Le mot de Henri POUZERE sur les élections présidentielles 99
CHERS COMPATRIOTES
Il y a un temps où il faut prendre ses responsabilités et oser agir chaque fois qu’il s’agit de l’intérêt supérieur de la Nation.
J’estime en ce qui me concerne que ce temps est arrivé et qu’il est de mon devoir de me jeter à l’eau après près de 40 ans d’observation de la vie politique de la RCA.
De manière continue, le pays s’enlise inexorablement.
Différents Chefs d’Etat ont donné parfois le meilleurs d’eux même pour ralentir la descente en enfer de ce pays.
Mais comme chacun ne peut donner que ce qu’il a, ces différents Chefs d’Etat ont vite été rattrapés par de nombreuses difficultés de parcours et ont étalé les limites de leur possibilité.
Chaque Homme a en effet ses limites.
Et voilà le pays dans le gouffre, assommé par un coup fatal donné par Monsieur PATASSE et ses Hommes de main, qui sont venus au pouvoir par surprise et par hasard. Ce gouffre est aujourd’hui tellement profond que pour sortir le pays de là, il faut une véritable coalition de toutes les intelligences, de tous les bras, de toute la population du Nord au Sud de l’Est à l’Ouest debout comme un seul Homme sous la direction d’un rassembleur, un organisateur des convergences. Je pense correspondre à ce profil.
Pour relever le défi et mettre le pays sur les rails comme cela s’impose, il faut éviter des fuites en avant et avoir les pieds sur terre en résolvant impérativement et avant tout certains préalables non négociables susceptibles de ramener la confiance et surtout de donner la force et l’énergie nécessaire à une population fragilisée par la faim sur ordonnance et les maladies endémiques qui la déciment ; une population acculée à la débrouillardise pour continuer d’espérer l’avènement d’un Homme d’Etat qui s’occupe du soin d’unir son peuple, de le protéger, de l’aider à se nourrir, à se soigner, à se loger, à s’instruire et à se vêtir en comptant sur ses propres moyens. Par dignité. L’aide extérieur n’étant qu’un appoint.
Ces préalables non négociables se ramènent à des mesures d’urgence à prendre parce qu’imposées par la situation de l’heure.
En effet, dès que je serai déclaré élu Président de la République Chef de l’Eat je déciderai immédiatement, fort de l’appui massif des électeurs et avec l’aide de Dieu de jeter les bases du redressement national. Je déciderai en effet :
Pour aller au bout de la chaîne des mesures d’urgence et achever la fabrication en masse des bras robustes et des corps sains pour une économie saine, les frais des consultations seront supprimés et tous les soins de masse seront gratuits, s’agissant notamment des traitements contre le paludisme et les vers intestinaux. Naturellement, pour renforcer la prévention de ces maladies endémiques un retour à la généralisation des mesures prophylactiques s’impose. Tandis que le respect et la dignité de nos malades et de nos morts prendront corps dans la dotation des grands centres urbains en corbillards et en ambulances. Pour ainsi mettre fin définitivement à ce spectacle honteux de transport de cadavres et de malades par des pousse-pousse et autres moyens de bord.
Il s’agira de prendre des mesures qui permettent à cette catégorie d’agents économiques émergents de profiter de trois (3) années d’exemption de patente et d’impôts sur les chiffres d’affaires dans la perspective exigeante de créer un sous bassement financier et économique significatifs susceptibles de jeter les bases crédibles d’un développement durable maîtrisé par NOUS et ouvert aux investisseurs des pays amis qui accepteront enfin de nous aider au vu des résultats de nos efforts. On ne prête en effet qu’à ceux qui travaillent et qui peuvent rembourser leur dette. N’en déplaise à ces dirigeants politiques attentistes et retors qui s’en remettent entièrement à la générosité des bailleurs de fonds extérieurs sans se douter un seul instant qu’ils cultivent au sein du peuple le complexe négatif d'assisté structurel aux mains tendues pour recueillir la mane du ciel (F.M.I, Banque Mondiale, etc.)
Il ne sera donc laissé aucun repis aux bandits armés qui seront traqués avec détermination et liquidés méthodiquement sur toute l’étendue du territoire sous la responsabilité solidaire des Ministres de la Défense et de l’Intérieur tenus à l’obligation de résultats avec la contribution sollicitée des populations. Naturellement, la multiplication des brigades de gendarmerie et des régions militaires bien équipées sera l’acte d’appui décisif à la réussite de la bataille pour la sécurité. C’est ici l’occasion de déclarer haut et fort que cette bataille pour la sécurité doit être organisée sur une base fondamentalement et exclusivement politique et non comme certains égarés le pensent, sur la base d’un militarisme à rebours avec un soldat au commande de l’Etat.
Je me ferai le devoir de convenir avec l’ensemble des entreprises forestières, de fournir dès la prochaine rentrée scolaire des tables bancs à toutes les écoles primaires et secondaires de la République contre juste prix à régler suivant un échéancier arrêté d’accord parties.
Bien évidemment, il faut considérer que l’équipement des établissements primaires et secondaires doit se conjuguer avec la gratuité des fournitures scolaires pour les familles à très faible revenu ou à revenu plutôt inexistant, c’est-à-dire pour le gros de la population en quête de promotion sociale de leurs enfants. Sans compter que la question clef de l’effectif des élèves par classe devra être réglée avec le recrutement prioritaire du personnel enseignant, le retour à la généralisation de l’enseignement catholique sous le contrôle de l’Etat et la construction de nouveaux bâtiments en collaboration avec les parents d’élèves qui comprendront volontiers que l’éducation nationale est à la fois une affaire de l’Etat et du citoyen.
J’engagerai des actions à la dimension du danger pour redonner à la population le goût du bien être dans un cadre sain et propre.
Certes, toutes ces mesures d’urgence ont un coût et exigent des moyens financiers importants.
Je le sais. C’est pourquoi je dis et affirme très calmement mais très fermement que les 2,8 milliards de royalties résultant de l’exploitation du diamant tous les mois, ajoutés aux 3 à 4 milliards de recettes douanières mensuelles me permettent de payer les 2 milliards 800 millions de salaires des fonctionnaires, les bourses des étudiants, les pensions des retraités et de faire des avances sur les règlements des factures des équipements des écoles en tables bancs et autres fournitures d’une part, les factures d’approvisionnement des hôpitaux et autres Centres médicaux en médicaments et autres matériels d’autre part.
Le manque à gagner consécutif à la suppression pendant trois (3) ans de la patente et des impôts sur le chiffre d’affaire au profit de ceux qui se risquent pour la première fois dans les affaires ne peut pas sur le plan comptable être un obstacle à la prise de ces mesures d’urgence. La perte due à la suppression de la patente et de l’impôt sur le chiffre d’affaire sera largement compensée par la récupération d’une partie des 200 milliards de Francs cfa résultant des diamants détournés tous les mois par les Hommes politiques égarés, les Préfets, Sous-Préfets et autres autorités en fonction dans les zones de diamant.
Après la réalisation de ces préalables, il sera alors possible de demander au peuple requinqué de se mettre au travail pour assurer sa promotion par lui même en exécutant scrupuleusement les politiques économique, sociale et culturelle que je propose.
a) S’agissant du domaine Economique,
Dans la mesure où l’économie Centrafricaine est au fond une économie de cueillette articulée autour du diamant, de l’exploitation forestière, de la culture des produits d’exportation (café, coton), de l’élevage, je me ferai l’obligation de travailler systématiquement dans le sens de l’organisation juridique de ces secteurs qui échappent aujourd’hui à tout contrôle nécessaire de l’Etat pourtant chargé par vocation de créer un cadre sécuritaire, hautement rassurant, qui stimule les initiatives privées certes, mais qui ordonne et coordonne ces initiatives pour en assurer le plein épanouissement dans l’intérêt de tout le peuple
Je me ferai l’obligation par ailleurs de faire en sorte que la forêt et les zones de diamant soient exploitées exclusivement par des sociétés ou des personnes physiques qui seront convaincues de bonne moralité pour obtenir ainsi l’assainissement nécessaire de l’économie et prémunir le pays contre le désordre, l’anarchie, le laisser faire, le laisser aller, la déréglementation, la corruption active et passive sur le dos de la population qui est en droit de spéculer légitimement sur les ressources de son sol et de son sous-sol.
Les exploitants forestiers et des zones de diamant seront encouragés et pourront jouir librement de leurs productions mais uniquement dans les limites rigoureuses de la loi qui devra bien évidemment veiller à concilier l’impératif du rendement et de la productivité d’une part, d’autre part la nécessité de payer un prix raisonnable au partenaire salarier qui ne peuvent être rentables que bien nourris et sain de corps et d’esprit.
Un contrôle de rigueur sera assuré au niveau des frontières pour limiter les pertes en diamant, en billes de bois, etc.
Les cultures vivrières et d’exportation bénéficieront des faveurs particulières de la part de l’Etat pour élever le niveau de vie des populations rurales. Il s’agira par là de réaliser la condition fondamentale d’un retour progressif de la confiance et de l’envie de travailler pour produire plus, vendre plus et se faire toujours plus d’argent pour soi et les siens.
Les cultivateurs de coton pourront légitimement prétendre à nouveau au bénéfice de cette prime d’encouragement qui leur était versée autrefois après la semence et en fonction de l’importance de la surface cultivée. Ils seront regroupés dans les coopératives et pourront ainsi bénéficier plus facilement du soutien décisif des banques de crédit agricole à créer et qui pourront accepter de se faire rembourser à un taux et suivant un échéancier compatible avec la recherche systématique de l’accumulation d’un fonds propre des paysans leur permettant de rebondir.
Les machines agricoles et autres engrais seront gratuits pour ce qui est des engrais et vendus au prix usine pour ce qui est des machines agricoles. Tandis que dans le même mouvement, la remise en activité des usines d’égrainage et de transformation du coton boucleront la boucle.
S’agissant des propriétaires des champs de café, ils bénéficieront du concours d’une caisse de péréquation et de stabilisation sous la direction de cadres intègres et compétents. Tandis qu’une publicité appropriée sera organisée par l’Etat pour développer un marché national de consommateur de café.
S’agissant des éleveurs, ils bénéficieront des produits d’entretien importés et vendus prix usine. Une politique de persuasion visera à leur faire accepter de se regrouper en coopérative pour plus de productivité pour un coût moindre. Rien ne sera négligé pour arracher le cas échéant la délocalisation des entreprises qui fabriquent les produits d’entretien pour les installer en RCA dans les conditions à débattre qui tiendront compte des intérêts des parties au contrat.
II) DANS LE DOMAINE DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE
Un effort particulier sera fait pour assurer la promotion et l’épanouissement du petit commerce (transport, bistrot, restaurant, salon de coiffure, etc.).
Les mesures d’urgence relativement à la suppression de la patente et l’impôt sur le chiffre d’affaire seront suivis d’un arsenal d’autres mesures incitatives visant à rendre compétitives les petites entreprises commerciales sur le marché national et l’ensemble de la sous région.
Le grand commerce continuera d’évoluer librement mais avec cette note particulière que la charge de l’impôt sur le chiffre d’affaire sera supportée selon le principe fondamental de l’égalité des contribuables au soutien de l’effort de développement de l ’ Etat. La discrimination fiscale s’opérera uniquement sur la base des données comptables des entreprises sous réserve bien entendu d’une comptabilité transparente certifiée exacte par un Commissaire aux Comptes ou un Expert Comptable intègre c’est-à-dire ayant un sens très élevé de l’intérêt nationale.
Toutes les grandes sociétés commerciales et industrielles en activité en RCA se verront obligées par la loi d’exercer leurs activités dans des établissements qui offrent à la clientèle un cadre agréable au lieu de se contenter des " cagibis " et autres vieilles bâtisses laissées par des Portugais et Grecs.
Fait à Bangui, le 30 Août 1999
Maître Henri POUZERE
Candidat n° 6