Centrafrique : Les crises se suivent et se ressemblent
Salaires, bourses, pensions dus aux fonctionnaires et agents de l'état ne sont pas payés depuis presque trente mois même si le pouvoir a réussi à payer à certains fonctionnaires trois (3) mois d'arriérés de salaire en début du mois de janvier. De plus, pour les prochains mois rien ne semble annoncer un lendemain meilleur.
Dans les secteurs public, privé, et informel, la grogne gagne de plus en plus de terrain tant les opérateurs sont réduits à la survie au quotidien avec à court ou moyen terme des programmes de réduction du personnel allant jusqu'à 100% de l'effectif. Les bagarres régulièrement rapportées entre les Boubanguérés (Vendeurs à la Criée) et les commerçants tchadiens illustrent bien le malaise général de la population.
La pénurie de carburant dont le pays a souffert durant l'été et l'automne 2000 ainsi que celle qui a été dernièrement rapportée durant cet hiver a mis à mal une économie déjà en proie à de sérieuses difficultés conséquences d'une gestion hasardeuse d'un Premier Ministre incompétent et hautain rattrapé par les affaires.
Parallèlement à la cure d'amaigrissement imposée à l'immense majorité des Centrafricains, la minorité dominante s'illustre de plus en plus dans une bourgeoisie que seule une paranoïa peut expliquer.
De plus, les braquages, vols à mains armées, arrestations arbitraires, séquestrations, intimidations, assassinats politiques, exécutions sommaires, sont entretenus au quotidien avec pour cibles privilégiées principalement les populations du sud du pays, les syndicalistes, les agents de la presse privée et les Députés de l'opposition.
Le spectre d'une année blanche est aujourd'hui visible et se renforce chaque jour créant une véritable psychose dans les milieux scolaires et universitaires.
L'opposition politique et la jeunesse demandent la démission pure et simple du président Ange Félix Patassé qu'elles considèrent comme le principal responsable de cette situation. Celui-ci fort du surarmement de ses milices bafoue impunément les principes élémentaires de la démocratie en donnant l'ordre à ses milices de réprimer férocement tous rassemblements et manifestations des forces démocratiques.
Une grève générale matérialisant ce climat de tension a été lancée par les centrales syndicales et a paralysé le pays pendant plusieurs mois. L'appel à des personnalités religieuses pour servir d'intermédiaires dans les négociations entre travailleurs et l'Etat s'est traduit par un échec dû à la déconnexion de la réalité nationale par le pouvoir politique en place. Telle est succinctement la situation dans notre pays en ce début du troisième (3ème) millénaire.
Dans son discours de ré-investiture, comme dans sa profession de foi, le président Ange Félix Patassé avait solennellement promis aux Centrafricaines et Centrafricains du Nord au sud, de l'est à l'ouest : PAIX, SECURITE, UNITE, REDUCTION DE PAUVRETE, RELANCE ECONOMIQUE, ETC...... Malheureusement dans les faits, Patassé continue à percevoir le pays sous forme régionaliste, en réduisant de plus en plus son ère géographique à la seule Préfecture de l'Ouham-Pendé
AU REGARD DU RESUME DE LA SITUATION NATIONALE QUI VIENT D'ETRE DECRITE :
- N'est-il pas clair de conclure que le plus grand commun diviseur de la République Centrafricaine aujourd'hui s'appelle Ange Félix Patassé fils de NGakoutou ?
- N'est-il pas clair de conclure que la relance économique inscrite en bonne place dans la profession de foi du M.L.P.C. et de son Président à fait place à un impressionnant programme d'armement et de formation de milice dont la seule motivation est de pérenniser le règne sanglant de Patassé ?
- N'est-il pas clair de conclure que la réduction de la pauvreté, dont le Président Patassé s'est arrogé le privilège en la promettant tambours battant aux uns et aux autres dans un discours démagogique, ne concerne en réalité que la minorité dominante avec laquelle il s'est impliqué en toute impunité dans les affaires maffieuses? A ne voir que les scandales financiers dont certains par pur hasard ont éclaté au grand jour (B.E.A.C., DOUANE, B.A.R.C., PETROCA.) Et ce n'est que la partie immergée de l'iceberg de toutes les magouilles financières de Patassé et son clan..........
Les scandales financiers connus de l'ère Patassé-Dologuélé sont entrés dans leur troisième (3ème) année pour certains et deuxième (2ème) pour d'autres. Ainsi, où en sont les résultats d'enquêtes diligentées par Dologuélé, Premier Ministre et Ministre des Finances pour faire la lumière sur ces malversations?
- Cette campagne de diversion destinée à berner les institutions financières internationales n'a jamais trompé la vigilance des patriotes qui avertis l'ont très bien montré à Anicet Georges Dologuélé au mois de juin dernièr aux Nations Unies à New York.
Néanmoins, nous revenons sur ces affaires pour demander des comptes sur les résultats des différentes enquêtes aussi bien des crimes financiers que de sang demeurés sans réponses jusqu'aujourd'hui: Celui du Lieutenant Bida, des Colonels Grélombé et Rehote, des trois (3) éléments de l'armée assassinés dans les locaux de la Gendarmerie Nationale, des massacres de Kembé, du Diplomate Libyen et j'en passe.
