africains et des Descendants Africains était un crime contre l'humanité, une tragédie unique dans l'histoire de l'humanité, et que ses origines étaient d'ordre économique, institutionnel, systémique et qu'elle comportait une dimension transnationale.

65. Nous reconnaissons par ailleurs l'impact négatif de la traite des esclaves transsaharienne et indianocéanique et de l'esclavage;

66. Nous reconnaissons que la traite des esclaves et l'esclavage, en tant que crimes contre l'humanité, ont provoqué le déplacement forcé le plus important dans l'histoire (plus de cent millions de personnes), ont causé la mort de millions d'Africains, détruit des civilisations Africaines, appauvri les économies Africaines et qu'ils sont à l'origine du sous-développement et de la marginalisation dont souffre l'Afrique encore aujourd'hui. Nous reconnaissons que l'Afrique a été balkanisée et divisée par les pouvoirs Européens, ce qui a donné naissance à des monopoles occidentaux en vue d'une exploitation des ressources naturelles Africaines au bénéfice du capital et des industries de l'Occident.

67. Nous reconnaissons également que la traite des esclaves transsaharienne continue aujourd'hui encore sans relâche et ce, en dépit des accords internationaux condamnant l'esclavage, et que le trafic des hommes, des femmes et des enfants Africains pour le travail forcé continue au Cameroun, en Mauritanie, au Niger et au Soudan, alors que ces formes et d'autres formes de servitude involontaire des Africains et des Descendants Africains ont engendré d'importants effets néfastes dans les domaines économique, politique et culturel du continent. Cette forme d'exploitation a particulièrement eu des effets néfastes sur les femmes Africaines ou de descendance africaines, aujourd'hui encore victimes d'exploitation et de trafic sexuels.

68. Nous condamnons la traite des esclaves transatlantique, l'esclavage et la colonisation comme crimes contre l'humanité. Alors que les institutions économiques de l'Occident ont exploité de façon criminelle les Africains et leurs descendants, utilisé les peuples d'Afrique comme biens meubles et qu'ils continuent à les propager de cette manière. Les Descendants Africains issus de l'esclavage ont enduré des politiques gouvernementales de ségrégation officielle ou de facto officiaI, portant atteinte à leurs droits politiques, économiques, éducationnels, culturels et sociaux, ayant pour effet de légitimer des vols de terres et des violences raciales.

Les Descendants Africains ont souffert des pertes de leurs cultures, leurs identités, et leurs langues et ils ont été victimisés par la perpétuation de stéréotypes négatifs, de dégâts psychologiques, de la discrimination raciale, de préjudices économiques et de leur criminalisation en tant que peuples. Ces conditions ont eu un impact unique sur les femmes Africaines ou de Descendance africaine dont le corps, les rôles familiaux et la capacité reproductive ont été utilisés comme outil d'oppression et d'exploitation et de production de richesses économiqtles dont le travail forcé sous de conditions inhumaines ainsi que des stéréotypes particulièrement négatifs ont été et continuent à être utilisés pour le maintien de la subordination des femmes Africaines ou de Descendance africaine, lesquelles se retrouvent au bas de l'échelle des édifices politique, économique, culturel et social.

 

69. Nous reconnaissons que le développement de l'Afrique a été largement entravé par les déséquilibres du pouvoir mondial dû à la traite des esclaves, l'esclavage, le colonialisme en tant que crimes contre l'humanité et maintes autres formes d'exploitation et que celles-ci se maintiennent et se propagent au travers de politiques et pratiques économiques néo-coloniales, y compris le pillage des ressources humaines et matérielles de l'Afrique et l'épuisement de ses ressources fmancières par les services de dettes étrangères. Le leg de ces crimes crapuleux se manifeste au travers de guerres, des déplacements et de la situation socio-économique précaire dans laquelle se trouvent les Africains.

DE LA TRAITE DES ESCLAVES ET DE L'ESCLAVAGE

70. Reconnaissant que la traite des esclaves et l'esclavage transatlantique, transsaharien et indianocéanique constituent des crimes contre l'humanité et qu'ils s'inspiraient de l'exploitation économique, de doctrines de suprématie et de haine raciales, et qu'il ont assujetti les Africains et les descendants Africains, les Peuples Autochtones et tant d'autres à l'atroce dénigrement de leur être, y compris le traitement en sous-humanité ou de biens meubles, l'assujettissement, le viol, le travail forcé, les marquages au fer, les coups de fouet, les assassinats, les mutilations, la destruction de leurs langues et cultures ainsi que de leur bien-être psychologique et spirituel suite à leur subordination structurelle qui continue à ce jour.

 

RÉPARATIONS

71. Les nations esclavagistes, les colonisateurs et les pays occupants se sont injustement enrichis aux dépens des peuples asservis et colonisé et dont les terres ont été occupées. Puisque ces nations doivent leur domination politique, économique, et sociale à l'exploitation de l'Afrique, des Africains et des Africains dans la Diaspora, elles se doivent de reconnaître leur obligation à accorder à ces victimes des Réparations qui soient justes et équitables.

72. La traite des esclaves transatlantique, l'esclavage, et le colonialisme sont des crimes contre l'humanité du fait de leur barbarisme odieux, leur envergure, leur durée, du grand nombre des personnes brutalisées et tuées et en raison de leur négation de l'essence même de l'humanité de leurs victimes; aussi, les programmes de Réparations suffisamment détaillés pour aborder l'ensemble des aspects pertinents, y compris les questions concernant l'économie, l'éducation, la santé, la possession et l'appropriation des terres ainsi que les systèmes d'administration juridique défavorables du point de vue des races et qui brutalisent les Africains et les Peuples de Descendance africaine.

73. La traite des esclaves et l'esclavage transsaharien et indianocéanique doivent également être reconnus comme des crimes contre l'humanité, qui ont brutalisé des communautés et qui ont porté atteinte à la dignité humaine des peuples, et que ces communautés doivent, de ce fait, bénéficier de mesures de justice et de Réparations.

74. Il existe une chaîne non brisée de la traite des esclaves, de l'esclavage, du colonialisme, de l'occupation étrangère, de l'apartheid, de la discrimination raciale et des formes contemporaines de racisme structurel, laquelle maintient les entraves à la pleine et égale participation des victimes du racisme et de la discrimination dans l'ensemble des sphères de la vie publique;

75. L'asservissement des Peuples Autochtones, l'appropriation de leurs terres et l'exploitation de leurs ressources doivent être reconnus et réparés, et les antécédents de Réparations en faveur des victimes de graves violations des droits humains devraient s'y appliquer;

76. Les victimes de guerres déclarées ou non à travers le monde ont vu violer leurs droits du fait de leur race, de leur ethnie et de l'entrecroisement entre race, ethnie, sexe et handicap, et elles ont besoin de Réparations.

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