L'objet de cette intervention est de demander plus d'éclaircissements sur les affaires financières de ces deux dernières années. Plusieurs questions que nous aimerions poser au Gouvernement Dologuélé à travers son Ministre Délégué aux Finances, Théodore Dabanga, concernant particulièrement l'affaire Zongo-Oil:
- Sur quelle base de calcul (durée en année ou en mois, manque à gagner pour l'Etat, etc...) les services des finances ont-t-ils pu s'inspirer pour fixer le montant des taxes (de 1.6 milliards de FCFA) dont la compagnie Zongo-Oil est redevable à l'état Centrafricain.
- Sur quelle base de calcul (durée en année ou en mois, manque à gagner pour l'Etat, etc...) les services des finances ont-t-ils pu s'inspirer pour fixer le montant des taxes (de 1.6 milliards de FCFA) dont la compagnie Zongo-Oil est redevable à l'état Centrafricain.
- Est ce le contentieux porte t-il sur l'ensemble des transactions avec Zongo-Oil ou bien est-il partiel ?
- Pourrait-on connaître les références de ces contentieux? A savoir:
- les numéros des factures PETROCA et leurs dates?
- Les produits et leurs quantités?
- Les véhicules ayant assuré le transport et les noms des transporteurs
Au niveau technique, nous aimerions également savoir, car en tant que citoyen nous en avons le droit :
- A quelle date le gouvernement a-t-il reçu le compte rendu faisant état de cette fuite fiscale ? Quelle mesure a-t-il pris?
- Quand le gouvernement compte-t-il rendre publique les conclusions des cinq (5) missions de contrôle des finances qui ont précédé celle de Décembre 1999 ?
- Pour quelles raisons, les lettres du Ministre Délégué aux Finances demandant des mesures conservatoires contre Sani-Yalo sont restées sans effet jusqu'en septembre 1999, date à laquelle le Premier Ministre s'est investi personnellement par note de service pour mettre fin aux activités de ce Monsieur?
Dernièrement, le Président Patassé, pour trouver des boucs-émissaires à la crise financière, a livré les douaniers à la vindicte populaire. Dans l'affaire Zongo-Oil, l'administration des douanes dispose d'un bureau permanent à la base pétrolière de Kolongo d'où étaient chargées et mises en route les cargaisons de cette entreprise. Quelle était la mission de cette unité qui relevait directement du premier Ministre? Pourriez-vous donner la composition de ses membres ?
La décision du Président Kabila de confisquer le carburant destiné à la Centrafrique est née à la suite de vente des produits pétroliers centrafricains aux factions armées congolaises de Jean-Pierre Bemba. Le monopole du marché qui a été accordé à Sani-Yalo par le Premier Ministre Chef du gouvernement sur ordre personnel du Président de la République a été fait en violation de toutes les règles de bon voisinage que la Centrafrique a toujours eu avec le Congo Démocratique. Ainsi, les crises à répétition de carburant de ces derniers mois ne peuvent trouver leur origine que dans la politique aventuriste de Patassé et de ses bénis oui-oui.
Quelle est la motivation justifiant le choix porté sur Sani-Yalo malgré ses antécédents judiciaires connus de tous et ses connexions avec les trafiquants d'armes et le milieu mafieux Sud-Africains?
Le gouvernement prétend que Sani-Yalo fait, depuis plusieurs mois (voire plus d'une année), l'objet d'une recherche par la police nationale et qu'il se serait réfugié à Douala (Cameroun.) Pourquoi un mandat d'arrêt international n'a-t-il pas été lancé par le gouvernement contre Sani-Yalo? Les cas Sirven (réfugié aux Philippines, arrêté et rapatrié en France) et Jacques Medecin (réfugié en Argentine, arrêté et rapatrié en France), pour ne prendre que ces deux exemples parmi des milliers, montrent un bel exemple de coopération policière dans le cas de délits financiers! Il suffit de donner le pouvoir à la justice et celle-ci peut valablement faire son travail.........
La réalité est que, contrairement à ces affirmations officielles: - Sani-Yalo a circulé à Bangui pendant les deux dernières fêtes de nouvel an, sous protection des agents de la garde rapprochée du Président de la République. De plus il a été conduit au bas de l'échelle de coupé de l'avion qui devait le ramener à Douala par le commandant en chef de la garde Présidentielle, le Capitaine Yaossé.
- De son prétendu exil doré de Douala, Sani-Yalo a offert à plusieurs reprises ses bons offices aux parlementaires M.L.P.C. et apparentés en missions officielles au Cameroun. Par ailleurs, des informations de sources sures et dignes de foi indiquent que Sani-Yalo a déjà assuré trois expéditions d'armes et munitions de guerre à Bangui pour renforcer les potentielles militaires des milices M.L.P.Cistes, parti politique où il était et continu à être un des membres d'honneur.
Ainsi compte tenu de ces informations, le séjour de Sani-Yalo à Douala entre dans le cadre d'une affectation temporaire destinée à mieux servir les intérêts du M.L.P.C.
En tant que citoyen, nous attendons des explications claires des responsables politiques sur ces affaires. Affaire à suivre..................
Narcisse Patrice KOMAS
Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains